Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

jeudi 27 juin 2013

Les six charges retenues contre Iya Mohammed.

Après dix jours de garde à vue au service central des recherches judiciaires du Secrétariat d'Etat à la Défense (SED) chargé de la gendarmerie, Iya Mohammed, le futur ex-Directeur Général de la Sodecoton, a enfin été transféré à la prison centrale de Kondengui le 19 juin 2013. Si l'opinion publique a vaguement été informée depuis ce jour-là que le patron de la Sodecoton a été inculpé pour détournement des deniers publics, L'œil du Sahel sait, sur la base des sources internes au Parquet général près le Tribunal criminel spécial (TCS), que six chefs d'inculpation ont finalement été retenus dans l'affaire Iya Mohammed. C'est autour de ces inculpations que le juge d'instruction chargé du dossier va mener l’information judiciaire. 
Interpellé le 10 juin 2013 et incarcéré à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, le futur ex-Directeur Général de la Société de développement du coton (Sodecoton) est directement impliqué dans cinq de ces six charges. Il n'échappe donc qu'à une seule, celle imputée au caissier Abdoulahi, qui est poursuivi pour de présumés prélèvements injustifiés dans les caisses de la Sodecoton à hauteur de 3.054.195 FCFA. 
Dans les détails, selon ces sources, le futur ex-Directeur Général est poursuivi pour avoir perçu des avantages salariaux indus à hauteur de 24.365.000 FCFA; d'avoir en coaction avec Lucien Fotso (Directeur comptable) Mahamat Karagama (Directeur des Ventes) et Mbaiougam Christophe (en fuite) fait perdre à la Sodecoton, notamment sur l'huile et les tourteaux, 8.564.980.573 FCFA. Iya Mohammed est également poursuivi en coaction avec Lucien Fotso et Pierre Kaptene (Président de Coton sport) pour de présumées dépenses sans rapport avec l'objet social de l'entreprise et sans l'habilitation du Conseil d'administration au profit des associations Sportives à hauteur 4.733.327.563 FCFA. Un présumé prélèvement de 7.050.000 de FCFA est imputé également à l'ex-futur Directeur Général de la Société de développement du coton et à Jean Fouagou, chef service des stocks et Secrétaire de la Commission de passation des marchés. Le dernier chef d'inculpation est relatif au paiement présumé d'une prestation injustifiée de l'ordre de 350.000.000 de FCFA. Iya Mohammed est associé dans cette charge avec Jérôme Minlend. 
Au total, Iya Mohammed est inculpé pour de présumés détournements de près de 13,7 milliards de FCFA. Un montant supérieur aux 9 milliards de FCFA contenus dans le rapport du Conseil de discipline budgétaire et comptable (Cdbf) du Contrôle supérieur de l'Etat rendu public le 27 mars 2013. 
Sur le chapitre «Huile et Tourteaux», alors que le Cdbf lui impute des fautes de gestion de près de 4,4 Milliards de FCFA, les limiers du SED évoquent un présumé détournement de 8,5 milliards de FCFA. Sur le chapitre des «associations sportives», il lui est désormais reproché en coaction avec Lucien Fotso et Kaptené un détournement présumé de 4.733..327.563 FCFA là où le rapport du Cdbf avait trouvé une faute de gestion de 3.778.045.668 FCFA. 
Des fautes de gestion contenues dans le rapport du Cdbf ont également réduites à leur plus simple au SED. Les avantages indus imputés à Iya Mohammed, arrêtés dans ledit rapport à concurrence de près de 300.000.000 de FCFA ont fondu pour se situer désormais à 24.365.000 FCFA. 
Certains se demandent déjà comment, en une dizaine de jours d'enquête seulement, les fins limiers du SED sont parvenus à des résultats aussi extraordinaires, dénichant au cours de l'enquête des «failles» qui ont échappé aux inspecteurs d'Etat qui, eux, ont pourtant passé plusieurs mois à la Sodecoton dans le cadre de cette affaire? En tout cas, il revient désormais au juge d'instruction de démêler l'écheveau au cours de l'instruction dont le délai ne peut excéder six mois. 
Iya tire sa révérence 
Le Conseil d'administration extraordinaire de la Société de développement du coton eu lieu le  25 juin 2013, à Garoua, dans la salle de réunion des services du Gouverneur de la région du Nord. L'unique point à l'ordre du jour fût la désignation du nouveau Directeur Général de la société, Iya Mohammed étant incarcéré à la prison central de Kondengui à Yaoundé depuis le 19 juin 2013. 
Actionnaire de référence (59%), l'Etat va donc désigner à la barre de la filière coton un nouveau capitaine après 29 ans d’Iya Mohammed aux commandes. 
Ce jour, il  était près de 18h quand le conseil extraordinaire de la Sodécoton qui se tenait dans les services du gouverneur de la région du Nord a rendu public le nom du nouveau directeur général de la société. Abdou Namba, un nom qui a trahi tous les pronostics de la population du Nord et même du Cameroun. 
Au moment où Iya Mohammed tire sa révérence, observateurs et spécialistes de la filière s'accordent à dire qu'il laisse une société en bon état, au bilan flatteur. La Sodecoton pratique aujourd'hui le prix le plus élevé en Afrique subsaharienne (265 FCFA/kg) et dispose d'un fonds de réserve logé à la Beac, de l'ordre de .17, 5 milliards... La société, fait rarissime an Cameroun, distribue depuis quelques armées des dividendes à ses actionnaires, dont l’Etat comme nous l'indiquions plus haut (59%), Geocoton (30%) et la SMIC, (11%). Reconnu sur le plan international comme un des meilleurs connaisseurs de la filière en Afrique, il présidait aux destinées de l'Association Cotonnière Africaine (ACA) mangement de la Sodecoton était toujours pris en exemple.

mardi 25 juin 2013

Félicitations de Blatter à Iya M.

