Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

vendredi 28 septembre 2012

La longue marche vers l’enfer

Marafa Hamidou Yaya, la longue marche vers l’enfer

L’ancien Secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun a été reconnu coupable de détournement de deniers publics. De l’argent qui était destiné à l’achat d’un avion présidentiel en 2001. Il sera libre en 2037, si le verdict venait à rester là. Marafa Hamidou Yaya aura alors quelques 85 ans. Un rêve politique brisé, des instants affectifs volés, une image à redorer auprès de certains… L’homme aura perdu des forces. Et cette superbe qui l’anime ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Vêtu d’une gandoura blanche immaculée, l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minadt) quitte le tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé le 22 septembre 2012 sous forte escorte.
Il est 7 h 15. Des membres de sa famille le voient retourner en prison. Le regard vide, ils ne comprennent pas ce qui vient d’arriver à leur parent. Habillé d’un grand boubou bleu sur lequel traîne une écharpe noire, le frère aîné de sa femme qui lui tenait compagnie quelques minutes plus tôt est stupéfait. Il ne digère pas ce qui se passe. Esquivant des regards inquisiteurs, il s’engouffre dans son véhicule et s’éloigne rapidement de ce lieu cauchemardesque. Dans la cour du Tribunal, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes n’arrêtent pas de s’étonner : « Donc, c’est vrai ? » « C’est vrai ça ? » « C’est Marafa comme ça ? » « C’est fini pour lui comme ça ? » Ses avocats sont perplexes. Me Monthe est déçu. Son téléphone ne cesse de crépiter. Au bout de la ligne, des personnes qui veulent connaître la sentence de son client. Avec élégance, l’avocat renvoie les journalistes avides de déclarations.
Dans la salle d’audience, les « témoins » au procès trainent encore. La main posée à la joue, certains devisent à voix basse, l’air abattu. D’autres esquissent un sourire de soulagement. Ce sont certainement ceux qui attendaient cette condamnation. D’autres encore ont les yeux rivés sur le collège des juges. Lesquels juges se débarrassent maintenant de leurs robes. Les greffiers emportent les dossiers dans leurs bureaux. Gilbert Schlick, le président de la collégialité, qui a prononcé la sentence, peut alors se retirer. La nuit a été longue et sans répit.
Gilbert Schlick
C’est la veille, aux environs de 14 heures que le procès qui oppose Marafa Hamidou Yaya, Yves-Michel Fotso et Cie, à l’État du Cameroun est amorcé. Dès son entrée en salle, l’ex-Minadt est accueilli par ses proches. Il échange longuement avec une amie européenne aux cheveux châtains et se tourne vers Me Alice Nkom. Puis, arrive le collège des juges. On aperçoit le trio avec au centre, le magistrat Gilbert Schlick qui conduit les échanges depuis plusieurs mois. La présentation des accusés est brève. Marafa, Fotso, Kounda se présentent au banc des accusés. Les inconditionnels Assene Nkou, Chapuis et Sandjong sont absents. La salle se lève pour entendre le début des réquisitions. Près de cinq minutes plus tard, chacun reprend sa place. Le juge Schlick poursuit alors la lecture. Il fait une sorte de rappel de tout ce qui a été déclaré au cours des audiences antérieures par les accusés, l’accusation et les témoins.
Le juge souligne qu’il a été établi que Marafa Hamidou Yaya et Yves-Michel Fotso se sont liés d’amitié depuis 1993. Que cette amitié qui s’apparente plutôt à une complicité s’est renforcée au fil des ans et que c’est grâce à Marafa que Fotso arrive à la Camair. Qu’avant de convoquer la réunion en 2001 à la présidence de la République pour l’achat d’un avion présidentiel, les deux hommes avaient déjà signé un contrat avec Gia international, une société qui ne devait sa survie que grâce à l’argent détourné par son initiateur Fotso. Que tous deux détiennent des sociétés virtuelles dont certaines sont basées aux Iles-vierges britanniques dans lesquelles a été viré l’argent détourné. Que le BBJet-II n’a pas été livré par Boeing pour faute de paiement, Yves-Michel Fotso n’ayant versé que 4 millions de dollars. Que même s’il n’a pas participé directement au détournement, Marafa était au courant des manigances de Fotso. Que le plan des deux amis était savamment orchestré.
 La prison à vie !
À 3 h 11 mn, le juge Schlick revient sur les six exceptions soulevées par les avocats des accusés. Lesquelles aboutissent à une fin de non-recevoir. Puis les avocats de l’État du Cameroun, notamment Me Ngono et Me Epassi, reviennent à la charge. Le premier, au nom de tous les avocats du Cameroun, demande à ce que soit payés par les accusés, une somme de plus de 45 milliards de Fcfa pour préjudices alors que le second, au nom de la Camair, réclame quelques 50 milliards de Fcfa. Les responsabilités financières établies, le ministère public demande alors que soit appliqué l’article 184 du Code pénal qui prévoit « l’emprisonnement à vie » pour des détournements qui excèdent 500 000 Fcfa.
La salle retient son souffle. Le président du tribunal après avoir écouté toutes les parties, se retire. L’audience reprend au petit matin. La sentence finale est prononcée : Marafa et Fotso écopent de 25 ans de prison ferme. Les coaccusés Kounda 10 ans et Sandjong 15 ans. Un mandat d’arrêt international est lancé contre Assene Nkou, en cavale. Une somme de 21 milliards est à déposer par les détenus à titre de dommages et intérêts tandis que 1 milliard cent trente millions cent cinquante-huit mille cinq cent trente Fcfa représente la somme à payer au tribunal. Les condamnés ont jusqu’au 25 septembre prochain pour faire appel.

Ce que les avocats de l’État du Cameroun réclament à Marafa et Fotso :

-  29 millions de dollars. En appliquant le taux de change du dollar en Fcfa, à l’époque des faits, il oscillait entre 750 et 780 Fcfa. Des deux taux, nous prenons le moins. Ainsi, la conversion donne un total de 21 milliards 750 millions Fcfa.
- Le taux d’intérêt applicable en Afrique centrale qui est de 6 %. Donc 29 millions de dollars fois 6 % fois 11, soit 11 milliards 484 millions Fcfa.
- Pour défaut de livraison du BBJ-II que nous évaluons à 12 milliards 180 millions Fcfa, car le Cameroun continue de louer les avions pour les déplacements du chef de l’État
- Soit un total de 45 milliards de Fcfa.
- Que le tribunal déclare qu’il condamne les accusés au profit de l’État du Cameroun.
- En ce qui concerne la Camair, le préjudice découlant du fait de la dépossession de deux avions de la Camair
- La surfacturation : Les prix de location ont été multipliés par deux voire trois, soit 14 millions de dollars pour le Boeing 767-200 et 5 millions de dollars pour le Boeing 747-300, pour un total de 19 millions de dollars.
- Le non-remboursement des « déposits »  d’une valeur de 6 millions de dollars.
- L’intervention volontaire de la Camair qui a occasionné un préjudice de 28 milliards de Fcfa pour perte des aéronefs. Le temps se chiffrant en argent, nous réclamons 7 milliards de forfaits, soit un montant global total 50 milliards de Fcfa pour dommage et intérêts au nom de la Camair.
- Préjudice total en dommages et intérêts : Environ 100 milliards de Fcfa

