Le député
Sdf à l’Assemblée nationale répond au ministre de travail et de la sécurité
sociale qui a publié un article en soutenant que le changement est déjà en
cours. «Quand ce qu’on a à dire est moins important que le silence, on se tait
!!!», écrit-il
Monsieur le
ministre,
J’ai lu avec intérêt votre article intitulé: «Non à l’insurrection, le changement est déjà en cours». Vous portez des attaques contre votre ancien collègue qui se trouve aujourd’hui dans les geôles. Je dois dire d'emblée que votre démarche est inélégante par ce qu’on ne donne pas des coups à un adversaire qui a un genou au sol. Globalement, vous lui faites le reproche d’appeler à l’insurrection. J’aurais aussi souhaité que vous portiez en son temps des attaques contre un de vos collègues actuels du gouvernement en l’occurrence M. Amadou Ali dont les propos explosifs relayés par Wikileaks et qui sont d’une dangerosité jamais égalée ont permis de mettre à nu les desseins obscurs projetés sur notre vivre ensemble. Ses déclarations faisant état de ce que le Grand Nord n’acceptera jamais qu’un bamiléké ou un anglophone devienne Président de la République contiennent des germes potentiels d’insurrection et de guerre civile.
Parlons justement de l’insurrection. Le droit à la résistance et à l’oppression est mis en valeur dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793 qui stipule en son article 35 que «Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.». L’insurrection populaire qui se définit comme la révolte d’un peuple contre un pouvoir établi oppressif, tyrannique et despotique peut à juste titre intervenir quand un peuple essoré a marre de ses dirigeants, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. Elle intervient le plus souvent quand le peuple se rend à l’évidence qu’il n y a pas une autre issue pour faire inverser le cours du pays, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. Elle intervient quand le peuple se rend compte qu’il est écrasé par un régime totalitaire qui, malgré son cuisant échec dans la conduite des affaires du pays, tient à rester à tout prix et à tous les prix au pouvoir, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. L’exaspération qui a envahi le peuple camerounais est aujourd’hui à son comble. Et si rien n’est fait d’ici les prochaines élections dans le sens de la transparence, il est possible que l’insurrection devienne inévitable. Le Président des Etats Unis d’Amérique John Fitzgerald Kennedy qui était tout sauf un anarchiste disait fort à propos ce qui suit: «A force de rendre impossibles les évolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes.»
Monsieur le ministre,
Le changement pour l’avenir est en cours, dites-vous. Dois-je vous rappeler que vous êtes très mal placé pour donner des leçons de morale politique aux camerounais? Vous parlez de quel «changement pour l’avenir qui est en cours»? Aucun camerounais n’est dupe, comme vous l’avez-vous-même reconnu dans votre pamphlet inopportun. Bien qu’étant reconnu comme un homme politique modéré, il est constant que durant tout le temps que vous avez passé au ministère en charge des relations avec les Assemblées, vous avez été le symbole achevé du conservatisme. Chaque fois qu’un projet de loi rétrograde était déposé à l’Assemblée nationale, vous vous distinguiez par votre obsession à défendre l’indéfendable, à expliquer l’inexplicable et à justifier l’injustifiable devant les députés du parti-Etat.
Comme si cela ne suffisait pas, vous avez été durant votre séjour à la tête de ce ministère qui ne laissera pas du tout un souvenir impérissable à l’Hémicycle, le porte-parole des nébuleuses conservatrices tapies dans l’ombre au sein de l’Exécutif. Vous n’aviez certes pas de choix en raison de ce que vous appartenez à un système qui peut à tout moment vous broyer vous-même comme il l’a fait avec les autres. Il n’est de secret pour personne que chaque fois qu’une proposition de loi, une proposition d’amendement constitutionnel ou une proposition de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire au sujet d’une affaire sensible venant des députés de l’opposition était déposée à la conférence des présidents, le chantage permanent sur fond de menaces à peine voilées constituait votre arme favorite pour mettre au pas les députés de votre parti, manifestement sur recommandation de votre hiérarchie puisque vous étiez ministre délégué à la présidence de la République. Vous proclamez que le "changement pour l’avenir est déjà en cours". Après une telle affirmation qui est en décalage criard avec la réalité, un homme d’honneur devrait raser les murs. Où est passée la proposition d’amendement constitutionnel relative à la création de la Cour des comptes et au contrôle des dépenses de la présidence de la République? Pourquoi 16 ans après l’adoption de la Constitution de janvier 1996, le décret d’application de l’article 66 sur la déclaration des biens n’est pas encore effectif alors que dans les heures qui ont suivi l’adoption de la modification de l’article 6 al.2 qui levait le verrou de la limitation du mandat présidentiel pour instituer une présidence virtuelle à vie, le décret d’application avait été signé par votre «créateur?» Pouvez-vous expliquer aux camerounais comment votre mentor d'Etoudi est devenu "l'homme le plus riche du Cameroun" dixit Titus Edzoa, alors que fils de catéchiste, il n'a hérité d'aucune fortune. De quel «changement pour l’avenir» s’agit-il, monsieur le ministre, quand on sait que le Sénat et le Conseil constitutionnel pourtant contenus dans cette même Constitution et qui sont des institutions extrêmement importants dans les mécanismes de dévolution du pouvoir dans notre pays n’existent pas? Pouvez-vous nous dire ce qui peut arriver demain en cas de vacance de pouvoir au sommet de l’Etat? Qui assurera l’intérim puisque le Sénat n’existe pas encore ? Vous me direz qu’il y a une disposition constitutionnelle qui indique que l’Assemblée nationale joue le rôle du Sénat. Cette disposition s’inscrit dans le contexte d’un Parlement bicaméral. Il n’est inscrit nulle part qu’en l’absence du Président du Sénat, le Président de l’Assemblée nationale assure l’intérim. Encore qu'on ne saurait agir en lieu et place de quelqu’un qui n’a jamais existé. Toujours dans le même sens, qui va constater la vacance du pouvoir à partir du moment où le Conseil constitutionnel n’existe pas encore ? Plutôt que d’aller fouiller dans les poubelles de M. Marafa, vous auriez mieux fait de vous consacrer d’abord à ces préoccupations républicaines qui sont de nature à faire basculer le pays tout entier dans le chaos. Les propos discriminatoires et répugnants de M. Amadou Ali dans Wikileaks sont d'ailleurs fort évocateurs de l’ambiance insurrectionnelle post-Biya.
