Le fils de l’ancien
président du Cameroun pourrait à la faveur du prochain remaniement devenir ministre d’Etat faisant ainsi le jeu de Paul Biya.
I- Faire oublier
Marafa et utiliser Badjika
pour casser l’Undp
Tout semble indiquer que
lors du prochain remaniement ministériel,
Mohamadou Ahidjo dit Badjika, fils du premier
président du Cameroun indépendant Ahmadou Ahidjo va
quitter son poste peu reluisant d’ambassadeur
itinérant( décret N° 2011/419 du 09 décembre 2011) pour occuper un
maroquin digne de son rang. Cette promotion ne fera que
renforcer le rapprochement spectaculaire qu’il y
a depuis quelque temps entre le chef de l’Etat,
président national du Rdpc et Mohamadou Ahidjo membre de l’Undp dont
le président national est Maïgari Bello Bouba, Ministre
d’Etat du Tourisme et des Loisirs dans
l’actuelle équipe gouvernementale. Après l’interpellation de
l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, il fallait trouver au sein
du Rdpc au pouvoir quelqu’un pour le remplacer. Et de
surcroit il fallait un peulh originaire du
département de la Bénoué. Ce n’est pas qu’il manque de
candidats mais ceux qu’on a jusqu’à présent proposés à
Paul Biya ne font pas apparemment
l’affaire, et ne peuvent pas combler le vide laissé par
Marafa Hamidou Yaya. L’une des rares personnalités qui
pouvait jouer admirablement, à la
perfection ce rôle est comme nous
l’avions dit dans notre dernière parution l’ancien premier ministre Sadou Hayatou. Mais l’homme est malade et bien
fatigué. Il n’est plus donc opérationnel car remplacer et
faire oublier Marafa nécessite beaucoup d’énergie,
une forme irréprochable. Mais Paul Biya qui est d’un cynisme et
d’une intelligence aiguë quand il s’agit de
faire des coups tordus, a trouvé la
parade en choisissant quelqu’un dont le nom
seul pouvait l’aider à réaliser son plan machiavélique, c’est-à-dire se
débarrasser à la fois de Marafa qui est
membre de son parti et de Maïgari Bello Bouba qui est de
l’opposition. Il a trouvé son homme en la personne de Mohamadou
Ahidjo, une prise de taille.
Comment Paul Biya
va-t-il procéder ? sous le prétexte fallacieux qu’il
augmente le nombre de membres de
l’Undp dans les institutions nationales tels
que le gouvernement et la présidence de la
République, il nomme dans le Gouvernement du 9 décembre 2011
comme Secrétaire d’Etat auprès du ministre de
l’Habitat, Mme Dibong née Biyong Marie Rose et comme ambassadeur
itinérant Mohamadou Ahidjo. En réalité ce n’est là qu’un
subterfuge destiné à faire sortir Maïgari Bello Bouba du
prochain gouvernement mais
tout en y maintenant des membres de ce parti de l’opposition. Le
problème pour Biya était de faire accepter à
Mohamadou Ahidjo le poste d’ambassadeur itinérant. Ce n’était pas
facile mais une fois cela acquis l’horizon était dégagé
pour le chef de l’Etat pour passer à une autre phase de son
plan diabolique : nommer le fils d’Amadou Ahidjo à un
poste plus prestigieux lors du prochain
remaniement du gouvernement, ce qu’il est en
passe de faire dans les jours ou les semaines qui
viennent.
II- Quel est le but
recherché par Paul Biya ?
Diviser les rangs de
l’Undp afin qu’elle ne profite pas de la condamnation de
Hamidou Marafa Yaya lors des prochaines législatives et
municipales au détriment du Rdpc. Paul Biya ne fait
rien au hasard, on a déjà tout dit de lui, oui il est tout sauf bête. Le
chef de l’Etat sait que la vague de mécontentements créée par
l’incarcération de Marafa est
préjudiciable à son parti le Rdpc lors des prochaines consultations populaires
dans le Grand Nord en général et dans la Bénoué en
particulier, pour cela il fallait donc trouver un moyen pour limiter la casse.
On peut dire qu’il a trouvé la parade en récupérant Mohamadou
Ahidjo. En fait, Paul Biya s’est depuis rendu compte que Maïgari
Bello Bouba ne lui apporte rien. Il a accepté de
faire entrer l’Undp dans le gouvernement pour avoir la paix
sociale. Et puis c’eût été de toutes les façons une mauvaise chose que dans un pays à plus
de 200 partis politiques qu’un seul dirige cet
Etat. L’Undp est tout juste là comme une caution morale,
rien de plus. Le plus grand perdant dans cette affaire si
Mohamadou Ahidjo devient ministre, c’est Maïgari Bello Bouba que Paul Biya ne
pourra pas garder dans ce gouvernement. Car l’Undp selon Biya ne
peut pas avoir deux ministres pleins.
