Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

mardi 8 janvier 2013

Mohamadou Ahidjo pour remplacer Marafa et Bello Bouba Maïgari



Le fils de l’ancien président du Cameroun pourrait à la faveur du prochain remaniement devenir ministre d’Etat faisant ainsi le jeu de Paul Biya.
I- Faire oublier Marafa et utiliser Badjika pour casser l’Undp
Tout semble indiquer que lors du prochain remaniement ministériel, Mohamadou Ahidjo dit Badjika, fils du premier président du Cameroun indépendant Ahmadou Ahidjo va quitter son poste peu reluisant d’ambassadeur itinérant( décret N° 2011/419 du 09 décembre 2011) pour occuper un maroquin digne de son rang. Cette promotion ne fera que renforcer le rapprochement spectaculaire qu’il y a depuis quelque temps entre le chef de l’Etat, président national du Rdpc et Mohamadou Ahidjo membre de l’Undp dont le président national est Maïgari Bello Bouba, Ministre d’Etat du Tourisme et des Loisirs dans l’actuelle équipe gouvernementale. Après l’interpellation de l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, il fallait trouver au sein du Rdpc au pouvoir quelqu’un pour le remplacer. Et de surcroit il fallait un peulh originaire du département de la Bénoué. Ce n’est pas qu’il manque de candidats mais ceux qu’on a jusqu’à présent proposés à Paul Biya ne font pas apparemment l’affaire, et ne peuvent pas combler le vide laissé par Marafa Hamidou Yaya. L’une des rares personnalités qui pouvait jouer admirablement, à la perfection ce rôle est comme nous l’avions dit dans notre dernière parution l’ancien premier ministre Sadou Hayatou. Mais l’homme est malade et bien fatigué. Il n’est plus donc opérationnel car remplacer et faire oublier Marafa nécessite beaucoup d’énergie, une forme irréprochable. Mais Paul Biya qui est d’un cynisme et d’une intelligence aiguë quand il s’agit de faire des coups tordus, a trouvé la parade en choisissant quelqu’un dont le nom seul pouvait l’aider à réaliser son plan machiavélique, c’est-à-dire se débarrasser à la fois de Marafa qui est membre de son parti et de Maïgari Bello Bouba qui est de l’opposition. Il a trouvé son homme en la personne de Mohamadou Ahidjo, une prise de taille.
Comment Paul Biya va-t-il procéder ? sous le prétexte fallacieux qu’il augmente le nombre de membres de l’Undp dans les institutions nationales tels que le gouvernement et la présidence de la République, il nomme dans le Gouvernement du 9 décembre 2011 comme Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Habitat, Mme Dibong née Biyong Marie Rose et comme ambassadeur itinérant Mohamadou Ahidjo. En réalité ce n’est là qu’un subterfuge destiné à faire sortir Maïgari Bello Bouba du prochain gouvernement mais tout en y maintenant des membres de ce parti de l’opposition. Le problème pour Biya était de faire accepter à Mohamadou Ahidjo le poste d’ambassadeur itinérant. Ce n’était pas facile mais une fois cela acquis l’horizon était dégagé pour le chef de l’Etat pour passer à une autre phase de son plan diabolique : nommer le fils d’Amadou Ahidjo à un poste plus prestigieux lors du prochain remaniement du gouvernement, ce qu’il est en passe de faire dans les jours ou les semaines qui viennent.
II- Quel est le but recherché par Paul Biya ?
Diviser les rangs de l’Undp afin qu’elle ne profite pas de la condamnation de Hamidou Marafa Yaya lors des prochaines législatives et municipales au détriment du Rdpc. Paul Biya ne fait rien au hasard, on a déjà tout dit de lui, oui il est tout sauf bête. Le chef de l’Etat sait que la vague de mécontentements créée par l’incarcération de Marafa est préjudiciable à son parti le Rdpc lors des prochaines consultations populaires dans le Grand Nord en général et dans la Bénoué en particulier, pour cela il fallait donc trouver un moyen pour limiter la casse. On peut dire qu’il a trouvé la parade en récupérant Mohamadou Ahidjo. En fait, Paul Biya s’est depuis rendu compte que Maïgari Bello Bouba ne lui apporte rien. Il a accepté de faire entrer l’Undp dans le gouvernement pour avoir la paix sociale. Et puis c’eût été de toutes les façons une mauvaise chose que dans un pays à plus de 200 partis politiques qu’un seul dirige cet Etat. L’Undp est tout juste là comme une caution morale, rien de plus. Le plus grand perdant dans cette affaire si Mohamadou Ahidjo devient ministre, c’est Maïgari Bello Bouba que Paul Biya ne pourra pas garder dans ce gouvernement. Car l’Undp selon Biya ne peut pas avoir deux ministres pleins.