Quelques jours après sa réélection controversée à la tête de la Fédération camerounaise de football, Iya Mohammed vient de recevoir un soutien de poids : celui de Sepp Blatter, le boss de la FIFA. Dans la bataille pour le contrôle de la Fécafoot qui bat toujours son plein malgré l’assemblée générale élective de mercredi dernier, le camp Iya Mohammed, au pouvoir depuis 15 ans, vient de marquer un point capital qui pourrait même être décisif. Alors qu’on attendait impatiemment la position de la FIFA sur les conditions très controversées dans lesquelles s’est déroulé le processus électoral à la fédération camerounaise de football, Sepp Blatter, le grand patron du football mondial, vient de réagir.
En cette date du 24 juin 2013, il a adressé une correspondance à Iya Mohammed pour le féliciter de sa réélection à la barre de la Fécafoot. « Votre réélection est clairement un vote de confiance en vos capacités de la part de la communauté footballistique camerounaise et j’espère m’appuyer sur notre amitié et notre excellente collaboration pour améliorer notre bonne gouvernance », indique Sepp Blatter.
Dans la foulée, le président de la FIFA affirme qu’il a l’intime conviction que la riche expérience, les connaissances et les qualités personnelles de son homologue camerounais auront « un impact significatif sur le développement stable de notre sport au Cameroun ».
Pour conclure, l’auteur de la correspondance souhaite « chance, courage et réussite pour tous les défis qui s’offriront » à Iya Mohammed. Ce dernier est vraiment dans le besoin de ce soutien moral : la correspondance du patron de la FIFA tombe alors que son destinataire est depuis quelques jours derrière les barreaux, inculpé de détournement de fonds publics dans sa gestion de la Sodecoton.

© Football365/FootSud : Paul Nana

lundi 24 juin 2013

Iya Mohammed écrit à Paul Biya.

A Son Excellence Monsieur Paul BIYA,
Président de la République du Cameroun
Palais de l'Unité - Yaoundé


Monsieur le Président de la République,
En dépit de mon engagement à toujours remplir fidèlement mes fonctions à la tête de la SODECOTON, je suis tourmenté depuis de longs mois par des accusations non fondées de vos Services de Contrôle.
Nul ne doute que dans ce contexte, l'information sur un préjudice financier de 9 milliards causé à l'entreprise par mon fait vous est parvenue. Par devoir de sécurité, il me revient de vous dire la vérité.
Voyez-vous, à la suite de cette décision, entre autres humiliations, je devais présider le mercredi 03 avril 2013 le Conseil d'Administration de la Société des Servies pour l'Europe et l'Afrique à Paris, j'ai été refoulé publiquement à l'aéroport de Douala et mon passeport retiré. Le discrédit s'est du reste internationalisé, puisque j'étais déjà attendu en France.
Mais le plus important pour moi reste la décision que vous prendrez sur mon avenir, suite à la décision arbitraire du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière. Déjà dans sa démarche, l'instance n'a donné la parole à aucun de mes conseils qui ont néanmoins, à la veille des délibérations déposé leurs conclusions.

1.- LES FAITS.
Après un séjour de plus de 6 mois et de nombreux autres recoupe¬ments à la SODECOTON, les Inspecteurs d'Etat ont rendu un rapport portant sur la gestion des années 2005 à 2010, rapport qui ne m'a jamais été communiqué au motif qu'il n'est destiné qu'au chef de l'Etat. Mais nous l'avons tout de même retrouvé quelques temps après entre les mains d'un étudiant, le nommé DJARYANG Samuel qui m'a questionné sur le dossier par voie électronique.
Par la suite, j'ai été, en ma qualité de Directeur Général, traduit à titre individuel et personnel, sans un autre dirigeant ou employé de l'entreprise, à répondre de 38 griefs devant le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière.
Je n'ai pas compris comment, un Directeur Général pourrait répondre s'il y en avait, d'une quarantaine de fautes techniques d'une entreprise de 3.000 personnels sans qu'il ait été identifié le moindre dysfonctionnement imputable à un collaborateur ou quelque autre dirigeant que ce soit.
Résultat, j'ai été condamné comme vous le savez, à rembourser à la SODECOTON, 9 milliards de francs, dont prés de 4 milliards représentant l'équipement du complexe sportif de l'entreprise et le management de son club de football corporatif.

2.-Eléments d'analyse des griefs retenus.
En rejetant une vingtaine d'accusations des Inspecteurs d'Etat parmi les plus grossières, le Conseil en a donc retenu 20, dont 12 induisant selon lui un préjudice de 9 milliards.

Monsieur le Président de la République,
Vous avez promis que les gestionnaires véreux vont «rendre gorge». Puis, en répondant au souhait de la majorité des Camerounais, vous avez aussi envisagé le remboursement du corps du délit par son auteur dans une récente réforme de l'organisation judiciaire et des procédures pénales, concrétisées par la création d'une juridiction spéciale (le TCS). Mais le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière devrait-il vendre l'illusion au public?
En analysant ci-dessous ne serait-ce que les cinq (5) premiers griefs valant 8 milliards et demi, les 9 milliards sont en effet illusoires.