Dans votre lettre, vous prétendez que «les adversaires les plus résolus s'accordent encore à reconnaître que l'une des plus grandes réalisations de M. Biya est incontestablement la promotion de la démocratie et des libertés publiques.». Vous êtes décidément plongé dans le monde merveilleux de Walt Disney. A quelle démocratie faites-vous allusion quand un député de l’Assemblée nationale ne peut même pas exprimer ses idées et ses opinions à l’Hémicycle et que celles-ci soient prises en compte? Où est passée la proposition de loi relative à la camerounisation des postes de directeurs généraux des entreprises stratégiques que j’avais déposée en juin 2010 au secrétariat de l’Assemblée nationale et qui avait par ailleurs fait l’objet d’un débat entre vous et moi sur RFI? Vous avez freiné des quatre fers pour que cette proposition d’amendement constitutionnel ne passe pas. En juin dernier, nous étions rendus à la sixième session après le dépôt de cette proposition de loi qui, faut-il le rappeler, n’a même pas encore franchi l’étape de la recevabilité par la conférence des présidents de l’Assemblée nationale. Pourtant l’article 27 al.3 du règlement de l’Assemblée nationale stipule sans ambigüité que: " lorsque, à l'issue de deux sessions ordinaires, une proposition de loi n'a pu être examinée, celle-ci est de plein droit examinée au cours de la session ordinaire suivante". Votre régime refuse que cette proposition de loi -qui aurait pu créer de l'émulation auprès de nos compatriotes à la compétence reconnue- ne soit pas examinée en plénière tout simplement par ce que vous servez des intérêts autres que ceux des camerounais. A quelle démocratie faites-vous allusion quand l’organe chargé de l’organisation des élections dans notre pays est une antichambre du bureau politique et du comité central du parti auquel vous appartenez? J’ai entendu les bien-pensants de votre régime qui n’ont de la politique que ce qu’on leur rapporte de temps à autre dans les salons dire que la démission après la nomination garantissait l’exigence de neutralité et d’impartialité fermement prescrite par la loi. Ce qui n’est évidemment pas vrai.
L’incompatibilité concerne les nominations tandis que la neutralité et l’impartialité précèdent la nomination. Le tout premier critère qui peut garantir l’exigence de neutralité et d’impartialité est celui de n’avoir jamais appartenu à un parti politique. Seuls les esprits irrationnels ou les hommes de mauvaise foi ignorent qu’il y a des compatriotes à la compétence établie qui remplissent ce critère primordial.
Monsieur le ministre,
Pour parler de démocratie, il faut un minimum consensuel entre les différents acteurs du processus électoral. Malheureusement, vous appartenez au camp des autistes et des jusqu’au-boutistes. L’exemple de la biométrie actuellement observée sur le terrain en est la parfaite illustration. Les cartes ne sont pas délivrées à l’inscription comme c’est le cas actuellement au Burkina Faso. Tous les spécialistes vous diront que cela est faisable sans qu’il n y ait des doublons. Le Nigéria voisin a pu inscrire, y compris dans les zones les plus reculées, plus de 80 millions de personnes en seulement trois semaines. Vous savez pertinemment que cela est réalisable. Mais vous refusez pour deux raisons simples:
- La délivrance immédiate de la carte électorale à l’inscription va susciter l’engouement auprès des potentiels électeurs qui iront s’inscrire en masse pour faire tomber votre parti qui est fortement minoritaire sur le terrain. Vous en êtes conscient. Quand on est convaincu d’être véritablement majoritaire sur le terrain, on n’a pas peur des règles équitables. On ne cherche pas à imposer une biométrie partielle qui n’intègre pas la phase déterminante de l’authentification des électeurs dans les bureaux de vote. Le Cameroun disposant de 25.000 bureaux de vote, il faut par conséquent 25.000 kits d’authentification. Elecam n’en parle pas du tout.