Le ministre d’Etat en
charge du Tourisme et des Loisirs va donc
bien connaître qui est Paul Biya (qui dit qu’il ne le connaît pas bien, mieux
que la plupart des Camerounais) qu’une bonne partie
de l’Undp ne port pas dans leur cœur, eux qui n’ont jamais accepté le
mémorandum ou plate forme d’entente qui existe leur formation politique et le
Rdpc et dont leur président tire profit et à titre
personnel. D’ailleurs si cela arrive qu’il sorte du
gouvernement, on peut dire que Maïgari Bello
Bouba est coutumier du fait, des agissements de Paul Biya. En
effet, l’actuel ministre de la Communication, Issa Tchiroma, l’un des
créateurs de l’Undp, aujourd’hui président du Front
pour le salut (Fnsc) n’avait*-il pas été nommé membre du
gouvernement, ministre des Transport, du 27 novembre 1992 au 19 septembre 1996
sans l’avis de Maïgari Bello Bouba, président de l’Undp ? Issa Tchiroma
Bakary avait choisi de faire cavalier seul et Paul Biya avait entériné
cette démarche en le nommant ministre. Aujourd’hui le ministre d’Etat en charge du
Tourisme et des Loisirs doit s’attendre à tout
connaissant bien qui est Paul Biya qui peut culbuter à tout moment sans crier
gare.
Le Biya-Ahidjo
n’est-il pas discordant ? Les deux hommes peuvent vraiment s’entendre
étant donné que l’un, Paul Biya, est considéré comme étant le responsable de
l’exil et de la mort au Sénégal où il est enterré d’Ahmadou Ahidjo le père de
Mohamadou ? Il faut tout simplement dire que nous sommes en politique, un
domaine où les choses bougent constamment, où l’ennemi d’hier peut devenir
l’ami, l’allié d’aujourd’hui et vice-versa. Le problème, c’est de savoir
comment va fonctionner Mohamadou Ahidjo une fois nommé peut-être au ministère
du Tourisme et des Loisirs, celui-là même qu’occupe Maïgari Bello Bouba ?
Le fils d’Ahmadou Ahidjo qui n’est pas membre du Rdpc aura-t-il auprès du
cabinet civil de la présidence de la République qui tient les cordons de la
bourse les mêmes facilités financières qu’un membre du parti au pouvoir pour
satisfaire les nombreux courtisans et hommes-lige qu’il y aura désormais autour
de lui comme Marafa Hamidou Yaya ? La question reste ouverte. Et puis
l’une des grandes questions que l’on peut se poser ; Mohamadou Ahidjo
va-t-il continuer à rester membre de l’Undp ? Ne sera-t-il pas tenter de
rejoindre les rangs du Rdpc ou de créer son parti comme Issa Tchiroma Bakary
l’a fait en créant le Fsnc en 2007 ?
III- Un poignard dans
le dos de Germaine Ahidjo ?
La veuve d’Ahmadou Ahidjo, Germaine, sans doute n’aura
pas apprécié que le fils aîné de son défunt mari ait accepté de devenir
ambassadeur le 9 décembre 2011. S’il devient ministre lors du prochain
remaniement ministériel comment va-t-elle prendre cela, surtout que les
positions de la veuve et du fils ne coïncident à 100% s’agissant du
rapatriement du corps d’Ahmadou Ahidjo au Cameroun. On connaît la position de
Germaine à ce sujet : « Ce n’est pas à moi de décider. La décision
revient au peuple camerounais. Moi je reste auprès de la tombe de mon mari. Je
vais m’y incliner régulièrement, pour qu’il sache que je ne l’ai pas oublié,
que je suis là et que je veille sur sa tombe. C’est mon devoir. Je tiens à
rappeler qu’Ahidjo était un chef d’Etat. Il n’appartient pas qu’à sa famille.
Il appartient en premier lieu au peuple camerounais. Il n’est pas un simple
citoyen. Il a été président de la République dans son pays, et il a été enterré
ici par un président de la République. Je ne vois pas ce que nous, sa famille,
avons à demander. C’est au peuple camerounais qu’il faut aller demander s’il
veut que son corps soit ramené au pays ou pas… »
Voilà la réponse
donnée par Germaine Ahidjo au sujet du rapatriement du corps de son mari dans
une interview accordée à Jean-Baptiste Placca et parue dans Jeune Afrique
Economie, 169, juillet 1993 et reproduite dans l’hebdomadaire Germinal n° 046
du 3 décembre 2009, pages 10 et 11. Cette position qui n’a pas changé, d’un
iota est celle de la famille Ahidjo. Même si Mohamadou Ahidjo a une position
moins radicale que Germaine. Interviewé en février 1990 par un confrère
sénégalais du nom de Mendy du journal « Dakar presse », il avait déclaré qu’en
l’enterrant à Dakar, la famille d’Ahmadou Ahidjo n’avait fait qu’obéir à ses
dernières volontés. Pour Paul Biya, la décision de rapatrier les restes
d’Ahmadou Ahidjo au pays revient à sa famille. Il l’avait laissé entendre dans
l’interview accordée le 29 octobre 2009 à Ulysse Gosset de France 24 « Le problème de rapatriement de la dépouille de l’ancien président
est selon moi, un problème d’ordre familial… Si la famille de mon prédécesseur
décide de faire rapatrier les restes du président Ahidjo, c’est une décision
qui ne dépend que d’elle. Je n’ai pas d’objection, ni d’observation à
faire ». Ainsi va donc, la politique : ennemie d’hier, amis
d’aujourd’hui.
Michel Michaut
Moussala
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