Propos recueillis par F.I

Non au tribalisme




 Le régime tribal de Paul Biya.
Depuis son accession au pouvoir, et surtout depuis la tentative avortée du putsch de 1984, les camerounais vivent de la part de Biya et son régime une politique de division du peuple qui fait du pays une poudrière dont personne ne sait comment il n’a pas encore explosé jusqu’à ce jour. En fait, la politique de division, et de promotion de la haine entre les tribus est tellement poussée que n’eût été la maturité des populations, le pays serait entré depuis dans une guerre civile ou un génocide. Certaines tribus et groupes sociaux sont marginalisés, humiliés et écartés de tout développement et de tout avantage. Tel est le cas des Régions du Nord, Extrême-Nord et Adamaoua qui ont longtemps subi les effets de la rancune de Biya et des siens à l’encontre d’Ahidjo son prédécesseur. Les hauts postes de responsabilité dans le commandement, l’administration, la sécurité, les missions diplomatiques et les postes de gestion sont détenus à presque 75 % par les gens de la petite tribu de Biya. Les entrées dans les grandes écoles et dans les services administratifs sont dans le même pourcentage qui est un peu plus élevé en ce qui concerne les services de sécurité. Sa garde pléthorique est essentiellement composée des ressortissants de sa région.
Pour exemple, pour le dernier Concours des Commissaires de Police, huit candidats sur les dix sont originaires des régions du Centre et du Sud’ Actuellement les ressortissants d’une de ces provinces ne peuvent plus être nommés dans les unités administratives territoriales parce qu’ils ne sont plus admis à l’ENAM et n’ont plus d’administrateurs civils. Même chose pour les autres services relevant des finances et des impôts depuis réservés en majorité à la tribu de Biya. La première vague des nominations, cette année des Directeurs généraux des Sociétés, tous de la même aire géographique, celle de Biya a été largement contestée par les ressortissants des autres Régions du pays. Pour ne pas nommer ces derniers, Biya a carrément arrêté le processus, alors que ceux qui étaient en poste, tous de sa tribu, attendaient leur relève soit pour le temps passé dans ces Entreprises, soit pour leur mauvaise gestion devant les conduire en prison, les deux allant d’ailleurs ensemble dans notre pays. Mr Tonye Bakot sûrement n’en demandera pas les statistiques. Il n’a certainement rien vu.
Certainement rien entendu. Biya a fait de la préservation de l’unité nationale un des thèmes favoris de ses campagnes électorales et s’en félicite comme s’il n’y croyait plus lui-même après tout ce qu’il a fait pour la détruire. Mais il faut reconnaître que cet équilibre n’a jusqu’ici été possible que par la seule volonté du peuple dont la plupart des tribus ont plus de choses qui les séparent que celles qui les lient et susceptibles de les conduire à des affrontements en permanence, ont malgré les frustrations du régime et les provocations, opté pour la tolérance et la paix. Certains ont encore en mémoire les périodes tristes du maquis et en ont raconté aux plus jeunes toujours prêts à en découdre pour les en dissuader. Tous ont suivi à travers les médias ce qui s’est passé et se passe encore dans des pays voisins et en ont recueilli les réfugiés avec leurs fardeaux de misères.
Personne ne voudrait que Cameroun bascule dans une telle spirale de violences dont la fin est incertaine. Mais pour combien de temps encore va-t-on continuer à contenir ces enfants, du moins ceux qui démoralisés par tant de frustrations, de misère, de provocations et d’injustices, n’ont pas encore pris la route de l’exil? Les Régions anglophones, n’en pouvant plus et dont les récriminations sont basées sur les nombreuses frustrations et le mépris que subissent leurs populations de la part du régime de Biya, revendiquent depuis leur autonomie à travers le SCNC (Southern Cameroons National Council), une organisation pacifique dont les dirigeants sont chaque fois pourchassés au Sud-Ouest ou au Nord-Ouest, arrêtés, maltraités et jetés en prison à Yaoundé avec des peines très lourdes et plusieurs y sont déjà morts, loin de toute assistance alimentaire, affective et médicale de leurs familles. Biya est malhonnête de voler cette victoire et cette sagesse au peuple et je crois que lui-même doit être surpris qu’il ne soit pas déjà en guerre puisqu’il entretient depuis de nombreuses milices armées jusqu’aux dents pour lesquelles il dépense une bonne partie de la fortune du peuple pour leur entretien et les tient disponible à tout moment pour mater le peuple et maintenir son pouvoir.
Une politique d’intimidation permanente qui a contraint une bonne partie des Camerounais qui avaient d’abord cru à l’instauration d’une véritable démocratie et s’étaient inscrits dans un parti politique de leur choix, à regretter leurs erreurs. Etiquetés “d’opposants” et/ou “d’anglo-bamis’’, c’est-à-dire d’ennemis au régime, écartés des postes de responsabilités parce que objets d’une grande méfiance, ils ont malgré eux déserté les autres formations politiques pour revenir au Rdpc pour leur sécurité, celle de leurs familles et pour bénéficier eux-aussi des promotions sociales. Les Régions du pays qui ne votent pas pour Biya et les villes du pays dont les maires sont de l’opposition sont écartées de tous projets de développement et leurs ressortissants marginalisés dans les concours administratifs et promotions sociales. Les chefs des autres partis sont pourchassés, maltraités, détenus et interdits de toutes manifestations et mobilisations de leurs militants.
Certaines Régions acquises à Biya leurs sont interdites lors des campagnes électorales ou pour toutes tournées à la rencontre de ceux qui, bravant les répressions et les humiliations sont restés leurs militants. L’intimidation et les frustrations sont si grandes que le Cameroun est depuis redevenu presqu’un pays à parti unique. Le Cameroun a ainsi, depuis des années traversé toutes les étapes qui ont conduit beaucoup de pays de la Sous-région et d’ailleurs comme le Tchad, la Centrafrique, les deux Congos à la guerre civile et au génocide, mais résiste encore par la seule volonté et la seule sagesse du peuple.

© Correspondance de : Serge Olivier Atangi

Le pourvoi en cassation est il possible en 48h?



Le pourvoi en cassation est il possible en 48h?
Il est environ 12h à Yaoundé. Précisément au palais de justice Yaoundé-centre administratif. Le coin grouille de monde. Chacun, presque sans s’occuper de l’autre, vaque à ses occupations, le pas pressé. Dans les salles, notamment celle ayant connu la condamnation de Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et autres se déroulent des audiences. Celle sus évoquée semble relever du passé. On est passé à autre chose. D’autres avenirs s’y jouent sous le regard avide du public, pas aussi nombreux qu’au procès Etat du Cameroun et ministère public contre Marafa et compagnie. Même le dispositif sécuritaire observé est retombé. Tout semble être revenu à la normale. 
C’est à quelques mètres de cette salle que Me Alice Nkom, avocat au barreau du Cameroun et conseil de Julienne Nkounda, ex-Dga de la Cbc, également poursuivie dans cette affaire, a pris ses quartiers. Patiemment, du moins en apparence, elle attend les déclarations d’appel et de pourvoi en cassation déposés il y a une dizaine de minutes au greffe « par souci de sécurité », explique l’avocate. C’est l’objet de sa présence en ces lieux parce que : « je suis venue pour faire appel et pourvoi en cassation parce que pour moi il y a un chevauchement. Je ne vois pas pourquoi une décision qui est rendue par le tribunal de grande instance, n’est pas régit par les dispositions qui sont contenues dans le Code de procédure pénale en vigueur ». 
Interrompue à chaque fois, soit par le crépitement de son téléphone, soit par des connaissances, pour la plupart, ses pairs. Beaucoup lui témoignent leur soutien et veulent en savoir plus. Elle est tout aussi sollicitée par les journalistes. Lesquels le plus souvent demandent des nouvelles par téléphone. Surtout que cette dernière a annoncé en guise de dernière plaidoirie un peu avant le prononcé du verdict, juste après le délibéré, qu’elle interjetterait appel. Ses réponses parfois en direct pour les radios, font penser qu’elle éclaire l’opinion sur l’attitude des accusés après leur condamnation par le tribunal de grande instance… Lesquels ont tous interjeté appel. « D’après ce que le juge nous a dit, nous n’avons plus la possibilité de faire appel parce que il y a un nouveau texte qui a créé un tribunal criminel spécial avec des règles spéciales et dérogatoires du Code de procédure pénal et qui dit qu’aujourd’hui, on ne peut plus faire appel ». Par conséquent, poursuit-elle : « Il faut aller essayer de démontrer au niveau de la Cour suprême que la loi n’a pas été bien appliquée. C’est le dernier jour ». Et la défense attend de la Cour suprême qu’elle « nous dise si les juges ont bien interprété et appliqué les lois. Celles dont nous avons soulevé les exceptions». Pour elle, ce procès était « un procès interdit par la loi. Il n’aurait jamais dû avoir lieu. Puisqu’il a déjà eu lieu en 2006 et que tout le monde a apprécié, le Cameroun en premier ». 