- La délivrance à l’inscription des cartes électorales mettra à nu les faux chiffres du recensement général de la population effectué en novembre 2005 et rendu public cinq ans plus tard et plus précisément en avril 2010. Prenons le cas de la région du Littoral qui a officiellement 2.500.000 habitants. Le département du Wouri a officiellement 1.980.000 habitants.
Qui peut raisonnablement croire que les départements du Moungo, de la Sanaga maritime et du Nkam réunis ont moins de 600.000 habitants ? Même un aveugle qui parcourt ces trois départements et entend juste les gens grouiller autour de lui ne saurait valider une telle imposture. En cas de délivrance à l’inscription des cartes électorales, si deux millions de personnes sont détentrices d’une carte électorale à Douala, le régime se trouvera dans un schéma surréaliste où le nombre d’inscrits est supérieur au nombre d’habitants. Vous avez grandi et exercé à Douala et vous savez très bien que cette ville qui dispose d’au moins 5 millions d’habitants peut à elle toute seule faire basculer l’issue d’une élection présidentielle. Valider la population réelle de Douala aura des conséquences évidentes sur le découpage électoral qui, en l’état actuel, ne garantit aucunement l’égalité constitutionnelle des citoyens devant le suffrage universel. Douala qui a officiellement le 1/10ème de la population devrait avoir le 1/10ème de députés soit 18 députés sur 180. Dois-je vous rappeler que Douala n’en a que 9?
De quelles libertés publiques parlez-vous quand les meetings publics des partis politiques de l’opposition sont systématiquement interdits par le régime en violation flagrante de la loi ? Le cas le plus flagrant et le plus récent est celui du MRC dont toutes les tentatives de réunion ont été interdites.
Monsieur le ministre,
Vous poussez le bouchon très loin au point de dire qu’ «il est donc faux et injuste de parler d'un échec cuisant de la politique actuelle» et que «le Président BIYA n'a pas à rougir du bilan de son action, même si les choses ne lui ont pas du tout été facilitées par la conjoncture et la loyauté de certains hommes et femmes qu'il a appelés à son service.». Des pays comme la Guinée équatoriale et le Ghana ont connu la même conjoncture. Le Sénégal qui a connu en même temps que nous les émeutes de la faim en 2008, est devenu un pays exportateur de riz et d'arachide. Contrairement au Cameroun qui n'a pris aucune mesure pour booster son agriculture. Dois-je vous rappeler que quand votre «créateur» prend les rênes du pouvoir, le Cameroun est un pays à revenu intermédiaire et que 29 ans de règne après, nous sommes un pays pauvre et très endetté. Le SMIG est de 28.500 FCFA. Le taux de pauvreté est de 40%, ce qui signifie que 8 millions de camerounais vivent avec moins de 500 FCFA par jour. Le taux d’investissement stagne depuis une dizaine d’années à 17% du PIB, loin des 25% nécessaires à l’émergence du pays. Le taux de chômage est de plus de 85% de la population active. Le taux de sous-emploi est de 75%. Plutôt que de distraire les camerounais, vous feriez mieux en tant qu'actuel ministre du travail de trouver des stratégies idoines pour faire drastiquement baisser ces taux déshonorants qui ternissent l'image de votre régime sur le plan de l'emploi et du social. Est-ce la conjoncture qui est responsable de l’inadéquation entre l’enseignement et l’emploi ? Cela fait une trentaine d'années que les Etats généraux de l'enseignement supérieur ne se sont pas tenus. Ces assises auraient pu permettre à nos chercheurs de réfléchir sur les problèmes qui minent l'ensemble du système éducatif.
Est-ce la faute à la conjoncture? Non seulement les bourses ont été supprimées aux étudiants mais la scolarité est devenue payante dans les universités et grandes écoles. L’exemple le plus criard est celui de l’Ecole nationale des postes et télécommunication où la scolarité est de 500.000 FCFA/an. Des pays de loin plus pauvres que le Cameroun à l’instar du Tchad voisin, du Mali et du Niger continuent d’octroyer des bourses à leurs étudiants. Pourtant en consacrant juste 1,9% du budget actuel de l’Etat à ces étudiants qui feront, qu’on le veuille ou pas, le Cameroun de demain, tous nos étudiants fréquenteraient gratuitement en même temps que 100.000 d’entre eux pourraient obtenir une bourse mensuelle de 30.000 FCFA. Vous en avez bénéficié quand vous étiez jeune. Une fois aux affaires, vous avez cassé les ponts en organisant un génocide de la jeunesse estudiantine camerounaise. Votre créateur qui est d'origine modeste aurait-il pu financer ses études à l'étranger sans l'appui de l'Etat? Le problème du Cameroun est métaphysique. Est-ce la conjoncture qui a installé et exacerbé la corruption dans notre pays? Le Cameroun n'est-il pas champion toutes catégories de la corruption? Ce fléau qui est consubstantielle du régime est devenu un sujet de grande tristesse. Les détournements de deniers publics sur fond d’impunité se sont érigés en méthodes de gestion du régime. Les excédents budgétaires qui se situent en moyenne autour de 450 milliards par an depuis 5 ans soit un total de près de 2250 milliards n’ont jamais fait l’objet d’un report budgétaire ? Est-ce la conjoncture qui vous empêche de loger en toute transparence ces excédents dans un compte spécial comme le prescrit l’ordonnance de 1972 ? J’ai dû déchanter quand votre « créateur » a offert de ses propres poches des dizaines de millions de FCFA aux sinistrés du Grand Nord. Il lui suffisait tout simplement d’aller puiser dans ce compte d’urgence qui appartient à tous les camerounais. Sauf à croire que ce compte n’existe plus, ce qui ne peut surprendre que les naïfs qui veulent bien être surpris.
