Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

lundi 10 juin 2013

PAUL BIYA ASSOUPLIT L’ISOLEMENT DE MARAFA

Le chef de l’Etat a autorisé l’entrevue de mardi dernier entre l’ex ministre d’Etat incarcéré et l’ambassadeur des États-Unis à Yaoundé.
L’entrevue entre Marafa Hamidou Yaya et Robert P. Jackson au secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie nationale à Yaoundé (Sed), mardi 4 juin dernier, a été, selon nos sources, autorisée par le président de la République, Paul Biya. Lors d’une récente audience au palais de l’Unité, l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé a exprimé au chef de l’Etat, de vive voix, sa volonté de rencontrer l’ex secrétaire général de la présidence de la République incarcéré à la prison secondaire de Yaoundé VI logée au Sed.
C’était avant le départ de Paul Biya, dimanche 26 mai dernier, pour un court séjour privé en Europe en compagnie de son épouse Chantal Biya. D’après des indiscrétions glanées au cours de cette audience (très probablement celle du jeudi, 23 mai dernier, lorsque le chef de l’Etat a reçu au palais présidentiel Mme Cynthia Akuetteh, sous-secrétaire d’Etat américaine pour les Affaires africaines, qu’accompagnait l’ambassadeur Robert P. Jackson), la requête du diplomate américain a reçu l’assentiment du chef de l’Etat qui a fait contacter le Sed, Jean-Baptiste Bokam, pour lui donner les instructions appropriées à cet effet.
Toujours dans les coulisses de la préparation de cette rencontre, nos sources ajoutent que le Sed a par la suite saisi Robert P. Jackson pour l’informer des instructions qu’il a reçues de la plus haute autorité de l’Etat. C’est ainsi que le rendez-vous a été arrêté pour mardi dernier. Et la rencontre entre Marafa Hamidou Yaya et le diplomate américain a eu lieu les jour et heure convenus, ainsi que l’ont révélé nos confrères de Mutations hier.
Conditions de détention
Nos sources ne précisent cependant pas pourquoi l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé a souhaité rencontrer l’ex-secrétaire général de la présidence de la République. Tout comme elles n’indiquent pas la teneur de l’entretien auquel ont pris part des conseillers de l’ambassade. Pour l’instant, c’est le flou total. D’autant plus que l’ambassade américaine à Yaoundé reste discrète sur cette rencontre et sur les conditions de sa préparation.
Reste des questions. Marafa Hamidou Yaya a-t-il demandé cet entretien ? Pourquoi ? Etait-ce au contraire à l’initiative du diplomate américain à Yaoundé ? Pourquoi ? Nos confrères de Mutations indiquent, eux, que les échanges ont porté sur l’affaire du BBJ-II (l’opération d’achat d’un avion présidentiel qui a valu à Marafa sa condamnation) et sur ses conditions de détention. Mais le contexte de cette rencontre pourrait fournir d’autres indices. Elle a eu lieu le lendemain de la publication de la sixième lettre de Marafa Hamidou Yaya emprunte d’un ton mesuré à l’égard du président de la République.
Elle survient aussi alors que des nouvelles inquiétantes font état de la lente dégradation de l’état de santé de l’ancien ministre d’Etat. Cet entretien pourrait aussi signifier que pour les Américains, Marafa H. Yaya reste un acteur du jeu politique au Cameroun. Dans un câble de Wikileaks, évoquant une conversation du 09 février 2010 entre Janet Garvey, à l’époque ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, et l’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mme Garvey ne décrivait-elle pas Marafa comme l’un des membres du gouvernement les plus ouverts, intelligents et influents ?
Il ne fait certes plus partie du gouvernement. Mais reste un homme introduit malgré son incarcération. Pour preuve, il a pu publier dans le quotidien Le Monde une tribune qui a fait ombrage à la séance de travail, le même jour, entre François Hollande et Paul Biya à l’Elysée en janvier dernier.
© Le Jour : Claude Tadjon

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