Nadège Christelle BOWA 

Me Alice Nkom: «C’était un procès interdit par la loi du Cameroun» 
Avocate au barreau du Cameroun, elle précise les stratégies de la défense maintenant que le verdict rendu par le tribunal de grande instance condamne les accusés. L’embarras des condamnés en question. 
Samedi dernier en guise de dernière plaidoirie, vous parliez d’interjeter appel dès ce jour. Rendu au jour indiqué, vous parlez aussi de pourvoi en cassation. Comment cela s’explique-t-il ? 

Le Code de procédure pénale prévoit que les décisions que le Tribunal de grande instance rend sont susceptibles d’appel. Or entre temps, on a créé un tribunal criminel spécial qui doit sanctionner les détournements des deniers publics, etc. Cette juridiction a commencé à récupérer les dossiers qui étaient en instance par exemple auprès du juge d’instruction. Mais, quand on a commencé cette procédure, le président du tribunal nous a dit « faites-vite parce que sinon on sera obligé d’envoyer le dossier au TCS ». Alors je me dis que n’ayant pas franchi le délai qui nous amenait devant le Tcs, nous sommes encore dans les règles du Code de procédure pénale et les règles qui s’appliquent au fonctionnement du tribunal de Grande instance qui nous a jugés. Donc, je me suis permis de faire appel parce que le Code de procédure pénale le permet. Mais, par souci de sécurité et d’intérêts de mes clients, j’ai également fait un pourvoi en cassation tout à l’heure au greffe au cas où ce sont les dispositions relatives au fonctionnement du tribunal criminel spécial qu’on appliquerait. 
On est donc arrivé au terme de cette procédure du moins devant le Tgi. Comment l’appréciez-vous ? 
Cette procédure était truffée de violations de la loi. Il a été question de tout sauf de suivre la loi… Madame, je voudrais qu’on me trouve quelqu’un qui peut détourner ce qu’il n’a pas eu… 
Parlez-vous précisément de votre client ? 
De tout le monde ! M. Fotso n’a jamais eu cet argent, il ne l’a jamais vu. La personne qui l’a eu c’est Gia International et qui le reconnaît. Et nous même avons été négociés auprès de la personne qui a obtenu. Je ne peux pas vous avoir donné de l’argent et accuser votre maman de l’avoir détourné […] C’est pourquoi l’article 184 dit qu’on punit celui qui a obtenu ou retenu frauduleusement, en plus, un bien appartenant à l’Etat ou à ses collectivités, ses démembrements. Celui qui a retenu, doit d’abord avoir obtenu. Or tout le monde a entendu le ministre des Finances dire qu’il a ordonné à la Snh de faire obtenir cet argent par Gia. La Snh a fait le virement en question et Gia en a accusé réception. L’Etat camerounais le sait puisque lorsqu’il a fallu négocier après avoir refusé l’avion que Boeing avait fabriqué pour cet argent qui n’était qu’un acompte, le président de la République a lui-même choisi quelqu’un pour aller récupérer cet argent auprès de celui justement à qui on a fait obtenir cet argent. C’est-à-dire celui qui l’a reçu. Et que le Cameroun se garde bien de poursuivre pour détournement de deniers publics. 
Pourquoi ? 
Parce qu’ils savent bien qu’ils ont arrangé cela là-bas et qu’il ne peut pas, sans se plonger dans le ridicule à l’international, faire ce qu’il fait ici en interne dans le secret de son pays qu’il commande et avec une justice qu’il commande et à qui il peut faire n’importe quoi. Ils ont poursuivi le directeur général français de la Cbc parce qu’il a ouvert un compte au nom d’une société d’Yves Michel Fotso. Ce Français n’est pas ici, ils auraient donc pu poursuivre aussi l’Américain qui a reçu de l’argent. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Parce qu’ils ne peuvent pas oser exporter ce ridicule-là. Or c’est là-bas aux Etats Unis que cette affaire s’est déroulée à 99,99%. 
Pourquoi dites vous que ce procès était interdit ? 
Je le redis, c’était un procès interdit par la loi du Cameroun et même par les principes universels généraux du droit que tout le monde applique à savoir que lorsqu’un litige a fait l’objet d’un arrangement, d’une convention librement accepté et signé par les parties, cette transaction, cette convention, cet accord est exactement assimilé à un jugement rendu en dernier ressort et définitif. Et il met un terme à tout litige relatif au même sujet. 
Et comment cela s’applique au procès qui vous concerne ? 
Lorsque le Cameroun a refusé de prendre l’avion qui avait été fabriqué et dans le dossier qui a été suivi par M. Fotso à la Camair et par M. Marafa, ils ont décidé d’aller chercher comment retrouver les fonds auprès de Gia à qui le Cameroun disait avoir donné ou viré cet argent. Le président de la République a désigné lui-même un avocat en la personne de Me Akere Muna, le bâtonnier. Ils lui ont donné tous les pouvoirs nécessaires en lui donnant comme instruction d’aller essayer de récupérer tout ou partie de cet argent qu’ils avaient viré à Gia. 
Me Muna et l’avocat qu’il avait constitué sur place ont réussi à trouver un accord qui permettait au Cameroun de repartir avec un avion, un 767- 200 et de l’argent. Et moyennant quoi, le Cameroun sous la plume Me Muna a signé un document qui dit que c’est terminé, on ne demande plus rien à personne, ni aux avocats de Camair, ni aux agents de l’Etat, ni à leur personnel… On a donné toute une liste, plus jamais on ne parlera de cette affaire. Et ce document a été validé par le tribunal local à Portland dans l’Etat de l’Oregon. C’est devenu un jugement définitif sur lequel on ne revient pas. Comme quand vous êtes mort, la loi interdit de vous poursuivre. 
Alors le procureur ici fait exactement comme si Ahidjo étant mort, et détenant même son acte de décès, on décide de le poursuivre quand même. Nous sommes dans la situation de l’article 62 du Code de procédure pénal qui dit qu’on ne poursuit pas dans ce cas-là. Donc, les poursuites même sont illégales. On n’aurait jamais dû commencer. Évidemment ayant commencé au mépris de la loi, ça ne pouvait que se terminer en violation de la loi. 
Pour vous c’est clair, vous avez fait appel doublé d’un pourvoi en cassation. Qu’en est-il des autres accusés ? 
Tout le monde fait appel contre le même jugement. J’ai fait appel pour tout le monde. Eux-aussi font appel, c’est pour tout le monde. Quand il y a une violation de la loi comme il y en a plein dans cette affaire-là, on va casser l’ensemble du jugement. Tous les avocats ont fait appel pour tous les condamnés. 
…Un rappel des violations subies ? 
Je vous ai parlé de l’article 62 […] Ce que le Cameroun a fait, c’est vraiment le signe d’un pays instable, sans éthique, qui ne sait pas ce qu’il veut, qui peut changer d’avis comme il l’a fait pour le choix de cet avion, jusqu’à ce que ça capote. Et ça c’est dangereux. 
Si je pose la question, c’est qu’il nous semble que vous connaissiez ces violations et que malgré tout, vous vous êtes engagée dans cette procédure. 
Mais, le président du tribunal ne recevait aucune exception avant. Il a dit pas question, il faut qu’on aille jusqu’au bout. 

