DÉCLARATION DE M. MARAFA HAMIDOU YAYA A LA CLOTURE DU PROCÈS BBJ-II LE 06/09/2012.
Monsieur le
Président, Honorables Membres de la Collégialité,
J’attendais ce moment avec impatience...
Impatience comblée, puisque j’ai pu m’expliquer devant la Justice de mon Pays
et puisque l’accusation n’a pu produire aucune preuve de ses allégations.
Monsieur le Président, Honorables Membres de la Collégialité,
Que puis-je dire pour conclure ma défense que n’aient pas déjà dit
mes Avocats, au cours d’une démonstration qui n’a pu vous laisser aucun doute
sur ma pleine innocence ?
Que puis-je dire que je n’aie pas moi-même déjà dit dans mes
Lettres Ouvertes écrites depuis ma prison ?
Où que je me tourne dans cette affaire, je ne rencontre que des
éléments inventés ou détournés par mes accusateurs, et ils en sont les premiers
conscients.
Ou peut-être devrais-je revenir sur les aspects les plus grossiers
de cette machination, qui ne vise qu’à me punir pour avoir toujours refusé, au
cours d’une carrière de plus de 30 ans au service de mon pays, de mettre les
intérêts particuliers d’un petit groupe avant les intérêts de la Nation
Je pourrais ainsi, avec ironie, demander de quoi m’accusent
exactement mes adversaires : est-ce d’être malhonnête ou d’être idiot ? Car, à
moins d’être un parfait imbécile, comment aurais-je pu envisager que passerait
inaperçue une opération consistant à passer une fausse commande pour un avion présidentiel,
et à détourner 29 millions de dollars sur les 31 devant financer l’achat ?
Comment aurais-je pu croire que personne ne se rendrait compte que
l’avion, bien que payé, n’était jamais arrivé ?
Mais ce n’est pas de cela que je veux vous parler, car l’enjeu de
mon procès n’est pas là. Je veux parler de notre Pays, de la situation actuelle
et à venir, car c’est de cela qu’il est réellement question ici.
Notre Pays, vous me laisserez vous dire que je le connais bien et
que je l’aime.
Je le connais du Nord où je suis né, au Sud où j’ai fait mes
études et ma carrière, du Littoral d’où vient mon épouse, née DJANGA Jeannette,
à l’Ouest francophone et anglophone où je compte tant d’amis.
Je l’ai parcouru de part en part, en tant que Ministre de
l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.
Non seulement je le connais, mais je lui dois tout, et j’ai essayé
sans relâche de lui payer ma dette de gratitude.
Je suis né dans une famille modeste comptant douze frères et sœurs
et fortement imprégnée de nos traditions et de nos valeurs. Mon père,
commerçant modeste, m’a inculqué le sens de l’effort, de la valeur du travail
et le sens de l’économie.
Après mes études supérieures à l’Université de Yaoundé et grâce à
une bourse, j’ai pu faire dès études aux Etats-Unis. A mon retour, alors que
j’avais des offres d’emplois plus lucratives dans le privé, j’ai choisi de
servir l’Etat qui m’avait tant donné, et qui allait encore me
combler de ses bienfaits.
C’est pourquoi j’ai été profondément meurtri lorsque j’ai été
accusé d’avoir spolié l’Etat et par delà lui, mon Pays.
J’ai immédiatement demandé au Président Paul BIYA la possibilité
de venir m’expliquer devant la Justice. On a préféré m’emprisonner, me
condamner par avance aux yeux de l’opinion publique, avant de me faire
comparaître devant vous.
Jugez-moi, et si telle est la loi, condamnez-moi pour avoir obéi
aux instructions du Président de la République concernant l’achat de l’avion
présidentiel.
Jugez-moi, et si telle est la loi, condamnez-moi parce que je
présente une menace pour un petit groupe qui a pour seul objectif son propre
enrichissement et l’accaparement permanent du pouvoir, serait-ce au détriment
du plus grand nombre, serait-ce au prix de divisions tribales et sociales
exacerbées, serait-ce au prix d’un développement et d’un progrès retardés.
Jugez-moi, et si telle est la loi, condamnez-moi parce que, fort
du soutien de mes compatriotes, je suis désormais porteur parmi d’autres, d’une
espérance pour notre Pays.
Mais ne me condamnez pas pour des faits de détournements de biens
publics que je n’ai pas commis, auxquels je n’ai pas participé, et dont je n’ai
pas profité.
Votre jugement, quel qu’il soit, marquera l’Histoire de notre
Pays. Vous ne vous laisserez ni impressionner ni manœuvrer.
Monsieur le Président, Honorables Membres de la Collégialité,
Mes Conseils ont répondu aux accusations avec précision et
démontré je l’espère, mon innocence. En effet, il est normal, que responsable
politique, responsable public ou privé, on puisse rendre des comptes devant la
Justice.
Votre jugement dira à tous ceux qui pensent que l’on peut
instrumentaliser la Justice, que l’Etat de Droit ne saurait s’accommoder de
méthodes qui accréditent dans l’esprit de nos compatriotes l’idée qu’en dehors
de l’action régulière de l’Autorité Judiciaire, il existe des groupes
d’individus formant des tribunaux occultes et établissant une justice parallèle
que seule la justice républicaine est normalement en droit de rendre et ce,
dans le seul dessein de satisfaire des ambitions et des intérêts privés.
«
Autrement, le citoyen camerounais finira par s’accoutumer à ce
poison qui met en péril notre pacte social et la société de confiance que nous
devons bâtir.
En effet, comment ce citoyen pourra-t-il conserver une totale
confiance aux responsables publics qui exigent de lui de respecter la loi, s’il
pense que l’Etat lui-même encourage le recours à ces accusations calomnieuses ?
Comment pourrait-il assurer à ses enfants que l’observation de la
loi et le respect des Droits de l’Homme sont l’ultime rempart contre
l’arbitraire et l’abus de pouvoir, si la République se double d’un microcosme
régi par des normes dictées par la seule ambition personnelle de quelques uns.
Reconnaître mon innocence, et la reconnaître publiquement, sera
votre manière de marquer que le temps est venu d’arrêter cette marche vers la
dissolution de notre Nation, et de retrouver le chemin qui nous mène à
l’avènement d’une Société de Confiance.
Au moment où s’approche la fin de mon procès, me vient à l’esprit
la plus célèbre épitaphe, celle des guerriers spartiates tombés aux Thermopyles
dans la Grèce antique, qui dit : « Passant, va dire à Sparte que nous sommes
morts ici pour obéir à ses saintes lois ». Aujourd’hui, je serai tenté de dire
ici : « Passant, va dire à Etoudi que je suis
prisonnier ici pour avoir obéi à ses Hautes Instructions ».
Et que vive la Justice, Vive la République, Vive le Cameroun !
Les plaidoiries de la défense ont permis aux uns et aux autres de comprendre une chose, c’est que le Ministre d’état Marafa Hamidou Yaya est innocent.
RépondreSupprimerRendez vous le 21 Septembre pour la suite et peut être la fin du procès BBJ-2.
La vérité finira par jaillir.
RépondreSupprimerLà on ne peut rien dire.comme on dit souvent "quand les elephants se battent c'est les herbes qui souffrent"on a les yeux ouverts.
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