a)- Dissimulation de recettes (fautes de gestion 1 et 2): 2 861 098 161 F. Ni la Direction Générale, ni aucun organe d'audit de l'entreprise ne se reconnaît dans cette affirmation concernant les ventes.
Le cabinet du Directeur Général ne dispose pas de guichet de vente. Je ne saurais donc dissimuler une recette.
Pour toute démarche, les vérificateurs ont contesté les soldes des stocks d'huile et d'aliments de bétail (tourteaux). Mes collaborateurs des services techniques leur ont montré comment il faut les calculer et il m'a semblé qu'ils ont compris simplement.
C'est la première fois que j'entends parler de dissimulation de recettes depuis le début de cette affaire.
En revanche, si un de mes collaborateurs dans le circuit de vente a fauté, en 6 mois d'investigations grassement payées par l'Etat à Garoua, les Inspecteurs d'Etat devraient avoir identifié la position de travail de l'entreprise où les recettes sont dissimulées, interroger l'agent en cause, avant de remonter éventuellement aux autres niveaux hiérarchiques et impliquer enfin, le cas échéant, le Directeur Général. Cela aurait été professionnel.
Pour ne l'avoir pas fait, je reste convaincu qu'il s'agit d'une affirmation purement gratuite.

b)- L'octroi des ristournes (faute de gestion n°3): 1 509 871 966 F C'est la première fois que j'entendrais que pour attribuer une ristourne, une Assemblée Générale d'actionnaires doit d'abord se réunir. Aucun acte pour me l'opposer n'a été cité, ni par les Inspecteurs d'Etat, ni par le Conseil de Discipline.
Dans tous les cas, la SODECOTON, société d'économie mixte n'est pas née avec moi et l'attribution de la ristourne a toujours relevé de la Direction Générale, compétence que les actionnaires n'ont pas revendiquée non plus des décennies.
Bien plus, que représentent les ristournes de 1,5 milliard en 6 ans sur un marché aussi concurrentiel que celui des huiles dont certaines affluent du Nigeria voisin?
La Sodecoton n'en a distribué que l'équivalent de 250 millions par an en nature. Les Inspecteurs d'Etat auraient dû se rapprocher des entreprises comme Guinness pour comprendre le poids de la ristourne en entreprise commerciale où le client est roi. Elles sont attribuées dans ces sociétés en espèces sonnantes et trébuchantes pour fidéliser la clientèle. Nous nous contentons de donner de l'huile en cadeaux à nos gros acheteurs et l'on en fait un procès. Sommes-nous une entreprise rudimentaire?

c)- L'engagement des dépenses au profit d'une association sportive (faute de gestion n°4): 3 778 045 668 F. Le Conseil de Discipline reste muet sur l'association sportive dont il s'agit; sa gêne est compréhensible.
L'entreprise finance chaque année sur son programme d'activités et son budget approuvé, en plus des actions liées à son objet principal, de nombreuses actions à caractère social, dont le développement du sport. A la suite de la dynamique sportive de son personnel, elle a consenti depuis plus de 20 ans à appuyer son club corporatif et va même au-delà en soutenant de nombreuses autres équipes du septentrion, avec l'accord constant des autres organes de gestion, fiers de leur équipe.
En effet, les dirigeants de la SODECOTON sont conscients de ce que, sans ce genre d'appui, le septentrion, zone défavorisée par la nature mais très peuplée de jeunes, serait pratiquement rayé de la carte du sport. A preuve, en dépit du maigre appui apporté aux autres équipes de cette partie du pays, seul le club de football de l'entreprise se maintient durablement à l'élite domine le championnat de la tête aux pieds et reste sur la scène internationale depuis une quinzaine d'années.
Où se trouve donc le préjudice? L'immense complexe sportif de l'entreprise est en place, l'équipe offre à la jeunesse un encadrement modèle.
La SODECOTON est-elle seule à financer le sport ? MTN et ORANGE qui sont étrangères au Cameroun sacrifient des milliards chaque année pour notre sport, idem pour les Brasseries du Cameroun.
Nous nous serions attendus à ce que les Inspecteurs d'Etat vérifient que les moyens que nous décaissons pour le sport y parviennent effectivement. Ils en ont eu pour 6 mois à Garoua.
La SODECOTON est une entreprise citoyenne qui s'investit beaucoup dans le social, aux côtés de l'Etat qui m'a fait confiance. Pourquoi m'imputer seulement la part du sport qui est pourtant infime (près de 600 millions l'an) ? Qui remboursera ce que nous mettons chaque année en milliards de francs avec les mêmes procédures dans:

- les routes;
- les pistes rurales;
- l'électrification rurale;
- les écoles;
- les centres de santé;
- les adductions d'eau;
- les forages;
- les salaires des maîtres des parents;
- les magasins de stockage des récoltes agricoles;
- les intrants agricoles;
- les semences;
- etc.

d)- L'aliénation du patrimoine de l'entreprise sans autorisation et sans évaluation (faute de gestion n°5): Accusation tout aussi grossière: 339.351.746 F et qui ne relevait même pas du champ d'investigation 2005/2010, mais 2003.
Il existe dans le Grand Nord des zones où la SODECOTON n'a plus mené aucune activité depuis des décennies, le mode d’exploitation a changé.
De vieilles bâtisses érigées pour la plupart par des ouvriers en matériaux précaires à l'époque coloniale y tombent en ruine. Nous ne pouvons ni vendre faute d'acquéreurs, ni y mettre des frais d'entretien. Les Services Publics locaux en ont occupé ce qu'ils pouvaient.
Pour avoir cédé à 15.000 000 F, à un jeune compatriote de Kaélé qui en a exprimé la demande, deux cases délabrées, les Inspecteurs d'Etat ont soupçonné le Directeur Général de faire un arrangement à la camerounaise.
Ils m'ont accusé d'avoir bradé, sans évaluation, ce qu'ils désignaient alors «des villas». Le Conseil de Discipline, sur la commande de son rapporteur, a commis unilatéralement son expert, sur la base des faits erronés, pour me «coincer».
Ce dernier de retour leur a communiqué le résultat selon lequel, les cases construites à l'époque de la colonisation en matériaux précaires ne peuvent guère aujourd’hui, ensemble, valoir plus de 3.000 000 F.
Face à ce surprenant résultat, le rapporteur a proposé au Conseil de considérer maintenant que c'est le terrain sur lequel sont implantées les cases qui est important et en a fixé selon lui le montant à 336.000.000 F, à raisons de 6.500 F le mètre carré.
Ce que Monsieur le rapporteur WAFFO ne savait pas, c'est que:

- d'un, pour l'instant, à Kaélé, le terrain n'est pas vendu;
- de deux, lorsque par la force des choses, il faut tout de même attribuer une valeur à un immeuble là-bas, on s'en tient au barème arrêté par l'Administration du cadastre, soit 200 F le mètre carré.
Autrement dit, si l'on s'en tient à la superficie qu'ils déclarent dans leur propre expertise, c'est la SODECOTON qui devrait rembourser une dizaine de millions à l'acquéreur. Il n'y a donc aucun préjudice à imputer à Monsieur IYA MOHAMMED. C'est de la poudre dans les yeux à ce sujet.
Voilà Monsieur le Président de la République sur les cinq premières fautes seulement évaluées à 8 milliards et demi, un aperçu des travaux ayant abouti à ma condamnation par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière à payer 9 milliards de francs CFA.
En conclusion Excellence, je sollicite humblement, au regard du caractère arbitraire des griefs qui me sont opposés au Conseil de Discipline Budgétaire et Financière, votre sursis et votre protection pour que ma liberté soit préservée et que je puisse en toute sérénité exercer les voies de recours auxquels j'ai droit devant la chambre Administrative de la Cour Suprême, quitte à être déchargé de mes fonctions de Directeur Général à l'exercice desquelles, contrairement à ce qui est véhiculé, je n'ai jamais failli.
J'ai en effet toujours été à l'aise avec mon salaire, bien qu'étant, à suivre les rapports de la Chambre des Comptes, le Directeur Général le moins payé de la République, comparé aux autres dirigeants, en dépit d'un chiffre d'affaires qui culmine des fois à 100 milliards l'an et nonobstant les bénéfices réalisés. Ce salaire n'est du reste pas mon seul revenu.
Comment irais-je alors jusqu'à dissimuler les recettes des ventes d'huile et autres aliments de bétail? Invraisemblable pour un Directeur Général qui a bénéficié de tant de confiance de votre part, de tant de facilités, de bonheur et de grâces.
J'ai espoir que vous me préserverez la liberté et qu'en partant de la SODECOTON que j'ai aussi aimé servir, je laisserai une entreprise en parfaite santé, continuant à réaliser des bénéfices substantiels chaque fois que le climat et les cours le permettront et accompagnant toujours le Gouvernement dans la recherche du bien-être des populations.
Je vous pris de bien vouloir accepter, Excellence Monsieur le Président de la République, l'expression de ma profonde déférence. 

Votre humble serviteur.
Monsieur Iya Mohammed,
Directeur Général de la Société de Développement du Coton (SODECOTON),
Bp 302 Garoua, GAROUA, le 08 avril 2013.

samedi 22 juin 2013

Iya Mohammed: La promesse de remplacer Issa Hayatou à la CAF.

Les raisons de l'entêtement d'Iya Mohammed.
Même du fond de sa cellule au Secrétariat d'Etat à la défense (Sed) où il est écroué pour des fautes de gestion à la tête de la Société de développement du Coton (Sodecoton), Iya Mohammed ne veut pas lâcher prise. Il tient absolument à briguer son 4e mandat après 15 années très controversées, passées à la tête de l'instance faitière du football camerounais. Des informations distillées par le chargé de la Communication et de Marketing de la Fécafoot, font état de ce que la candidature du président sortant, reste encore valable. C'est cet entêtement à rester à la Fécafoot, alors même que notre football se porte très mal de l'avis de nombreux observateurs, qui lui vaut sans doute aujourd'hui son interpellation par le Tribunal criminel spécial (Tcs). Faut-il rappeler que plusieurs hauts cadres de l'administration camerounaise ont été épinglés par le Contrôle supérieur de l'Etat mais n'ont jamais été inquiétés par la justice. C'est le cas de Gervais Mendo Ze, ancien Dg de la Crtv, Bruno Bekolo Ebe et Jean-Tabi Manga, respectivement, recteurs des universités de Douala et de Yaoundé Soa. L'affaire Iya a donc pris une tournure alambiquée sans doute à cause de son désir à diriger pour 4 ans de plus, la fédération camerounaise de football et ce malgré les supplications de son épouse et de ses proches, pour qu'il abandonne cette idée surtout que l'épée de Damoclès du Tcs rodait depuis le mois de mars 2013 au dessus de sa tête.
Selon des sources bien introduites, Issa Hayatou, le fatigué président de la Confédération Africaine de football (CAF) lors d'un détour à Garoua, sa ville natale, a fait une promesse ferme au président de la Fécafoot, celle de tout faire pour le remplacer à la tête de la Caf. Réélu pour 4 ans l'an dernier, le natif de Garoua conduit selon de nombreux observateurs, son dernier mandat à la tête de la Confédération qu'il dirige depuis 1988. De source proche de la famille Issa à Garoua, les autorités égyptiennes ne sont pas opposées à cette idée de succession d'Iya Mohammed car, elles ne souhaitent pas voir un non musulman à la tête de la Caf, à l'instar du président de la fédération ivoirienne de football, qui a toujours souhaité remplacer le camerounais. Cette promesse selon notre source, est la principale raison qui a et qui continue d'ailleurs à motiver, Iya Mohammed même au prix de la haine des millions des camerounais pour cause du déclin programmé du football dans notre pays.
Même si selon des observateurs neutres, il n'est pas l'unique « gangrène » de cette peste footballistique. Notre source poursuit qu'Iya Mohammed, tient également rester à la tête de la Fécafoot malgré l'adversité, grâce réseaux d'argent qu'il a tissé en tant que président, membre de la Caf et de la Fifa qui sans doute, lui ont rendu riche. Le mandat d'Issa Hayatou prend fin en 2016, un an avant celui du président de la Fécafoot. Raison de plus, pour tout faire afin qu'un Camerounais remplace un autre à la tête de la Caf. Malheureusement sans être un fervent croyant des effets de la boule de cristal, ce membre du Comité central du Rdpc, parti proche du pouvoir, n'aura plus la possibilité de défendre son bilan à la Fécafoot qu'il dit être élogieux. Ses adversaires, visiblement eux aussi à la recherche de cette « mangeoire », ont eu raison de lui. Ils ont réussi à dissuader le « Nomm Gui » en lui faisant croire que l'interpellation d'Iya Mohammed, était la solution aux nombreux problèmes du football camerounais. En attendant d'y voir et d'y croire, « bon vent » à ses détracteurs selon notre confrère l'Œil du Sahel.