Entretien avec 
Nadège Christelle BOWA

samedi 22 septembre 2012

Lettre Ouverte adressée à M. Amadou Ali



Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre, 
Cher Grand frère, 
Depuis  des années je suis tenaillé par l’envie de t’écrire cette lettre pour te dire ce que je pense de toi. Je me suis toujours abstenu par ce que je pensais que tu aimais le Nord- Cameroun qui t’a tout donné et que ton comportement de diviseur, de gaffeur et de fervent du ‘‘ mysticisme coranique ’’ était dû à cet amour. Malheureusement, je l’ai… appris à mes dépens. 
Ce qui me décide aujourd’hui à le faire c’est le discours que tu as tenu hier après midi dans le salon du Président de l’Assemblée Nationale le très honorable CAVAYE YEGUIE DJIBRIL au cours de la réunion préparatoire de l’accueil du Président BIYA. En effet, avec ta fougue habituelle tu as exhorté les élites de l’Extrême-Nord à mobiliser fortement la population pour un accueil mémorable « pour montrer au Président BIYA que l’Extrême- nord n’est pas partie prenante du complot ourdi contre lui dans le septentrion ». 
En le disant tu exclus l’Adamaoua et vise le Nord Région natale du Ministre d’Etat MARAFA que tu as aidé BIYA à embastiller et de Mme HAMAN que tu as fait arrêter. 
Ce n’est un secret pour personne que tu n’as jamais aimé Garoua par ce que le Président AHDJO ne t’a jamais nommé Ministre comme tu le dis alors que tu étais major de ta promotion à l’ENAM. On dirait qu’on doit nommer tous les majors. 
Mais tu as oublié que sans AHIDJO tu ne serais jamais là où tu es aujourd’hui et n’aurais jamais occupé tous les postes que tu as occupés depuis 1965.  
D’ailleurs, n’es- tu pas entré à l’ENAM avec le BEPC pendant que les ressortissants du sud y entraient avec au moins le BAC ? 
N’as- tu pas profité de l’internat au Lycée de Garoua ? 
…/1 
Mais, passons. Dans ton ambition démesurée  de la conquête du pouvoir tu as tenté de diviser le Nord en créant l’Association culturelle Kanuri (AKACK). Les intellectuels kanuris qui y ont adhéré massivement au départ se sont rendus compte de la supercherie et s’y sont retiré un à un ne te laissant avec tes quelques ‘‘ doungourous ’’que tu as placé dans l’administration. 
Avec ta maladresse habituelle tu as monté l’ensemble du Grand sud Cameroun contre le Grand nord en faisant ton imprudente , insensée et tribale déclaration publiée dans le câble ‘‘ wikileaks ’’. 
Tu as voulu te présenter comme un saint des saints dans la gestion des affaires publiques mais l’affaire sud-africaine du crash du boeing de la Camair où tu t’es « sucré » sur le dos des morts en prenant cent 100 000 000 F.CFA de cet argent sale entre les mains de FOUMANE AKAME t’a formellement dément. 
Au Ministère de la Justice, dès le lendemain de ton départ ton dossier d’attribution des marchés publics a été ouvert avec des relents nauséabonds de marchés de gré à gré illégaux et des surfacturations par exemple la clôture du palais de Justice de Mora passé en avenant qui a coûté plus de soixante millions (60 000 000) F.CFA. 
Au nord, nous savons que c’est le Colonel MADOUGOU Commandant de la Légion du Nord qui suivait tes plantations de la Bénoué avec le carburant et le matériel du Ministère de la Défense c’est-à-dire de l’Etat   
Combien de forages la SNEC a-t-il réalisés dans tes vergers quand tu étais Président de son Conseil ‘Administration. 
Manquant de science et de culture tu as toujours été floué par des ‘‘ Feymen ’’. 
C’est le cas de DOOH Collins qui s’étant présenté auprès de toi comme étant un superflic spécialisé en crimes économiques ayant travaillé à la D.G.S.E française, a soutiré des centaines de millions de F.CFA des contribuables camerounais promettant de ramener les numéros des comptes bancaires des personnalités mis en cause dans l’opération épervier en Europe, en Suisse, aux USA et dans les paradis fiscaux. 
…2/ 
Il est allé se promener et est rentré les mains vides. 
Les langues se délient et on parle de plus en plus de ta gestion de ‘‘ l’affaire Bakassi ’’. 
Nous savons tous que c’est toi qui a aidé BIYA et son clan arrêter MARAFA. La preuve : Tu as envoyé discrètement le 13/10/2008  le magistrat SALATOU un Inspecteur à la Chancellerie d’origine Kanuri pour rencontrer le Juge fédéral suisse Monsieur Edmond OTTINGER pour l’influencer et le corrompre afin de citer MARAFA dans son rapport.  Malheureusement, pour toi le juge a refusé de le recevoir. 
Qu’as-tu reçu en récompense. Un petit ministère sans Services déconcentrés grâce d’ailleurs à l’intervention du Président de l’Assemblée Nationale. 
Tu passes plus de deux (2) heures de temps pour parcourir soixante cinq (65) km de route entre Maroua et ton village Kolofata. 
L’onchocercose sévit dans son village, la sous scolarisation, les mauvais résultats scolaires y ont fait leurs lits depuis belle lurette. C’est ce que les populations de Kolofata retiennent de toi. 
Ce que le grand nord retient, lui, c’est qu’à ton départ du Ministère de la Justice, tu as laissé un seul Chef de Cour d’Appel sur Vingt (20). MONGLO TODOU, le Président de la Cour d’Appel de l’Adamaoua. 
L’histoire te jugera. ‘‘ALLAH est grand ’’ 

OUMAROU DJAMANOU
Fonctionnaire retraité 
B.P. 1248 GAROUA 

Verdict de l'affaire BBJ-2

Verdict de l'affaire Marafa, Fotso et Julienne Nkounda
Le procès de Marafa vient de pendre fin et selon le juge Gilbert Schlick, Marafa Hamidou Yaya est déclarer coupable de détournement de deniers publics et condamné à 25 ans de prison.

La sentence: 
- Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Jean-Marie Assene Nkou écopent chacun de 25 ans de prison ferme. 
- Jean-Marie Chapuis, l'ex Directeur General de la Commercial Bank Cameroon (CBC), et sa collaboratrice Genevieve Sandjon, en prennent pour 15 ans chacun. 

- Julienne Kounda, ex. Directeur General Adjointe de la CBC, écope de 10 ans de prison ferme. 
En plus des peines de prison, ces condamnés sont collectivement sommés de payer des dommages et intérêts a l'Etat du Cameroun a hauteur de 21 milliards 375 millions de FCFA, tout comme leur incombe les frais du procès, soit plus de 1 milliard de FCFA. 