Nos entreprises de souveraineté ont été bradées à la suite d’un processus de privatisation dévoyé. Est-ce la conjoncture qui a empêché le régime de rendre public les clauses contenues dans les restructurations ou privatisations-braderies des entreprises nationales qui n’ont par ailleurs profité qu’aux multinationales et aux individus tapis dans l’ombre des sphères de décision? Est-ce la conjoncture qui vous a empêché, au moment de leurs restructurations ou privatisations, de procéder au chiffrage exact des actifs des entreprises bradées (REGIFERCAM, SNEC, SONEL, ONCPB, CAMSHIP, etc.), de décliner publiquement les raisons qui avaient conduit au retrait de l’Etat du capital de ces entreprises, d’évaluer et de rendre public les parts sociales de l’Etat, d’apprécier et de rendre public les prix des différentes cessions des parts de l’Etat et plus précisément les plus-values réalisées, d’inspecter les identités des acquéreurs des parts de l’Etat ainsi que le problème récurrent de la liquidation des droits des ex-employés de ces entreprises et enfin de vérifier le respect des cahiers de charges qui avaient été assignés aux nouveaux acquéreurs? Non, non et non, monsieur le ministre. Les privatisations ou restructurations de ces entreprises nationales stratégiques ont été volontairement traitées de manière déséquilibrée et globalement incorrecte par les Gouvernements successifs qui avaient préféré sacrifier les intérêts de la Nation en compensation d’un soutien obscur et hideux des nébuleuses affairistes étrangères pour son maintien au pouvoir.
Monsieur le ministre,
Vous étiez présent à l’Hémicycle lorsqu’au cours d’une séance consacrée aux questions orales aux membres du gouvernement (session de décembre 2007), j’ai interpelé le ministre des finances au sujet des salaires fictifs de la fonction publique qui avaient durant 20 ans fait perdre au total 1920 milliards au Trésor public. La masse salariale de l’Etat qui était passée de 36 à 28 milliards/mois à la suite de l’assainissement du fichier solde de l’Etat laissait clairement ressortir que 8 milliards de FCFA étaient siphonnés chaque mois des caisses de l’Etat. Vous étiez assis au banc réservé aux membres du gouvernement lorsqu’à la suite de M. Essimi Menye qui avait sans détours reconnu les faits, le vice Premier ministre en charge de la justice n’a pas pu justifier devant les députés le fait que les parquets n’avaient pas encore pu ouvrir une information judiciaire au sujet de ce scandale monstrueux. Est-ce la conjoncture qui justifie jusqu’à la date d’aujourd’hui le silence assourdissant des parquets? Qu’est ce qui peut expliquer qu’alors que l’affaire de l’albatros est encore en justice, des personnes impliquées dans le scandale des avions chinois (MA 60) soient impunis? Les 40 milliards débloqués auraient pu acheter 6 à 7 avions de cette marque qui est par ailleurs douteuse en terme de qualité et de sécurité par ce que non certifiée par l’Union européenne et les Etats-Unis. On nous a fait savoir que ce montant a permis de faire l’acquisition de deux avions de ce type et que le troisième nous avait été offert gracieusement. Des preuves existent faisant état de ce que la société indonésienne MERPATI avait fait l’acquisition de 15 MA 60 à 6,5 milliards de FCFA chacun. Est-ce la conjoncture qui explique qu’aucune suite judiciaire n’ait été donnée sur cette affaire de surfacturation sur fond de retro commissions? L’article 35 du Code pénal stipule que le Procureur général peut, sur simple dénonciation d’une infraction quelconque, mettre en mouvement l’action publique.
Monsieur le ministre, quand ce qu’on a à dire est moins important que le silence, on se tait!!! Qui ne se souvient de M. Inoni Ephraim proclamant dans Jeune Afrique qu’il était le maître d’oeuvre de l’opération Epervier et qu’il avait la confiance de son patron? Ou encore de M. Marafa Ahmidou Yaya, la cible de vos attaques, défendant avec force le régime du haut de l’Hémicycle quand il fallait absolument faire passer des lois indigestes? On ne se moque pas de quelqu’un qui se noie quand on n’a pas encore traversé le fleuve. Vous n’êtes pas sûr que votre enthousiasme vous épargnera la froideur de ce mammifère qui présente la particularité de dévorer les enfants sortis de ses propres entrailles.