Le ministre d’Etat en charge du Tourisme et des Loisirs va donc bien connaître qui est Paul Biya (qui dit qu’il ne le connaît pas bien, mieux que la plupart des Camerounais) qu’une bonne partie de l’Undp ne port pas dans leur cœur, eux qui n’ont jamais accepté le mémorandum ou plate forme d’entente qui existe leur formation politique et le Rdpc et dont leur président tire profit et à titre personnel. D’ailleurs si cela arrive qu’il sorte du gouvernement, on peut dire que Maïgari Bello Bouba est coutumier du fait, des agissements de Paul Biya. En effet, l’actuel ministre de la Communication, Issa Tchiroma, l’un des créateurs de l’Undp, aujourd’hui président du Front pour le salut (Fnsc) n’avait*-il pas été nommé membre du gouvernement, ministre des Transport, du 27 novembre 1992 au 19 septembre 1996 sans l’avis de Maïgari Bello Bouba, président de l’Undp ? Issa Tchiroma Bakary avait choisi de faire cavalier seul et Paul Biya avait entériné cette démarche en le nommant ministre. Aujourd’hui le ministre d’Etat en charge du Tourisme et des Loisirs doit s’attendre à tout connaissant bien qui est Paul Biya qui peut culbuter à tout moment sans crier gare.
Le Biya-Ahidjo n’est-il pas discordant ? Les deux hommes peuvent vraiment s’entendre étant donné que l’un, Paul Biya, est considéré comme étant le responsable de l’exil et de la mort au Sénégal où il est enterré d’Ahmadou Ahidjo le père de Mohamadou ? Il faut tout simplement dire que nous sommes en politique, un domaine où les choses bougent constamment, où l’ennemi d’hier peut devenir l’ami, l’allié d’aujourd’hui et vice-versa. Le problème, c’est de savoir comment va fonctionner Mohamadou Ahidjo une fois nommé peut-être au ministère du Tourisme et des Loisirs, celui-là même qu’occupe Maïgari Bello Bouba ? Le fils d’Ahmadou Ahidjo qui n’est pas membre du Rdpc aura-t-il auprès du cabinet civil de la présidence de la République qui tient les cordons de la bourse les mêmes facilités financières qu’un membre du parti au pouvoir pour satisfaire les nombreux courtisans et hommes-lige qu’il y aura désormais autour de lui comme Marafa Hamidou Yaya ? La question reste ouverte. Et puis l’une des grandes questions que l’on peut se poser ; Mohamadou Ahidjo va-t-il continuer à rester membre de l’Undp ? Ne sera-t-il pas tenter de rejoindre les rangs du Rdpc ou de créer son parti comme Issa Tchiroma Bakary l’a fait en créant le Fsnc en 2007 ?
III- Un poignard dans le dos de Germaine Ahidjo ?
La veuve d’Ahmadou Ahidjo, Germaine, sans doute n’aura pas apprécié que le fils aîné de son défunt mari ait accepté de devenir ambassadeur le 9 décembre 2011. S’il devient ministre lors du prochain remaniement ministériel comment va-t-elle prendre cela, surtout que les positions de la veuve et du fils ne coïncident à 100% s’agissant du rapatriement du corps d’Ahmadou Ahidjo au Cameroun. On connaît la position de Germaine à ce sujet : « Ce n’est pas à moi de décider. La décision revient au peuple camerounais. Moi je reste auprès de la tombe de mon mari. Je vais m’y incliner régulièrement, pour qu’il sache que je ne l’ai pas oublié, que je suis là et que je veille sur sa tombe. C’est mon devoir. Je tiens à rappeler qu’Ahidjo était un chef d’Etat. Il n’appartient pas qu’à sa famille. Il appartient en premier lieu au peuple camerounais. Il n’est pas un simple citoyen. Il a été président de la République dans son pays, et il a été enterré ici par un président de la République. Je ne vois pas ce que nous, sa famille, avons à demander. C’est au peuple camerounais qu’il faut aller demander s’il veut que son corps soit ramené au pays ou pas… »
Voilà la réponse donnée par Germaine Ahidjo au sujet du rapatriement du corps de son mari dans une interview accordée à Jean-Baptiste Placca et parue dans Jeune Afrique Economie, 169, juillet 1993 et reproduite dans l’hebdomadaire Germinal n° 046 du 3 décembre 2009, pages 10 et 11. Cette position qui n’a pas changé, d’un iota est celle de la famille Ahidjo. Même si Mohamadou Ahidjo a une position moins radicale que Germaine. Interviewé en février 1990 par un confrère sénégalais du nom de Mendy du journal « Dakar presse », il avait déclaré qu’en l’enterrant à Dakar, la famille d’Ahmadou Ahidjo n’avait fait qu’obéir à ses dernières volontés. Pour Paul Biya, la décision de rapatrier les restes d’Ahmadou Ahidjo au pays revient à sa famille. Il l’avait laissé entendre dans l’interview accordée le 29 octobre 2009 à Ulysse Gosset de France 24 « Le problème de rapatriement de la dépouille de l’ancien président est selon moi, un problème d’ordre familial… Si la famille de mon prédécesseur décide de faire rapatrier les restes du président Ahidjo, c’est une décision qui ne dépend que d’elle. Je n’ai pas d’objection, ni d’observation à faire ». Ainsi va donc, la politique : ennemie d’hier, amis d’aujourd’hui.

Michel Michaut Moussala



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Faites vos analyses et commentaires en toute liberté.