A compter du prononcé du verdict ce Samedi matin, les condamnés ont 48 heures pour interjeter appel. 


« Co-auteur intellectuel de détournement » selon le juge Gilbert Shlick , Marafa Hamidou Yaya , a lancé au moment de quitter la cour très militarisée du tribunal: " Je suis déçu, mais je ne suis pas vaincu". Une autre manière de dire que le combat continue. Toutefois, pour certains "marafistes" rencontrés, Marafa Hamidou Yaya n´interjettera pas appel et utilisera plutôt d´autres moyens. Lesquels? that´s the question.
Pour sa part, Yves Michel Fotso  a déclaré que "Chacun portera sa croix".  



vendredi 21 septembre 2012

LETTRE OUVERTE À MONSIEUR MARAFA HAMIDOU YAYA


LETTRE OUVERTE À MONSIEUR MARAFA HAMIDOU YAYA

Monsieur Marafa Hamidou Yaya, Suite à votre dernière déclaration, je ne peux m´empêcher de vous faire part de mes sentiments et ceci à titre personnel! Le débat pour lequel vous ne cessez depuis d´attirer l´attention des citoyens suite à votre inculpation depuis le 16 avril 2012, devrait aujourd'hui se porter ailleurs vu la médiatisation de cette affaire. 
L'opinion publique n'est PLUS aussi naïve comme l'État du Cameroun veut nous le faire croire.
Je sais que vous le savez déjà mais je tiens juste à le rappeler! Les mentalités ont beaucoup ÉVOLUÉ entretemps et la plupart des camerounais sont FATIGUÉS de jouer les SPECTATEURS devant une affaire qui n'a pas suscité leurs opinions dès le départ. De l'endroit où vous vous trouvez, loin de moi l'idée d'effleurer votre "présomption d'innocence", permettez-moi quand même "Votre Majesté", de vous citer ce célèbre journaliste et théoricien du nationalisme intégral Charles Maurras stipulant qu'une politique se juge par ses résultats. Et sur ce, vous avez échoué! Si je ne me fis qu'aux résultats de votre politique “rdpciste" par rapport à l'amélioration du niveau de vie de nos concitoyens après votre accession à multiples postes de responsabilité dans notre pays depuis 1981.
Vous conviendrez tout de même avec moi que la politique est aussi la science des exigences alors permettez-moi cher Monsieur, d'exiger de vous plus de modestie et de reconnaissance dans vos déclarations en ce qui concerne votre part de responsabilité face à l'effondrement de notre système national. Car le véritable problème est là! Ce n'est pas ce dossier, ou encore moins cette opération épervier! Ces pseudo-problèmes alimentent non seulement le quotidien des médias nationaux, internationaux mais aussi la désinformation en ce qui concerne la feuille de route de notre politique intérieure, extérieure voire de notre développement national. En d´autres termes, toute la vision que vous avez eue de notre pays et qui fait de notre nation, celle que nous sommes actuellement; à en croire l´actualité, la riser du monde sur plusieurs plans dont j'en veux pour plus récente preuve, la fuite de nos huit jeunes compatriotes partis au Jeux Olympiques à Londres défendrent les couleurs de notre pays.
Monsieur, notre pays vaut beaucoup mieux! C´est tout ce que j´ai à vous dire. Je n´aimerai pas vous suivre dans vos longues déclarations qui sont le plus souvent pleines de formes mais qui selon moi sont généralement dépourvues de fond. Sur ce, sachez tout de même qu´en face de nos postes de télévision, de nos radios et autres médias, nous observons également toute la scène de près. Et quand on parle du peuple c´est de nous qu´il s´agit. Nous avons donc naturellement notre mot à dire et la plupart d´entre nous se sent concernée et se pose des questions, à savoir, quand est-ce qu´est prévu la fin de ce feuilleton que vous nous imposer en ce moment? Qu´avez-vous exactement fait et prévu pour l´avenir de tous ces jeunes du triangle national et expatriés? Nous refusons sur ce, la simple place de SPECTATEUR PASSIF que vous nous prêtez. Soyez-en sûr je ne m´acharne pas sur vous "Votre Majesté" qui pensait jusqu´ici comme tous les autres être intouchable, mais plutôt sur tous ces processus cognitifs complexes, à savoir toutes ces prises de décisions qui ont plus ou moins influencer la vie des millions de camerounais durant toutes ces années. Nous pouvons tout de même être d´accord sur un point, vous avez fait partie de cette grande équipe qui malheureusement ne fait que de mauvais résultats, comprenez mon amertume!
Ceci dit, pas besoin d´être opposant, ou encore une de ces âmes sensibles et manipulées par une quelconque volonté; pour vous dire depuis le fond de ma tanière ce que je pense de vous, de votre politique.  Mais j´accepterais volontier ce rôle de passant qui dira à Etoudi, que vous êtes prisonnier là-bas pour avoir obéi à ses hautes instructions. Sachez qu´il y a des milliers de camerounais qui, tout comme moi en ont marre de voir ce faux spectacle suivre son cours; tandis que nos mamans, papa, et jeunes souffrent de réels problèmes dans leurs quotidiens respectifs tout en priant chaque jour qu´un quelconque messie arrive et améliore leurs situations alors que cela aurait dû être votre travail pendant toutes ces années. Alors je vous laisse sur ce, tout en vous souhaitant de moins nous divertir; parce que le peuple a besoin de conserver sa plus grande lucidité afin de rebâtir ce grand et beau pays pour nos enfants dans le but de leurs léguer ce que vous avez eu réellement du mal à nous offrir;  ce en quoi je crois encore et qui reste la motivation principale de ma lettre à savoir une véritable PAIX, un véritable TRAVAIL et une véritable PATRIE pour tous les camerounais!
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.
© Correspondance : Wesleg Nanse