Pour terminer, votre article aura au moins eu un seul mérite: celui de révéler vos réels talents de prestidigitateur.
J’ai lu avec intérêt votre article intitulé: «Non à l’insurrection, le changement est déjà en cours». Vous portez des attaques contre votre ancien collègue qui se trouve aujourd’hui dans les geôles. Je dois dire d'emblée que votre démarche est inélégante par ce qu’on ne donne pas des coups à un adversaire qui a un genou au sol. Globalement, vous lui faites le reproche d’appeler à l’insurrection. J’aurais aussi souhaité que vous portiez en son temps des attaques contre un de vos collègues actuels du gouvernement en l’occurrence M. Amadou Ali dont les propos explosifs relayés par Wikileaks et qui sont d’une dangerosité jamais égalée ont permis de mettre à nu les desseins obscurs projetés sur notre vivre ensemble. Ses déclarations faisant état de ce que le Grand Nord n’acceptera jamais qu’un bamiléké ou un anglophone devienne Président de la République contiennent des germes potentiels d’insurrection et de guerre civile.
Parlons justement de l’insurrection. Le droit à la résistance et à l’oppression est mis en valeur dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793 qui stipule en son article 35 que «Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.». L’insurrection populaire qui se définit comme la révolte d’un peuple contre un pouvoir établi oppressif, tyrannique et despotique peut à juste titre intervenir quand un peuple essoré a marre de ses dirigeants, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. Elle intervient le plus souvent quand le peuple se rend à l’évidence qu’il n y a pas une autre issue pour faire inverser le cours du pays, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. Elle intervient quand le peuple se rend compte qu’il est écrasé par un régime totalitaire qui, malgré son cuisant échec dans la conduite des affaires du pays, tient à rester à tout prix et à tous les prix au pouvoir, comme c’est le cas actuellement au Cameroun. L’exaspération qui a envahi le peuple camerounais est aujourd’hui à son comble. Et si rien n’est fait d’ici les prochaines élections dans le sens de la transparence, il est possible que l’insurrection devienne inévitable. Le Président des Etats Unis d’Amérique John Fitzgerald Kennedy qui était tout sauf un anarchiste disait fort à propos ce qui suit: «A force de rendre impossibles les évolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes.»
Monsieur le ministre,
Le changement pour l’avenir est en cours, dites-vous. Dois-je vous rappeler que vous êtes très mal placé pour donner des leçons de morale politique aux camerounais? Vous parlez de quel «changement pour l’avenir qui est en cours»? Aucun camerounais n’est dupe, comme vous l’avez-vous-même reconnu dans votre pamphlet inopportun. Bien qu’étant reconnu comme un homme politique modéré, il est constant que durant tout le temps que vous avez passé au ministère en charge des relations avec les Assemblées, vous avez été le symbole achevé du conservatisme. Chaque fois qu’un projet de loi rétrograde était déposé à l’Assemblée nationale, vous vous distinguiez par votre obsession à défendre l’indéfendable, à expliquer l’inexplicable et à justifier l’injustifiable devant les députés du parti-Etat.
Comme si cela ne suffisait pas, vous avez été durant votre séjour à la tête de ce ministère qui ne laissera pas du tout un souvenir impérissable à l’Hémicycle, le porte-parole des nébuleuses conservatrices tapies dans l’ombre au sein de l’Exécutif. Vous n’aviez certes pas de choix en raison de ce que vous appartenez à un système qui peut à tout moment vous broyer vous-même comme il l’a fait avec les autres. Il n’est de secret pour personne que chaque fois qu’une proposition de loi, une proposition d’amendement constitutionnel ou une proposition de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire au sujet d’une affaire sensible venant des députés de l’opposition était déposée à la conférence des présidents, le chantage permanent sur fond de menaces à peine voilées constituait votre arme favorite pour mettre au pas les députés de votre parti, manifestement sur recommandation de votre hiérarchie puisque vous étiez ministre délégué à la présidence de la République. Vous proclamez que le "changement pour l’avenir est déjà en cours". Après une telle affirmation qui est en décalage criard avec la réalité, un homme d’honneur devrait raser les murs. Où est passée la proposition d’amendement constitutionnel relative à la création de la Cour des comptes et au contrôle des dépenses de la présidence de la République? Pourquoi 16 ans après l’adoption de la Constitution de janvier 1996, le décret d’application de l’article 66 sur la déclaration des biens n’est pas encore effectif alors que dans les heures qui ont suivi l’adoption de la modification de l’article 6 al.2 qui levait le verrou de la limitation du mandat présidentiel pour instituer une présidence virtuelle à vie, le décret d’application avait été signé par votre «créateur?» Pouvez-vous expliquer aux camerounais comment votre mentor d'Etoudi est devenu "l'homme le plus riche du Cameroun" dixit Titus Edzoa, alors que fils de catéchiste, il n'a hérité d'aucune fortune. De quel «changement pour l’avenir» s’agit-il, monsieur le ministre, quand on sait que le Sénat et le Conseil constitutionnel pourtant contenus dans cette même Constitution et qui sont des institutions extrêmement importants dans les mécanismes de dévolution du pouvoir dans notre pays n’existent pas? Pouvez-vous nous dire ce qui peut arriver demain en cas de vacance de pouvoir au sommet de l’Etat? Qui assurera l’intérim puisque le Sénat n’existe pas encore ? Vous me direz qu’il y a une disposition constitutionnelle qui indique que l’Assemblée nationale joue le rôle du Sénat. Cette disposition s’inscrit dans le contexte d’un Parlement bicaméral. Il n’est inscrit nulle part qu’en l’absence du Président du Sénat, le Président de l’Assemblée nationale assure l’intérim. Encore qu'on ne saurait agir en lieu et place de quelqu’un qui n’a jamais existé. Toujours dans le même sens, qui va constater la vacance du pouvoir à partir du moment où le Conseil constitutionnel n’existe pas encore ? Plutôt que d’aller fouiller dans les poubelles de M. Marafa, vous auriez mieux fait de vous consacrer d’abord à ces préoccupations républicaines qui sont de nature à faire basculer le pays tout entier dans le chaos. Les propos discriminatoires et répugnants de M. Amadou Ali dans Wikileaks sont d'ailleurs fort évocateurs de l’ambiance insurrectionnelle post-Biya.