vendredi 14 juin 2013

Le message des Etats-Unis à Marafa et au Gouvernement

Le déplacement de l'Ambassadeur des Etats-Unis, Robert P. Jackson, dans les locaux du Secrétariat d'Etat à la Défense le 4 juin 2013, pour rencontrer l'ex-Ministre d'Etat en charge de l'Administration Territoriale qui y séjourne depuis le 25 mai 2012, appelle quelques réflexions.
Primo: malgré une peine de 25 ans, Marafa Hamidou Yaya est toujours un personnage de premier plan de la scène politique nationale. C'est du moins le message qu'essaye de passer subtilement la représentation américaine au Cameroun, car autrement, quel que puisse être le sujet à aborder, un conseiller ou un secrétaire d'Ambassade aurait pu accomplir cette formalité sans gêne. Or c'est le chef de la mission diplomatique en personne qui s'est déplacé, après avoir, comme l'a relevé notre confrère Le Jour, obtenu l'autorisation préalable du Chef de l'Etat, Paul Biya. En cela, et si l'on se réfère aux câbles diplomatiques de Wikileaks, notamment aux appréciations portées par l'Ambassadeur Janet Garvey sur l'ex-Ministre d'Etat, l'on est en droit de penser que les Américains n'ont pas du tout changé d'opinion à son égard, en ceci qu'il demeure un acteur politique majeur, capable de jouer un rôle important dans l'avenir du Cameroun.
C'est dire donc que le message porté à l'ex-Ministre d'Etat par le diplomate, vêtu ce jour d'une veste sombre et d'une cravate rouge, était de la plus haute importance car il n'est pas de tradition que les ambassadeurs agissent ainsi sans que leur pays ne soit soupçonné d'ingérence dans des affaires intérieures d'un autre Etat. La durée de l'entretien, 45 minutes au total, est également significative de l'importance des sujets abordés. De fait, débuté aux alentours de 13h, le tête-à-tête s'est achevé vers 13h45m dans le bureau du Secrétaire d'Etat à la Défense, Jean Baptiste Bokam, qui avait préalablement vidé les lieux.
Contrairement donc à ce qui a pu être dit ici et là, les deux hommes se sont entretenus en tête-à-tête, loin des oreilles indiscrètes. Mais les discussions n'auraient cependant pas porté sur des sujets «délicats» sans doute en raison du lieu de la rencontre. Le SED, informé de la venue de l'Ambassadeur, aurait bien pu truffer son bureau de micros...
Secundo: Malgré le lourd verdict du tribunal, les Américains ont la conviction que Marafa Hamidou Yaya est innocent des accusations portées contre lui. Raison pour laquelle le chef de la mission diplomatique, publiquement, s'affiche aux cotés de l'ex-tout-puissant Secrétaire Général à la Présidence de la République, d'autant plus que c'est l'Ambassade américaine à Yaoundé qui a certifié tous les documents venant des Etats-Unis.
Les Américains, à l'origine du déclenchement de l'Opération Epervier, ont, il est vrai, bien de cartes en main pour connaître de l'affaire portée contre l'ex-Ministre d'Etat. En effet, les sociétés Boeing et GIA sont toutes deux américaines. De plus, deux éminents services, le Fédéral Bureau of Investigation (FBI) et International Police (Interpol) ont mené de longues enquêtes sur l'ex-collaborateur de Paul Biya sans rien trouver. Le Gouvernement américain a eu accès à ces conclusions. Pis, l'Etat du Cameroun, représenté par l'ancien bâtonnier Me Akere Muna et l'actuel Président du Tribunal Criminel Spécial, Yap Abdou, a porté plainte contre GIA devant le tribunal de l'Oregon, ce qui laissait supposer que l'État reconnaissait que c'est GIA qui lui devait de l'argent. Les tribunaux américains ont donné raison à l'Etat du Cameroun qui a été indemnisé.
Au-delà de sa dimension protocolaire, cette visite recèle d'abord et avant tout un message politique sans ambiguïté, à savoir que le pays de l'Oncle Sam s'intéresse particulièrement au sort de l'ex-MINATD.