UN MAGISTRAT FACE À SA CONSCIENCE


GILBERT SCHLICK, UN MAGISTRAT FACE À SA CONSCIENCE
Le président du tribunal de grande instance du Mfoundi subit des pressions. Mais il semble uniquement guidé par son indépendance dans le verdict attendu aujourd'hui.
Pour le pouvoir, M. Gilbert Schlick se révèle finalement comme la plus difficile parmi les mille inconnues d’une équation nommée BBJ-II. En tout cas, de la chancellerie à la présidence de la République, l’on s’est converti à l’idée que ce magistrat, issu de la promotion 1987 de l’Enam, a tout d’un pilote capable de mener imperturbablement son équipage en dépit de la menace des vents contraires. Et l’image est à peine exagérée.
Tant depuis l’ouverture de la procédure judiciaire de l’affaire liée à l’acquisition d’un avion présidentiel, le volet concernant MM. Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso a été rigoureusement encadré de bout en bout : projet de réquisitoire définitif du procureur de la République soumis au préalable à la validation du garde des Sceaux, comptes rendus des audiences au chef de l’Etat, feu-vert de la hiérarchie aux représentant du ministère public pour étendre leurs réquisitions au-delà du cadre défini par l’ordonnance de renvoi, etc. Rien ne semble avoir été abandonné au libre arbitre des magistrats.
Voici qu’au moment du verdict, s’inquiète la chancellerie, M. Schlick donne l’impression de vouloir réduire à néant tous ces efforts en se montrant insaisissable. Ce soupçon se nourrit non seulement de son passé de magistrat incorruptible, mais surtout épris de liberté. Qui, au moment de statuer sur la sentence dans l’affaire du BBJ-II, loin de toute influence extérieure, s’appuiera uniquement sur la pertinence de l’accusation et la force probante des preuves.
Ceux qui ont assisté de bout en bout au procès peuvent, d’ores et déjà,  faire un pronostic sur l’issue du procès. Il leur suffit de mettre sur la balance, d’un côté les réquisitions d’un ministère public clamant que M. Marafa Hamidou Yaya alors secrétaire général de la présidence de la République a hérité de la mission de conduire le processus d’acquisition d’un avion présidentiel et «sans raison valable a associé son ami Yves Michel Fotso, recouru à un intermédiaire nommé GIA International dans lequel les deux accusés ont des intérêts, au lieu de prendre attache directement avec la firme Boeing, ordonné le virement de 29 millions de dollars juste pour aider son ami à acquérir deux Boeing qu’il viendra ensuite louer à la Camair… ».
Et de l’autre côté les plaidoiries de la défense qui oppose le témoignage de l’ancien ministre des Finances Michel Meva’a m’Eboutou qui avoue devant le tribunal avoir seul décidé d’utiliser «la Camair comme mot de passe pour dissimuler la transaction aux institutions de Bretton Woods et de virer 29 millions de dollars à GIA», le réquisitoire définitif du procureur de la République attestant que le BBJ-II était prêt pour la livraison en octobre 2002, l’accord de 2006 aux Etats-Unis par lequel l’Etat a reçu 52 % de la liquidation de GIA correspondant à un Boeing 767 et 800.000 dollars, le rapport de la Bank of America qui déni tout lien entre M. Fotso et Gia, etc.
La confrontation des arguments fait perdre le sommeil tant à la chancellerie qu’au palais de l’Unité. C’est ainsi que, susurre une source fiable, il y a juste quelques jours,  un très proche collaborateur du chef de l’Etat, n’agissant pas forcément de son propre chef, a demandé au président de la collégialité chargée de juger MM. Marafa et Fotso et consorts de lui livrer en primeur ses impressions sur ce dossier. Une manière bien subtile de sonder la décision qu’il doit rendre ce jour. D’après des indiscrétions, le juge jusqu’au moment où nous allions sous presse n’avait pas toujours donné suite à cette exigence.
Une posture en porte-à-faux avec l’opinion de sa hiérarchie qui considère ce magistrat de 4è grade comme un homme sans véritable poigne.  M. Schlick doit cette appréciation à  son peu d’empressement à traduire en acte la volonté hiérarchique de mettre les magistrats de sa juridiction au pas. C’est oublier un peu que le président du tribunal de grande instance du Mfoundi,  jaloux de son indépendance, n’est pas supérieur à s’immiscer dans les dossiers instruits par ses collaborateurs.
Un mauvais augure donc. D’ailleurs, dans les annales de l’opération Epervier, M. Gilbert Schlick a déjà provoqué une jurisprudence. Dans la nuit du 3 mai 2012, il prend plus d’une personne de court en acquittant M. Jean Marie Atangana Mebara, ancien SG/PR poursuivi pour tentative de détournement de 29 millions de dollars destinés à l’achat du BBJ-II pour faits non établis. «Je ne disposais pas d’éléments pouvant me décider à le condamner. J’ai pris un acte en accord avec ma conscience», rapporte son entourage qui souffle que cette nuit-là, il s’est fait accompagner chez lui dans un taxi en compagnie d’un ami. Dès le lendemain, il mesure mieux la portée de sa décision.
Face aux manœuvres annonciatrices de représailles, celui qui est aussi médiateur au Centre permanent d’arbitrage et de médiation du Cadev reste imperturbable et menace au contraire de quitter la magistrature pour aller faire valoir son indépendance sous d’autres cieux. Surtout que, témoignent acteurs judiciaires et justiciables, ce bel homme, la cinquantaine alerte, métis et à l’âme sans doute blanche aussi, est attaché aux valeurs telles l’équité. Si bien qu’au moment où il quitte ses fonctions à Douala pour Yaoundé, sa réputation le précède déjà.
Sans doute M. Schlick n’est pas une exception dans le corps des magistrats, peuplé d’hommes et femmes plus soucieux de leur carrière et oublieux que ce cri de cœur de M. Alexis Dipanda Mouellé, premier président de la Cour suprême,  qui n’a de cesse de rappeler aux magistrats qu’à travers leurs décisions «se jouent la considération, la dignité, l’honneur, le patrimoine, la liberté, voire la vie de leurs semblables». Mais il fait partie de cette race rare d’hommes ayant embrassé la magistrature par vocation et que «la justice est « une valeur suprême qu’ils entendent défendre en leur âme et conscience». Un hommage non usurpé.

Par Dominique Mbassi
Repères N°290 du 19/09/2012

mercredi 19 septembre 2012

Guerre froide entre les pro marafa et Biya à Garoua.


Guerre froide entre les pro marafa et Biya à Garoua.


Les pro-Marafas ont décidés d’en finir avec le père de la nation et ont lancé un appel au boycottage de l’accueil du Président de la République à Garoua. Cet appel a été respecté à la lettre par les habitants de la métropole.
Accueil froid, Ils ont été accueillis par les élèves des différents lycées et Collèges de la métropole. On note également les camions de la SODECOTON qui ont déportés les  individus des périphéries de Garoua pour y assister et  applaudir le président et enfin encaisser une maudite somme de 2000 FCFA.
Malgré la présence des Gardes Présidentielles, autorités de la Défense, élites intérieurs et extérieurs et autorité religieuses, les habitants de la ville sont restés indifférents à la tournée de Paul Biya et de son épouse.

Verdict de l'affaire BBJ-2: Les «Marafistes» tentent de déstabiliser le pays

La ville de Douala ploie sous un incontournable déferlement des tracts invitant au sacrifice suprême dans le cas d'une éventuelle condamnation de l'Ex Minatd.

Il y a quelques mois, les villes de Garoua, Douala et de Yaoundé étaient les théâtres de quelques apparitions sporadiques des tracts au contenu peu perceptible et à la lisibilité quasi inaccessible. Seule la photo de l'homme inculpé de détournement des fonds destinés à l'acquisition d'un avion présidentiel le Bbj-2 tenait bien de message. Ce mode communicationnel de ses partisans dans leur souci de faire obstacle à ce qu'ils considèrent comme un harcèlement judiciaire sur fond de règlement de compte politique semble dessiner les contours d'une détermination à ne pas se laisser compter.

Le procès tire à sa fin, le verdict est attendu pour le 21 septembre 2012 prochain et déjà les opposants à l'action judiciaire entreprise par le régime de Yaoundé contre le fils de Garoua annoncent les couleurs de ce qu'ils entendent faire dès le jour même où ils entendront une sentence défavorable, contraire à leur attente. Tout en déclarant avoir pris leurs dispositions, ils annoncent être prêts au sacrifice suprême.

De cette communication Kamikaze jaillissent des préoccupations sur le mode opératoire, le nombre de partisans prêts à ce sacrifice et la durée qu'ils se fixent pour ce combat, non sans en ausculter les lourdes conséquences, au cas où cela se déclenchait; ce qui n'interdit cependant pas, à l'observation, d'avoir des appréhensions eu égard à la manière dont le juge d'instruction s'est attelé à démontrer la nécessité de la condamnation de l'ex Minatd. Laisserait-il ses partisans mettre le pays à feu et à sang ou alors leur conseillerait-il la pondération, nul ne saurait le dire en l'état actuel des faits sans risquer de se tromper. Toutefois, toujours compte tenu des incertitudes observées du côté de l'accusation, l'une des hypothèses les plus plausibles serait que l'ex-Sg/Pr soit déclaré non coupable, mais reste maintenu en détention tel que dans le cas de l'autre ex-SgPr, Jean Marie Atangana Mebara, puis une fois de plus réinculpé pour d'autres motifs dont nul autre que l'instruction n'en posséderait le contenu.