Dans votre lettre, vous prétendez que «les adversaires les plus résolus s'accordent encore à reconnaître que l'une des plus grandes réalisations de M. Biya est incontestablement la promotion de la démocratie et des libertés publiques.». Vous êtes décidément plongé dans le monde merveilleux de Walt Disney. A quelle démocratie faites-vous allusion quand un député de l’Assemblée nationale ne peut même pas exprimer ses idées et ses opinions à l’Hémicycle et que celles-ci soient prises en compte? Où est passée la proposition de loi relative à la camerounisation des postes de directeurs généraux des entreprises stratégiques que j’avais déposée en juin 2010 au secrétariat de l’Assemblée nationale et qui avait par ailleurs fait l’objet d’un débat entre vous et moi sur RFI? Vous avez freiné des quatre fers pour que cette proposition d’amendement constitutionnel ne passe pas. En juin dernier, nous étions rendus à la sixième session après le dépôt de cette proposition de loi qui, faut-il le rappeler, n’a même pas encore franchi l’étape de la recevabilité par la conférence des présidents de l’Assemblée nationale. Pourtant l’article 27 al.3 du règlement de l’Assemblée nationale stipule sans ambigüité que: " lorsque, à l'issue de deux sessions ordinaires, une proposition de loi n'a pu être examinée, celle-ci est de plein droit examinée au cours de la session ordinaire suivante". Votre régime refuse que cette proposition de loi -qui aurait pu créer de l'émulation auprès de nos compatriotes à la compétence reconnue- ne soit pas examinée en plénière tout simplement par ce que vous servez des intérêts autres que ceux des camerounais. A quelle démocratie faites-vous allusion quand l’organe chargé de l’organisation des élections dans notre pays est une antichambre du bureau politique et du comité central du parti auquel vous appartenez? J’ai entendu les bien-pensants de votre régime qui n’ont de la politique que ce qu’on leur rapporte de temps à autre dans les salons dire que la démission après la nomination garantissait l’exigence de neutralité et d’impartialité fermement prescrite par la loi. Ce qui n’est évidemment pas vrai.
L’incompatibilité concerne les nominations tandis que la neutralité et l’impartialité précèdent la nomination. Le tout premier critère qui peut garantir l’exigence de neutralité et d’impartialité est celui de n’avoir jamais appartenu à un parti politique. Seuls les esprits irrationnels ou les hommes de mauvaise foi ignorent qu’il y a des compatriotes à la compétence établie qui remplissent ce critère primordial.
Monsieur le ministre,
Pour parler de démocratie, il faut un minimum consensuel entre les différents acteurs du processus électoral. Malheureusement, vous appartenez au camp des autistes et des jusqu’au-boutistes. L’exemple de la biométrie actuellement observée sur le terrain en est la parfaite illustration. Les cartes ne sont pas délivrées à l’inscription comme c’est le cas actuellement au Burkina Faso. Tous les spécialistes vous diront que cela est faisable sans qu’il n y ait des doublons. Le Nigéria voisin a pu inscrire, y compris dans les zones les plus reculées, plus de 80 millions de personnes en seulement trois semaines. Vous savez pertinemment que cela est réalisable. Mais vous refusez pour deux raisons simples:
- La délivrance immédiate de la carte électorale à l’inscription va susciter l’engouement auprès des potentiels électeurs qui iront s’inscrire en masse pour faire tomber votre parti qui est fortement minoritaire sur le terrain. Vous en êtes conscient. Quand on est convaincu d’être véritablement majoritaire sur le terrain, on n’a pas peur des règles équitables. On ne cherche pas à imposer une biométrie partielle qui n’intègre pas la phase déterminante de l’authentification des électeurs dans les bureaux de vote. Le Cameroun disposant de 25.000 bureaux de vote, il faut par conséquent 25.000 kits d’authentification. Elecam n’en parle pas du tout.