lundi 10 juin 2013

PAUL BIYA ASSOUPLIT L’ISOLEMENT DE MARAFA

Le chef de l’Etat a autorisé l’entrevue de mardi dernier entre l’ex ministre d’Etat incarcéré et l’ambassadeur des États-Unis à Yaoundé.
L’entrevue entre Marafa Hamidou Yaya et Robert P. Jackson au secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie nationale à Yaoundé (Sed), mardi 4 juin dernier, a été, selon nos sources, autorisée par le président de la République, Paul Biya. Lors d’une récente audience au palais de l’Unité, l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé a exprimé au chef de l’Etat, de vive voix, sa volonté de rencontrer l’ex secrétaire général de la présidence de la République incarcéré à la prison secondaire de Yaoundé VI logée au Sed.
C’était avant le départ de Paul Biya, dimanche 26 mai dernier, pour un court séjour privé en Europe en compagnie de son épouse Chantal Biya. D’après des indiscrétions glanées au cours de cette audience (très probablement celle du jeudi, 23 mai dernier, lorsque le chef de l’Etat a reçu au palais présidentiel Mme Cynthia Akuetteh, sous-secrétaire d’Etat américaine pour les Affaires africaines, qu’accompagnait l’ambassadeur Robert P. Jackson), la requête du diplomate américain a reçu l’assentiment du chef de l’Etat qui a fait contacter le Sed, Jean-Baptiste Bokam, pour lui donner les instructions appropriées à cet effet.
Toujours dans les coulisses de la préparation de cette rencontre, nos sources ajoutent que le Sed a par la suite saisi Robert P. Jackson pour l’informer des instructions qu’il a reçues de la plus haute autorité de l’Etat. C’est ainsi que le rendez-vous a été arrêté pour mardi dernier. Et la rencontre entre Marafa Hamidou Yaya et le diplomate américain a eu lieu les jour et heure convenus, ainsi que l’ont révélé nos confrères de Mutations hier.
Conditions de détention
Nos sources ne précisent cependant pas pourquoi l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé a souhaité rencontrer l’ex-secrétaire général de la présidence de la République. Tout comme elles n’indiquent pas la teneur de l’entretien auquel ont pris part des conseillers de l’ambassade. Pour l’instant, c’est le flou total. D’autant plus que l’ambassade américaine à Yaoundé reste discrète sur cette rencontre et sur les conditions de sa préparation.
Reste des questions. Marafa Hamidou Yaya a-t-il demandé cet entretien ? Pourquoi ? Etait-ce au contraire à l’initiative du diplomate américain à Yaoundé ? Pourquoi ? Nos confrères de Mutations indiquent, eux, que les échanges ont porté sur l’affaire du BBJ-II (l’opération d’achat d’un avion présidentiel qui a valu à Marafa sa condamnation) et sur ses conditions de détention. Mais le contexte de cette rencontre pourrait fournir d’autres indices. Elle a eu lieu le lendemain de la publication de la sixième lettre de Marafa Hamidou Yaya emprunte d’un ton mesuré à l’égard du président de la République.
Elle survient aussi alors que des nouvelles inquiétantes font état de la lente dégradation de l’état de santé de l’ancien ministre d’Etat. Cet entretien pourrait aussi signifier que pour les Américains, Marafa H. Yaya reste un acteur du jeu politique au Cameroun. Dans un câble de Wikileaks, évoquant une conversation du 09 février 2010 entre Janet Garvey, à l’époque ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, et l’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mme Garvey ne décrivait-elle pas Marafa comme l’un des membres du gouvernement les plus ouverts, intelligents et influents ?
Il ne fait certes plus partie du gouvernement. Mais reste un homme introduit malgré son incarcération. Pour preuve, il a pu publier dans le quotidien Le Monde une tribune qui a fait ombrage à la séance de travail, le même jour, entre François Hollande et Paul Biya à l’Elysée en janvier dernier.
© Le Jour : Claude Tadjon