Dans ce cas il serait possible que les bombes en gestation à travers le courroux entretenu par ses partisans se désamorcent toutes seules, faisant échec à une tentative d'insurrection qui menace d'embraser le pays tout entier.

Affaire du BBJ-II: Les scénarios d'un verdict historique


Balle au centre devrait-on dire, et bien malin est celui qui peut deviner le jugement qui sera prononcé le 21 septembre au TGI du Mfoundi. «Repères» esquisse quelques scénarios d'un verdict décidément historique.

Vendredi 21 septembre, le collège des juges du tribunal de grande instance du Mfoundi en charge du procès de l'achat manqué de l'avion présidentiel BBJ-II doit rendre le verdict. Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre d'Etat, Yves Michel Fotso, ancien administrateur général de la Camair, et cie, accusés de détournement en coaction et de complicité de détournement de 31 millions de dollars, sont accrochés aux lèvres du président du tribunal, Gilbert Schlick, mais c'est tout un pays qui retient son souffle. Cette affaire s'est complexifiée par la forte coloration politique que lui ont prêtée les observateurs, mais elle est déjà en soi sans précédent dans les annales judiciaires camerounaises. 

Commencé le 16 juillet, trois mois jour pour jour après l'arrestation de Marafa Hamidou Yaya, le procès n'aura duré que deux mois et cinq jours avant de rendre son verdict. La ferveur populaire qui s'est emparée de l'affaire est certes retombée au fur et à mesure, mais c'est quasiment en direct que les audiences ont été suivies, rapportées dans les journaux comme jamais avant. Les réquisitions du procureur et les mémoires de la défense ont fait l'objet de publication intégrale dans la presse, fait sans précédent. 

Au terme d'un mois et demi de débat, ponctué par les dépositions des accusés, des témoins et des pièces à conviction, le ministère a, le 27 août, requis la culpabilité de Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Cie. Le 6 septembre, dans leurs mémoires de défense, les avocats ont élaboré sur l'innocence des accusés et demandé un acquittement pur et simple. Balle au centre devrait-on dire, et bien malin est celui qui peut deviner le jugement qui sera prononcé le 21 septembre au TGI du Mfoundi. «Repères» esquisse quelques scénarios d'un verdict décidément historique. 

SCÉNARIO 1: MARAFA HAMIDOU YAYA ET YVES MICHEL FOTSO SONT ACQUITTÉS 

Ce scénario serait un coup de tonnerre sans être un coup de théâtre. Car s'ils sont apparus coupables avant d'entrer dans la salle d'audience à l'ouverture de leur affaire le 16 juillet, Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso ont mené un procès qui a renversé la tendance générale de l'opinion publique. Avec la force du témoignage vivant et une abondante documentation, soit près de 200 pièces versées au dossier de procédure, ils ont détricoté des idées reçues et tordu le cou aux thèses longtemps entretenues pour astiquer leur culpabilité. Par exemple l'histoire de 16 des 31 millions de dollars débloqués qui seraient revenus dans les caisses de la CBC, et, partagés, en espèces entre complices du détournement à fait pschitt pendant le procès. Tout comme l'accusé n'a pas pu démontrer que GIA, qui avait reçu les 31 millions de dollars, Fotso et Marafa étaient un groupement d'intérêts communs. En tout état de cause, au vu des débats, Gilbert Schlick a de quoi motiver la relaxe pure et simple des accusés. 

Seulement, les conséquences politiques d'un tel verdict, pourtant déjà envisagé dans le sérail, seraient importantes, notamment dans la gestion du phénomène Marafa Hamidou Yaya, l'homme des quatre lettres qui ont fait bouger le système et qui a publiquement exprimé ses ambitions présidentielles. L'encore membre du bureau politique du parti au pouvoir mettrait le pouvoir dans l'embarras, divisé qu'il est sur son cas, notamment au sujet de son avenir dans le RDPC. N'ayant jamais prononcé de décision d'exclusion d'un de ses militants, le parti au pouvoir garderait-il dans ses rangs cet ancien apparatchik devenu incontrôlable et très probablement vindicatif ? Oserait-il l'exclure sans provoquer une vraie scission, la première du genre dans la vie de la formation créée par Paul Biya et qui affiche 28 ans de vie au compteur? Marafa Hamidou Yaya, lui-même, prolongerait-il son chemin dans le RDPC dont certains membres, pontes du régime, ont travaillé à son arrestation? 

La question de l'avenir de l'ancien Minatd dans l'hypothèse d’un acquittement n’est pas qu’une préoccupation pour le sérail, mais également pour lui-même. En effet, s’il est acquis qu’une sortie de prison serait célébrée par ses partisans, il n'est pas sûr qu'il puisse tenir sur la distance son statut d'opposant au système, exposé qu'il serait à l'usure et à l'accommodation. Le destin à la Mandela qu'on lui prête ne vaudrait que si sa détention est prolongée, lui façonnant alors un statut de martyr. 

De plus, un acquittement de Yves Michel Fotso et de Marafa Hamidou Yaya signifierait que le processus d'achat manqué d'un avion présidentiel (d'abord le BBJ-II puis l'Albatros), entamé en 2001 et achevé en 2004, est un échec retentissant mais n'a pas de responsable, ou alors pas de coupable à indexer. En effet bien qu'il ait manifesté l'intention de faire payer les responsables de ces déconvenues, le chef de l'Etat n'a encore aucun coupable définitif à se mettre sous la dent. Bien qu'il n'y ait à ce jour ni avion présidentiel, ni le retour des ressources financières débloquées (près de 30 milliards de francs) pour cette dépense dite de souveraineté. 

Le cas Fotso serait tout aussi difficile à gérer, notamment dans le strict cercle familial, où les positions se sont tranchées en son sujet. Relaxé, quelle place lui garderait-on dans la-vaste cour de son richissime père, qui ne s'est présenté à aucune de ses audiences ? Et quelle serait l'attitude de ses frères, qui l'ont enterré trop tôt? 

Enfin, une relaxe des accusés de l'affaire du BBJ-ll mettrait la pression sur le procès en appel de l'affaire Albatros, actuellement pendant à la Cour d'appel du Centre, et qui met en présence, entre autres, l'ancien SGPR, Jean-Marie Atangana Mebara. Ce dernier avait déjà été acquitté en instance, preuve que sa défense n'est pas faible. 

SCÉNARIO 2: LES ACCUSÉS SONT TOUS CONDAMNÉS 

A la lecture des réquisitions du parquet le 27 août devant le tribunal de grande instance, du Mfoundi, on peut constater qu'il n'a pas varié d'un pouce dans sa volonté d'obtenir la culpabilité de Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso. Ignorant tous les éléments apportés au dossier et comme sourd aux nombreux témoignages enregistrés à la barre, y compris de ses propres témoins, le procureur a requis la condamnation des accusés. Une attitude qui cache plus la faiblesse de l'accusation bien malmenée au cours du procès, qu'elle ne s'appuie pas sur des éléments probants et irréfutables. 

Quoi qu'il en soit, la culpabilité des accusés les expose, si le président du tribunal le suit, à une peine d'emprisonnement à vie, requis par le code pénal pour un détournement supérieur à 500 000 francs CFA. Dans cette hypothèse, bien malin celui qui pourrait fixer la peine à infliger effectivement, la condamnation à vie étant jusqu'ici l'exception dans l'opération Epervier. 

