Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

vendredi 7 juin 2013

L’AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS REND VISITE À MARAFA

Robert P. Jackson et le célèbre prisonnier du Sed ont échangé mardi dernier sur l’affaire de l’avion présidentiel.
L’information a l’air suffisamment embarrassante à telle enseigne que les diplomates et fonctionnaires de l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé refusent d’en parler. Mutations a appris, de sources généralement bien informées, que l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Robert P. Jackson, en compagnie de ses conseillers, ont rendu visite à Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr),  au secrétariat d’Etat à la défense (Sed) où il est détenu depuis bientôt neuf mois, après avoir écopé d’une condamnation de 25 ans de prison en compagnie de son ami, Yves Michel Fotso, dans l’affaire du BBJ-II.
Cette visite de l’ambassadeur des Etats-Unis est intervenue mardi, au lendemain de la sortie de la 6ème lettre de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), dans laquelle il demande la suppression du poste de Premier ministre et une répartition équitable des sièges au sein de l’Assemblée nationale.
Arrivée en fin de matinée, Robert P. Jackson, a été reçu dans le bureau du secrétaire d’Etat à la défense, chargé de la gendarmerie nationale, Jean-Baptiste Bokam. Les échanges protocolaires et civiques ont eu lieu en présence de hauts gradés de la gendarmerie. Très vite, l’objet de la visite au détenu Marafa a été abordé. C’est ainsi que Jean-Baptiste Bokam a donné des instructions afin que Marafa Hamidou Yaya puisse être extrait de sa cellule.  Ce dernier a quitté son lieu de détention à pied, pour rejoindre l’ambassadeur des Etats-Unis qui l’attendait au bureau du Sed. D’après nos informations, au-delà des conditions de détention, les échanges ont porté sur l’affaire du BBJ-II dans la mesure où une partie de l’affaire s’est déroulée aux Etats-Unis.
En effet, l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun a été d’un très grand apport pour Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso dans le cadre de la bataille juridique au sujet de l’affaire BBJ-II. Car, au-delà de l’authentification de certains documents, la représentation diplomatique américaine a fait parvenir au Cameroun des documents qui se trouvaient encore aux Etats-Unis ; dans la mesure où deux entreprises américaines ont participé au processus d’acquisition de l’avion présidentiel : Gia International et Boeing.
Plus, l’ancien Sg/Pr et l’ancien administrateur directeur général de Cameroon airlines (Camair) convoquent jusqu’à ce jour l’argument de « l’autorité de la chose jugée », pour dénoncer leur incarcération. Car, en 2004, l’affaire de l’avion présidentiel a été jugée aux Etats-Unis, devant le tribunal de l’Oregon. Devant la juge américaine, Lynda Johansen, l’entreprise américaine, Gia International, avait remboursé à l’Etat du Cameroun, un Boeing évalué à hauteur de 16 millions de dollars (l’avion a disparu de la flotte de la Camair) et près de 800 000 dollars.
Une procédure dont Me Akere Muna, conseil de l’Etat du Cameroun et Yap Abdou, président du Tribunal criminel spécial, en service à l’époque à la présidence de la République, ont parfaitement connaissance. A ceci, s’ajoute la procédure engagée aux Etats-Unis par Yves Michel Fotso contre des responsables camerounais. Cependant, il est difficile de savoir quelles étaient les réelles motivations des diplomates américains qui n’ont à titre de rappel, jamais rendu visite à un détenu de l’opération Epervier depuis son déclenchement en 2006, bien qu’ils sont réputés être à l’origine de cette campagne d’assainissement.
En revanche, les câbles de wikileaks nous apprennent que les prédécesseurs de Robert P. Jackson au Cameroun, à savoir, Niels Marquardt et Janet Garvey ont manifesté de l’admiration pour l’ancien Sg/Pr, qu’ils trouvaient compétent, ouvert, astucieux et qualifié pour la succession. D’après ces télégrammes, Marafa était le seul collaborateur de Paul Biya qui a admis avoir une ambition présidentielle, lors des échanges avec les Américains. Toujours aux diplomates du pays de l’oncle Sam, Marafa avait confié, au sujet de l’opération Epervier : « Je peux me retrouver en prison », comme pour indiquer que personne n’est à l’abri des serres du rapace.
© Mutations : Boris Bertolt

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Faites vos analyses et commentaires en toute liberté.