vendredi 7 juin 2013

L’AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS REND VISITE À MARAFA

Robert P. Jackson et le célèbre prisonnier du Sed ont échangé mardi dernier sur l’affaire de l’avion présidentiel.
L’information a l’air suffisamment embarrassante à telle enseigne que les diplomates et fonctionnaires de l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé refusent d’en parler. Mutations a appris, de sources généralement bien informées, que l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Robert P. Jackson, en compagnie de ses conseillers, ont rendu visite à Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr),  au secrétariat d’Etat à la défense (Sed) où il est détenu depuis bientôt neuf mois, après avoir écopé d’une condamnation de 25 ans de prison en compagnie de son ami, Yves Michel Fotso, dans l’affaire du BBJ-II.
Cette visite de l’ambassadeur des Etats-Unis est intervenue mardi, au lendemain de la sortie de la 6ème lettre de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), dans laquelle il demande la suppression du poste de Premier ministre et une répartition équitable des sièges au sein de l’Assemblée nationale.
Arrivée en fin de matinée, Robert P. Jackson, a été reçu dans le bureau du secrétaire d’Etat à la défense, chargé de la gendarmerie nationale, Jean-Baptiste Bokam. Les échanges protocolaires et civiques ont eu lieu en présence de hauts gradés de la gendarmerie. Très vite, l’objet de la visite au détenu Marafa a été abordé. C’est ainsi que Jean-Baptiste Bokam a donné des instructions afin que Marafa Hamidou Yaya puisse être extrait de sa cellule.  Ce dernier a quitté son lieu de détention à pied, pour rejoindre l’ambassadeur des Etats-Unis qui l’attendait au bureau du Sed. D’après nos informations, au-delà des conditions de détention, les échanges ont porté sur l’affaire du BBJ-II dans la mesure où une partie de l’affaire s’est déroulée aux Etats-Unis.
En effet, l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun a été d’un très grand apport pour Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso dans le cadre de la bataille juridique au sujet de l’affaire BBJ-II. Car, au-delà de l’authentification de certains documents, la représentation diplomatique américaine a fait parvenir au Cameroun des documents qui se trouvaient encore aux Etats-Unis ; dans la mesure où deux entreprises américaines ont participé au processus d’acquisition de l’avion présidentiel : Gia International et Boeing.
Plus, l’ancien Sg/Pr et l’ancien administrateur directeur général de Cameroon airlines (Camair) convoquent jusqu’à ce jour l’argument de « l’autorité de la chose jugée », pour dénoncer leur incarcération. Car, en 2004, l’affaire de l’avion présidentiel a été jugée aux Etats-Unis, devant le tribunal de l’Oregon. Devant la juge américaine, Lynda Johansen, l’entreprise américaine, Gia International, avait remboursé à l’Etat du Cameroun, un Boeing évalué à hauteur de 16 millions de dollars (l’avion a disparu de la flotte de la Camair) et près de 800 000 dollars.
Une procédure dont Me Akere Muna, conseil de l’Etat du Cameroun et Yap Abdou, président du Tribunal criminel spécial, en service à l’époque à la présidence de la République, ont parfaitement connaissance. A ceci, s’ajoute la procédure engagée aux Etats-Unis par Yves Michel Fotso contre des responsables camerounais. Cependant, il est difficile de savoir quelles étaient les réelles motivations des diplomates américains qui n’ont à titre de rappel, jamais rendu visite à un détenu de l’opération Epervier depuis son déclenchement en 2006, bien qu’ils sont réputés être à l’origine de cette campagne d’assainissement.
En revanche, les câbles de wikileaks nous apprennent que les prédécesseurs de Robert P. Jackson au Cameroun, à savoir, Niels Marquardt et Janet Garvey ont manifesté de l’admiration pour l’ancien Sg/Pr, qu’ils trouvaient compétent, ouvert, astucieux et qualifié pour la succession. D’après ces télégrammes, Marafa était le seul collaborateur de Paul Biya qui a admis avoir une ambition présidentielle, lors des échanges avec les Américains. Toujours aux diplomates du pays de l’oncle Sam, Marafa avait confié, au sujet de l’opération Epervier : « Je peux me retrouver en prison », comme pour indiquer que personne n’est à l’abri des serres du rapace.
© Mutations : Boris Bertolt

lundi 3 juin 2013

Lettre ouverte à monsieur le président de la République sur les moyens de rendre légitimité et efficacité à nos institutions