Cette condamnation ferait rejaillir les accusations d'opération politique qui ont plombé ce procès dès l'arrestation de Marafa Hamidou Yaya le 16 avril. Yves Michel Fotso pourrait courir le risque d'un engloutissement par l'univers carcéral, mais il sait beaucoup de choses sur le dossier CBC et serait vite rappelé dans l'actualité par le dossier de la Camair pour lequel une plainte a été déposée en février par la liquidation. On a bien vu l'agitation dans le landernau après la sortie de ses avocats à propos des débiteurs de la CBC, dont il n'avait rien dévoilé des réels noms qui se cachent derrière les entreprises citées. 

Marafa pourrait aussi continuer à perturber le pouvoir, compte tenu de la nouvelle stature qu'il s'est tissé avec cette affaire. Grâce à ses lettres ouvertes, il a montré son pouvoir de nuisance et engagé une œuvre de sape qui a obligé le pouvoir à prendre l'initiative des négociations. Son aura populaire pourrait croître au fur et à mesure des années passées derrière les barreaux. 

SCENARIO 3: L'UN DES DEUX ACCUSÉS EST CONDAMNÉ 

C'est une hypothèse faiblement possible. L'accusation a mis Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso dans le même sac. Toute la thèse du ministère public repose sur le fait que ce sont deux complices, coauteurs du détournement de 31 millions de dollars qu'ils ont planifié et mis en œuvre avec une pernicieuse intelligence. Si, les responsabilités étaient séparées, la thèse de l'accusation tomberait à l'eau.

vendredi 14 septembre 2012

Le juge Gilbert Schlick à l'épreuve.

Affaire Marafa: Que peut faire le juge Schlick? A une semaine du verdict, les scénarii d’une décision de justice attendue.
Le 21 septembre, le juge Schlick devra, aux yeux du monde entier, montrer que le Cameroun est un pays de justice et de paix où le juge rend son verdict au nom du peuple camerounais. Toutes proportions gardées, le verdict attendu dans l’affaire Marafa ressemble à celui qui devait sanctionner l’élection présidentielle controversée de 1992. Les Camerounais étaient alors suspendus aux lèvres de Dipanda Mouelle, président de la cour suprême, qui déclarera contre toute attente le candidat Biya vainqueur face à son challenger John Fru Ndi. Autre temps, autres mœurs ? Le peuple camerounais attend le verdict dans le procès qui oppose l’Etat du Cameroun à Marafa Hamidou Yaya et consorts. Le juge Schlick doit vider son délibéré le 21 septembre prochain, en disant si Marafa est coupable ou innocent dans une affaire qui passionne l’opinion publique. Coupable, Marafa va subir l’opprobre et de longues années de prison. Innocent, il devrait être libéré et libre de tout mouvement. C’est ici que la responsabilité du juge Schlick est grande, qui consiste à rendre justice en toute équité. 

Equité ? Tel est le mot qui colle à la peau du juge Schlick dont le nom, à consonance juive, peut induire en erreur pour ce Camerounais de père d’origine étrangère et de mère mbamoise. Le hasard n’existe pas. A Douala où il officiait avant d’être muté à Yaoundé, les malfrats l’appelaient petit-Jésus avec un respect mélangé d’admiration. Hommage du vice à la vertu ? Schlick était réputé pour ses verdicts équitables et qui ne souffraient pas de contestation, tant pour les coupables que les innocents. On se souvient que c’est le même magistrat qui a acquitté Jean Marie Atangana Mebara, l’une des grosses prises du rapace. Selon un avocat, Gilbert Schlick est le seul magistrat dont les sentences provoquaient des standings ovations (acclamations) de tout l’auditoire, y compris de la part des mis en cause. La cinquantaine entamée, de taille et de corpulence moyenne, le teint très clair, on le dit simple, discret, d’une sobriété qui n’a d’égal que son calme et sa courtoisie. 

Petit-Jésus va-t-il jeter la première pierre à celui qu’on lui présente comme le chef d’un redoutable réseau de voleurs en col blanc ? Le ministère public et les avocats de l'Etat du Cameroun ont requis la culpabilité des trois accusés présents devant le tribunal grande instance du Mfoundi, MM. Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso et Mme Julienne Nkounda. Au bout de près de huit heures, le procureur avait tenté de démontrer que l'ancien Minatd et l'ancien Adg de la Camair ont monté un stratagème pour faire débloquer les fonds publics par le ministre des Finances, M. Michel Meva'a m'Eboutou, qualifié de fonctionnaire loyal, au bénéfice de GIA International. Des fonds qu'ils se seraient partagés à travers des sociétés que l'accusation a énumérées comme la preuve même d'une machination bien conçue et exécutée avec une cupidité diabolique. Pour le procureur, Marafa est le principal responsable du crime. Le procureur lui met également sur le dos la tentative du virement dans son compte de un milliard Fcfa. Les avocats de l’Etat se sont associés naturellement aux réquisitions du procureur ainsi que le représentant du ministère des Finances ! 

Désespérance 

Ce que Me Alice Nkom n’entend pas concéder aux accusateurs. Selon elle, Marafa est l’agneau du sacrifice : « jusqu’au 26 Juin 2012, l’inculpé Marafa Hamidou Yaya n’a pas pu obtenir les pièces de la procédure afin qu’il puisse préparer sa défense. Ceci constitue une violation des droits de la défense conformément aux dispositions de l’article 3 du Code de procédure pénale de nature à entraîner la nullité de la présente procédure ». Dans sa plaidoirie, elle a évoqué la « détention illégale et tout aussi arbitraire du ministre d’Etat, l’ingénieur en pétrochimie Marafa Hamidou Yaya » que les accusateurs vont « continuer à poursuivre, à accuser et à chercher, par tous les moyens, et surtout les plus douteux, à obtenir de votre tribunal et du peuple camerounais au nom de qui la Justice est rendue, la moindre déclaration de culpabilité et encore moins, la moindre condamnation de nos nobles concitoyens ici présents ». Le 21 septembre pourtant, résonnera encore aux oreilles, comme en écho, le dernier mot de Marafa à l’adresse de la collégialité présidée par le juge Schlick pour conclure sa défense à la fin des plaidoiries «Condamnez-moi pour avoir obéi aux instructions du président de la République. Reconnaître mon innocence, et la reconnaître publiquement, sera votre manière de marquer que le temps est venu d’arrêter cette marche vers la dissolution de notre Nation, et de retrouver le chemin qui nous mène à l’avènement d’une Société de Confiance ». 

La balle est dans le camp de la Justice. Comme lors du verdict de la Cour suprême concernant l’élection présidentielle de 1992, jamais juge camerounais n’a eu autant d’espoirs, autant de regards, portés sur lui. Petit jésus suivra-t-il les accusateurs qui ont tout simplement demandé au juge « d’envoyer ces démons dans leur enfer » ou choisira-t-il, comme son homonyme de Nazareth, de dire à ceux qui exigent la lapidation de Marafa: « Déliez-le et laissez-le aller » ? 

C’est un homme et non un dieu. « S’il est exagéré de dire que Gilbert Schlick est une exception dans l’univers de la Justice camerounaise, il faut reconnaître qu’il est aujourd’hui l’une des figures représentatives de ces magistrats de vocation pour lesquels la justice est une valeur suprême qu’ils entendent défendre courageusement, en leur âme et conscience ». Le 21 septembre, seul avec sa conscience, il choisira de prendre date avec l’histoire au panthéon des hommes qui marchent debout, ou il s’en éloignera, replongeant la Justice et partant le Cameroun dans la nuit noire de la désespérance…