La situation est plus
qu’alarmante à Pitoa où le don remis en public à la population est repris dans
l’ombre.
C’est avec une opacité totale que se passe la distribution des différents dons reçus du couple
présidentiel, des élites du grand Nord, des membres du gouvernement et autres
âmes de bonne volonté à l’arrondissement de Pitoa, situé à une dizaine de
kilomètres de Garoua. L’idée de détourner les dons destinés aux victimes des
inondations de la région du Nord par les autorités administratives de Pitoa
s’est fait ressentir à partir du moment où o a écarté les autorités municipales
de la commission de recensement des sinistrés ainsi que celle de la
distribution. Seul avec son état major, le sous-préfet de Pitoa s’est vite
transformé à un distributeur de quelques denrées aux sinistrés de son choix.
Jouer le jeu avec le
sous-préfet
Sur près de 2000
sinistrés, le sous-préfet à la halte n’a pu produire qu’une liste dont on dit
fictive, de 174 «victimes». Pour figurer sur la fameuse liste, il ne suffisait
pas d’être victime des inondations mais plutôt être prêt à jouer le jeu avec
monsieur le sous-préfet, avons-nous appris auprès des populations victimes. «Il
nous a envoyé le lawan (chef du quartier) Hayatou qui nous a dit de lui donner
d’abord 3700 Fcfa pour être inscrit sur la liste de ceux qui devraient recevoir
cette aide. Après inscription sur la liste du sous-préfet, nous sommes allés à
la sous-préfecture avec nos cartes d’identité, pour ceux qui n’en avaient pas,
le sous-préfet leur remettait 5 000Fcfa pour vite en établir. Avec ta
carte d’identité, tu reçois 53.700 Fcfa et après le Lawan t’appelle par derrière
pour récupérer l’argent et il te donne seulement 10 000Fcfa…», relate
l’une des victimes du quartier Guebake de Pitoa. «Le lawan en prenant cet
argent te dit que c’est pour son carburant et celui du sous-préfet», renchérit
une autre victime.
C’est donc la joie
chez les vraies fausses victimes qui se contentent de leur 10 000Fcfa qui
trouvent là, une manne. Un tour à la sous-préfecture de Pitoa dans l’après-midi
de vendredi dernier, c’est une foule immense. Les vrais sinistrés se
bousculent, chacun voulant savoir quand est ce que les denrées et autres aides
seront distribuées. Ils se battent pour voir leurs noms sur les fameuses listes
des bénéficiaires affichées. Et l’on sait tous que les conditions sont déjà
connues : «il faut accepter remettre près de 90% de cat argent après sa
réception. «Le sous-préfet se serait personnellement investi dans la mafia
qu’il supervise lui-même en personne et ne veut recevoir personne», nous
informe une source proche de la commission de distribution. Des propos vérifiés
auprès des confrères de la Crtv qui avaient déjà dénoncé sur les ondes cet
acte. «Les journalistes ne sont pas de tout la bienvenue», nous lance de vive
voix un proche du chef de terre. D’ailleurs, toutes nos tentatives
pour rencontrer le sous- préfet vont échouer, et les reporters de la crtv qui
ont osé de diffuser l'information disent recevoir des menaces.
A l’heure de la prière
ce vendredi, la cour de la sous-préfecture de Pitoa est vite transformée en un
lieu de prière pour ces musulmans qui ne voudraient pas entendre que la
distribution a été effectuée à leur absence. Une petite balade à la commune de
Pitoa située non loin de la sous-préfecture, le Maire est débordé par la
population qui est venue dénoncer l’injustice donc elle est victime. «Mr le
maire faites quelque chose pour nous, le don est entrain d’être distribué aux
gens qui ne sont pas des sinistrés, et on nous dit que nous serons enfermés si
nous parlons», explique en larmes, l’une des victimes.
De Pitoa, un petit
arrêt au site de recasement de Garoua 2 au quartier Takasko juste à l’entrée de
la ville de Garoua, impossible de retenir les larmes. Les sinistrés sont
devenus des refugiés dans leur propre pays. Il fait extrêmement chaud à
l’intérieur des tentes que le HCR du système des nations unies au Cameroun a
construites. Les sinistrés, hommes, femmes et enfants sont couchés sur le sable
à l’extérieur. La tristesse et la détresse se lisent directement sur leurs
visages. Une simple causerie avec eux risque augmente le chagrin à tout âme
sensible. «Depuis que le président Biya est parti de ce camp, le traitement a
changé, nous n’avons pas de quoi manger depuis deux jours maintenant. Même les
médicaments qui étaient exposés ici le jour qu’il est venu ont disparu aussitôt
après son départ. Quand on tombe malade, l’infirmier nous dit d’aller chercher
l’argent et ou alors d’aller au centre de santé le plus proche ».
L’infirmier du site de recasement déclare que «près de 105 personnes souffrent
déjà du paludisme et l’infirmerie n’a pas de quoi les soigner… beaucoup d’entre
eux ont déjà contracté des maladies gastriques liée au problème de nutrition.»
Pour rappel, plus de
dix délégations ont sillonné la région du Nord depuis le déclenchement des
inondations au mois août dernier. Du couple présidentiel, en passant par les
membres du comité central du Rdpc, les élites de la localité, les
députés, certaines entreprises et des particuliers. Chacun y est donc allé,
apportant des cadeaux dont on estime à plusieurs centaines de millions Fcfa. On
peut donc comprendre que c’est une bonne occasion pour certains fonctionnaires
qui veulent s’enrichir sur le dos des pauvres citoyens. Une manne qui tombe du
ciel encore que cela n’arrive pas tous les jours !
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