Depuis le 14 avril 2013, le Cameroun a son Sénat. L’attente a été longue: dix-sept ans pour que la révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 soit enfin suivie d’effets.
Cette attente, a-t-elle, de plus, été en partie déçue?
Qui voudrait contester la composition de la nouvelle institution n’aurait pas à chercher bien loin ses motifs : le corps électoral a été formé de conseillers municipaux au mandat expiré depuis juin 2012, et qui n’ont donc dû qu’à votre bon vouloir la prérogative de désigner 7 sénateurs sur 10; de surcroît, c’est le président de la République lui-même qui a désigné les 3 sénateurs sur 10 restants.
Mais je ne rentre pas dans ces questions, car elles appartiennent déjà au passé.
Pour l’heure, je prends acte de la naissance de notre Sénat et je me félicite de deux avancées concrètes qu’elle apporte: le poids propre pris par les régions dans l’activité parlementaire, et surtout la mise en place d’un mécanisme institutionnel de transition en cas de vacance du pouvoir, élément essentiel de maintien de l’ordre et de la paix.
Et, me tournant vers l’avenir, je mesure le chemin qui reste à parcourir pour faire que nos institutions ne soient plus en grave décalage avec les réalités de notre pays et qu’elles recouvrent une vraie légitimité.
Le renouvellement de l’Assemblée nationale est un pas évident dans cette direction. Comme les conseillers municipaux, les députés ont vu leur mandat expirer en août 2012 et légifèrent depuis dans un vide inacceptable, sans plus tenir du peuple aucun titre pour le faire.
La tenue d’élections législatives doit donc intervenir dès que possible.
Cependant, dans le contexte nouveau, marqué par l’avènement du Sénat, elle doit être précédée d’une réforme cruciale: faire que tous les députés représentent un nombre de citoyens à peu près égal, conformément aux normes universelles applicables – dont la justification se passe d’explication.
En effet, les chiffres officiels* montrent que, sous l’effet conjoint de l’accroissement démographique et de l’exode rural, la répartition actuelle des sièges par région, fixée par le décret n° 92/013 du 15 janvier 1992, ne reflète plus équitablement la réalité démographique de notre pays. Voici un état de ces disparités:
Adamaoua: 10 sièges pour 1 015 622 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 101 562 habitants.
Centre : 28 sièges pour 3 525 664 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 129 488 habitants.
Est: 11 sièges pour 801 968 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 72 906 habitants.
Extrême-Nord : 29 sièges pour 3 480 414 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 120 014 habitants.
Littoral: 19 sièges pour 2 865 795 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 150 831 habitants.
Nord: 12 sièges pour 2 050 229 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 170 852 habitants.
Nord-Ouest: 20 sièges pour 1 804 695 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 90 235 habitants.
Ouest : 25 sièges pour 1 785 285 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 71 411 habitants.
Sud: 11 sièges pour 692 142 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 62 913 habitants.
Sud-Ouest: 15 sièges pour 1 384 286 habitants, soit un ratio d’un (1) député pour 92 287 habitants.
En d’autres termes, à titres d’exemple, un député de la région du Littoral représente 2,4 fois plus de citoyens qu’un député de la région du Sud.
Au niveau des circonscriptions départementales, l’iniquité est encore plus évidente, en ce sens que certaines circonscriptions ont plus de sièges que d’autres, pourtant 5 voire 7 fois plus peuplées.
Les modalités pratiques de la modification de cette répartition est la responsabilité du gouvernement, mais les principes de bon sens qui doivent les inspirer sont les suivants:
- Réaffirmer par la loi que l’Assemblée nationale doit être élue sur des bases démographiques.
- Maintenir le nombre des députés à 180. Bien que l’article 15 de notre constitution le permette, accroître le nombre de députés serait malvenu. L’impératif de rigueur économique impose de réduire et non d’accroître les charges de fonctionnement de l’Etat, d’autant plus que la mise en place du Sénat induira déjà d’importantes dépenses. Une exception est envisageable : dans la logique du droit récemment ouvert aux Camerounais de l’étranger de participer aux élections présidentielles, un nombre limité de nouveaux sièges pourraient être créés pour les représenter.
- Poser la règle qu’un député ne peut représenter un nombre de concitoyens inférieur ou supérieur à 25 % de la moyenne nationale. En cas d’écart constaté à l’occasion d’un recensement, la répartition des députés sera revue pour ramener l’écart dans l’intervalle de tolérance admis.
- Appliquer la même règle à l’échelle des circonscriptions au sein d’une même région : un écart de plus de 25 % par rapport à la moyenne des circonscriptions donnera lieu à un redécoupage de celles-ci. Mais accordez-moi la liberté, Monsieur le Président, de voir plus loin et plus large dans ma réflexion sur la nécessaire et urgente évolution de nos institutions.
La forme même de gouvernement de notre pays fait problème.
Largement modelée sur la Constitution française de la Vème République, la Constitution camerounaise met en place un régime « semi-présidentiel », comprenant un gouvernement responsable devant le Parlement (article 34) et dont l’action est dirigée par un Premier ministre (article 12).
Cet agencement constitutionnel a un effet non seulement sur le fonctionnement politique de notre pays, effet qui peut se mesurer au plus ou moins grand enracinement de la démocratie, mais il a également un impact sur l’efficacité de l’action du gouvernement, c’est-à-dire sur sa capacité à mettre en œuvre le programme sur lequel le Président de la République a été élu.
Or, les avis sont unanimes – y compris le vôtre, si je me souviens bien - pour désigner l’immobilisme comme la marque du Cameroun. En témoigne en particulier le retard pris dans la réalisation des travaux d’infrastructure et dans le lancement des grands programmes de lutte contre la pauvreté, pourtant budgétisés et financés.
Les hommes ne sont pas seuls en cause. Mes longues années au gouvernement, dans des fonctions parfois proches de vous, ne m’autorisent pas à mettre en doute vos intentions d’agir dans certains domaines, comme je ne peux nier les qualités indéniables de certains des premiers ministres sous l’autorité desquels j’ai servi.
C’est aussi la complexité et l’urgence des décisions que le chef de l’exécutif est amené à prendre dans notre pays, en particulier en matière économique, sociale, sécuritaire et environnementale, qui font problème ; et ce sont elles qui voudraient que le président de la République ait les moyens de conduire lui-même la politique de la nation. On pourrait ajouter, en renversant la perspective, que le peuple mérite que le chef de l’Etat qu’il a personnellement élu soit placé en première ligne de l’action politique et soit contraint de gouverner sans pouvoir se contenter de régner.
Une mesure courageuse et décisive d’adptation du régime pourrait être la suppression du poste de Premier ministre, qui placerait directement sous l’autorité du président de la République l’action des ministres, ce qui est déjà le cas pour une petite poignée d’entre eux.
Elle entraînerait également l’absence de responsabilité du gouvernement devant le Parlement et, par corrélation, l’impossibilité pour le Président de la République de dissoudre le Parlement. La séparation plus nette des pouvoirs serait un facteur d’efficacité supplémentaire.
Afin de structurer un Parlement à même de travailler en bonne intelligence avec le Président de la République, il conviendrait d’agir sur deux facteurs:
• Le mode de scrutin dans le cadre des élections législatives et sénatoriales;
• La différenciation des pouvoirs entre l’Assemblée natonale et le Sénat.
S’agissant du mode de scrutin, il peut être envisagé de prévoir des formes différentes entre les deux chambres.
Pour l’Assemblée nationale, on peut envisager un scrutin mixte ( par exemple 50/50) mêlant scrutin proportionnel de liste au niveau national (avec un seuil élevé, par exemple 7 %), et scrutin majoritaire à deux tours, pour maintenir le lien direct avec la population.
Pour le Sénat, on peut envisager un scrutin permettant une représentation accentuée des groupes sociologiques.
Sur le plan des pouvoirs, l’Assemblée nationale serait beaucoup plus axée sur la discussion et le vote des lois (elle aurait le dernier mot par rapport au Sénat) et le Sénat sur le contrôle de l’exécutif.
Il faut souligner que des régimes de ce type fonctionnent très bien depuis deux décennies dans les nouvelles démocraties sud-américaines comme le Brésil, le Chili et l’Argentine, sans aucune dérive dictatoriale et avec un grand dynamisme de l’action gouvernementale.
Ce ne sont bien sûr que des esquisses de pistes, et à ce stade l’enjeu n’est pas de discuter en profondeur des modalités pratiques.
Le véritable enjeu, c’est de prendre conscience que nous sommes dans une période exceptionnelle de l’histoire de notre pays : au cours des 15 prochaines années, la transition démographique portera la population à 35 millions. Pour faire face aux défis que ce bouleversement va entraîner, le Cameroun doit se doter d’institutions adaptées à notre culture qui favorisent en même temps l’efficacité gouvernementale et l’avènement d’une société de confiance, cadre indispensable à la prospérité et à la stabilité.
Marafa Hamidou Yaya.