- La délivrance à l’inscription des cartes électorales mettra à nu les faux chiffres du recensement général de la population effectué en novembre 2005 et rendu public cinq ans plus tard et plus précisément en avril 2010. Prenons le cas de la région du Littoral qui a officiellement 2.500.000 habitants. Le département du Wouri a officiellement 1.980.000 habitants.
Qui peut raisonnablement croire que les départements du Moungo, de la Sanaga maritime et du Nkam réunis ont moins de 600.000 habitants ? Même un aveugle qui parcourt ces trois départements et entend juste les gens grouiller autour de lui ne saurait valider une telle imposture. En cas de délivrance à l’inscription des cartes électorales, si deux millions de personnes sont détentrices d’une carte électorale à Douala, le régime se trouvera dans un schéma surréaliste où le nombre d’inscrits est supérieur au nombre d’habitants. Vous avez grandi et exercé à Douala et vous savez très bien que cette ville qui dispose d’au moins 5 millions d’habitants peut à elle toute seule faire basculer l’issue d’une élection présidentielle. Valider la population réelle de Douala aura des conséquences évidentes sur le découpage électoral qui, en l’état actuel, ne garantit aucunement l’égalité constitutionnelle des citoyens devant le suffrage universel. Douala qui a officiellement le 1/10ème de la population devrait avoir le 1/10ème de députés soit 18 députés sur 180. Dois-je vous rappeler que Douala n’en a que 9?
De quelles libertés publiques parlez-vous quand les meetings publics des partis politiques de l’opposition sont systématiquement interdits par le régime en violation flagrante de la loi ? Le cas le plus flagrant et le plus récent est celui du MRC dont toutes les tentatives de réunion ont été interdites.
Monsieur le ministre,
Vous poussez le bouchon très loin au point de dire qu’ «il est donc faux et injuste de parler d'un échec cuisant de la politique actuelle» et que «le Président BIYA n'a pas à rougir du bilan de son action, même si les choses ne lui ont pas du tout été facilitées par la conjoncture et la loyauté de certains hommes et femmes qu'il a appelés à son service.». Des pays comme la Guinée équatoriale et le Ghana ont connu la même conjoncture. Le Sénégal qui a connu en même temps que nous les émeutes de la faim en 2008, est devenu un pays exportateur de riz et d'arachide. Contrairement au Cameroun qui n'a pris aucune mesure pour booster son agriculture. Dois-je vous rappeler que quand votre «créateur» prend les rênes du pouvoir, le Cameroun est un pays à revenu intermédiaire et que 29 ans de règne après, nous sommes un pays pauvre et très endetté. Le SMIG est de 28.500 FCFA. Le taux de pauvreté est de 40%, ce qui signifie que 8 millions de camerounais vivent avec moins de 500 FCFA par jour. Le taux d’investissement stagne depuis une dizaine d’années à 17% du PIB, loin des 25% nécessaires à l’émergence du pays. Le taux de chômage est de plus de 85% de la population active. Le taux de sous-emploi est de 75%. Plutôt que de distraire les camerounais, vous feriez mieux en tant qu'actuel ministre du travail de trouver des stratégies idoines pour faire drastiquement baisser ces taux déshonorants qui ternissent l'image de votre régime sur le plan de l'emploi et du social. Est-ce la conjoncture qui est responsable de l’inadéquation entre l’enseignement et l’emploi ? Cela fait une trentaine d'années que les Etats généraux de l'enseignement supérieur ne se sont pas tenus. Ces assises auraient pu permettre à nos chercheurs de réfléchir sur les problèmes qui minent l'ensemble du système éducatif.
Est-ce la faute à la conjoncture? Non seulement les bourses ont été supprimées aux étudiants mais la scolarité est devenue payante dans les universités et grandes écoles. L’exemple le plus criard est celui de l’Ecole nationale des postes et télécommunication où la scolarité est de 500.000 FCFA/an. Des pays de loin plus pauvres que le Cameroun à l’instar du Tchad voisin, du Mali et du Niger continuent d’octroyer des bourses à leurs étudiants. Pourtant en consacrant juste 1,9% du budget actuel de l’Etat à ces étudiants qui feront, qu’on le veuille ou pas, le Cameroun de demain, tous nos étudiants fréquenteraient gratuitement en même temps que 100.000 d’entre eux pourraient obtenir une bourse mensuelle de 30.000 FCFA. Vous en avez bénéficié quand vous étiez jeune. Une fois aux affaires, vous avez cassé les ponts en organisant un génocide de la jeunesse estudiantine camerounaise. Votre créateur qui est d'origine modeste aurait-il pu financer ses études à l'étranger sans l'appui de l'Etat? Le problème du Cameroun est métaphysique. Est-ce la conjoncture qui a installé et exacerbé la corruption dans notre pays? Le Cameroun n'est-il pas champion toutes catégories de la corruption? Ce fléau qui est consubstantielle du régime est devenu un sujet de grande tristesse. Les détournements de deniers publics sur fond d’impunité se sont érigés en méthodes de gestion du régime. Les excédents budgétaires qui se situent en moyenne autour de 450 milliards par an depuis 5 ans soit un total de près de 2250 milliards n’ont jamais fait l’objet d’un report budgétaire ? Est-ce la conjoncture qui vous empêche de loger en toute transparence ces excédents dans un compte spécial comme le prescrit l’ordonnance de 1972 ? J’ai dû déchanter quand votre « créateur » a offert de ses propres poches des dizaines de millions de FCFA aux sinistrés du Grand Nord. Il lui suffisait tout simplement d’aller puiser dans ce compte d’urgence qui appartient à tous les camerounais. Sauf à croire que ce compte n’existe plus, ce qui ne peut surprendre que les naïfs qui veulent bien être surpris.
Nos entreprises de souveraineté ont été bradées à la suite d’un processus de privatisation dévoyé. Est-ce la conjoncture qui a empêché le régime de rendre public les clauses contenues dans les restructurations ou privatisations-braderies des entreprises nationales qui n’ont par ailleurs profité qu’aux multinationales et aux individus tapis dans l’ombre des sphères de décision? Est-ce la conjoncture qui vous a empêché, au moment de leurs restructurations ou privatisations, de procéder au chiffrage exact des actifs des entreprises bradées (REGIFERCAM, SNEC, SONEL, ONCPB, CAMSHIP, etc.), de décliner publiquement les raisons qui avaient conduit au retrait de l’Etat du capital de ces entreprises, d’évaluer et de rendre public les parts sociales de l’Etat, d’apprécier et de rendre public les prix des différentes cessions des parts de l’Etat et plus précisément les plus-values réalisées, d’inspecter les identités des acquéreurs des parts de l’Etat ainsi que le problème récurrent de la liquidation des droits des ex-employés de ces entreprises et enfin de vérifier le respect des cahiers de charges qui avaient été assignés aux nouveaux acquéreurs? Non, non et non, monsieur le ministre. Les privatisations ou restructurations de ces entreprises nationales stratégiques ont été volontairement traitées de manière déséquilibrée et globalement incorrecte par les Gouvernements successifs qui avaient préféré sacrifier les intérêts de la Nation en compensation d’un soutien obscur et hideux des nébuleuses affairistes étrangères pour son maintien au pouvoir.
Monsieur le ministre,
Vous étiez présent à l’Hémicycle lorsqu’au cours d’une séance consacrée aux questions orales aux membres du gouvernement (session de décembre 2007), j’ai interpelé le ministre des finances au sujet des salaires fictifs de la fonction publique qui avaient durant 20 ans fait perdre au total 1920 milliards au Trésor public. La masse salariale de l’Etat qui était passée de 36 à 28 milliards/mois à la suite de l’assainissement du fichier solde de l’Etat laissait clairement ressortir que 8 milliards de FCFA étaient siphonnés chaque mois des caisses de l’Etat. Vous étiez assis au banc réservé aux membres du gouvernement lorsqu’à la suite de M. Essimi Menye qui avait sans détours reconnu les faits, le vice Premier ministre en charge de la justice n’a pas pu justifier devant les députés le fait que les parquets n’avaient pas encore pu ouvrir une information judiciaire au sujet de ce scandale monstrueux. Est-ce la conjoncture qui justifie jusqu’à la date d’aujourd’hui le silence assourdissant des parquets? Qu’est ce qui peut expliquer qu’alors que l’affaire de l’albatros est encore en justice, des personnes impliquées dans le scandale des avions chinois (MA 60) soient impunis? Les 40 milliards débloqués auraient pu acheter 6 à 7 avions de cette marque qui est par ailleurs douteuse en terme de qualité et de sécurité par ce que non certifiée par l’Union européenne et les Etats-Unis. On nous a fait savoir que ce montant a permis de faire l’acquisition de deux avions de ce type et que le troisième nous avait été offert gracieusement. Des preuves existent faisant état de ce que la société indonésienne MERPATI avait fait l’acquisition de 15 MA 60 à 6,5 milliards de FCFA chacun. Est-ce la conjoncture qui explique qu’aucune suite judiciaire n’ait été donnée sur cette affaire de surfacturation sur fond de retro commissions? L’article 35 du Code pénal stipule que le Procureur général peut, sur simple dénonciation d’une infraction quelconque, mettre en mouvement l’action publique.
Monsieur le ministre, quand ce qu’on a à dire est moins important que le silence, on se tait!!! Qui ne se souvient de M. Inoni Ephraim proclamant dans Jeune Afrique qu’il était le maître d’oeuvre de l’opération Epervier et qu’il avait la confiance de son patron? Ou encore de M. Marafa Ahmidou Yaya, la cible de vos attaques, défendant avec force le régime du haut de l’Hémicycle quand il fallait absolument faire passer des lois indigestes? On ne se moque pas de quelqu’un qui se noie quand on n’a pas encore traversé le fleuve. Vous n’êtes pas sûr que votre enthousiasme vous épargnera la froideur de ce mammifère qui présente la particularité de dévorer les enfants sortis de ses propres entrailles.
Pour terminer, votre article aura au moins eu un seul mérite: celui de révéler vos réels talents de prestidigitateur.
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