Monsieur
le président,
C’est avec grand
intérêt que j’ai pris connaissance du « Rapport sur l’état de la lutte contre
la corruption au Cameroun en 2011 » publié par la commission nationale anti corruption en novembre 2012.
Vous savez
l’importance du tout premier ordre dont est investie à mes yeux la mission de
votre organisme.
Précisément pour
cette raison, je suis extrêmement surpris de voir mon nom figurer au tableau
n°12 récapitulant »les montants destinés à être engrangés au niveau de chaque
fait générateur d’indemnisation » dans le chapitre portant sur les enquêtes
relatives à l’exécution du projet du port en eau profonde de Kribi. »
Du projet en
question, il est écrit en page 158 du rapport : « le port en eau profonde de
Kribi constitue un enjeu capital dans le cadre du développement de notre pays….
» « Selon les experts, un site situé entre les villes de Kribi et de Campo
répondrait parfaitement à ces préoccupations. C’est dans ce cadre que l’arrêté
n° 000156N.14.4/MINDAF/D410 du 06 février 2009 a déclaré d’utilité publique une
zone située entre Kribi et Campo, incluant l’arrondissement de Lokoundjé.
Conséquemment, le décret n° 2010/323 du 14 octobre 2010 a classé dans le
domaine public artificiel les terrains nécessaires aux travaux d’aménagement du
complexe industrialo-portuaire de Kribi. Y faisant suite, le décret n°
2010/3312/PM du 30 novembre 2010 en a exproprié les propriétaires terriens
détenteurs ou non des titres fonciers.
Cette opération a,
selon le rapport, donné lieu à des « exactions » et à des « crimes d’initiés »,
décrits dans les termes suivants en pages 164, 169 et 170 : « L’occasion
faisant le larron, nombre de Camerounais venant de tous les horizons et
d’étrangers, de peu de scrupules, pourvu d’un flair affairiste et moralement
pas du tout intègres et sans doute informés à travers des réseaux mafieux, se
sont rués dès 2008 sur la zone destinée à être expropriée » ; « il n’est point
besoin d’établir que le projet de construction du Port en eau profonde de Kribi
a suscité des vocations criminelles ayant allègrement conduit à un complot
financier contre l’Etat du Cameroun ;» « jamais avant 2009, la zone en cause
n’a connu une telle effervescence de demandes et d’obtention, coûte que coûte,
d’un nombre ahurissant de titres fonciers. »
Dans ce contexte,
la mention même de mon nom équivaut clairement à m’accuser d’avoir voulu
obtenir, dans une démarche au mieux bassement spéculative et au pire
frauduleuse, une indemnisation disproportionnée au titre de ma possession de
parcelles dans la zone soumise à expropriation.
Il est exact que je
détiens deux (02) parcelles dans un lotissement approuvé par les
administrations compétentes de l’Etat, sur un domaine privé. Seulement, je les
ai acquises il y a 15 ans, comme en atteste le titre foncier n° 1702/0 en date
du 02 juillet 1997. Ces deux parcelles ont fait l’objet d’un morcellement ayant
abouti à la délivrance en ma faveur des titres fonciers n° 1715 et 1716 en date
du 10 septembre 1997.
Vous me permettrez
de vous faire noter que cette date précède de près de 12 ans l’arrêté du 06
février 2009 déclarant d’utilité publique la zone réservée au port en eau
profonde de Kribi.
J’ajoute qu’en
2003, j’ai acquis dans le même lotissement, une parcelle mitoyenne aux deux
précédents, comme en atteste le titre foncier n° 2559 en date du 23 octobre
2003. Cette fois encore, vous me permettrez de vous faire noter que cette date
précède de près 6 ans l’arrêté du 06 février 2009.
Enfin, vous me
permettrez de vous donner les indications suivants sur l’usage que j’ai fait
jusqu’à présent de ces parcelles, et de vous demander si elles sont cohérentes
avec une quelconque visée spéculative : j’y ai construit un mur d’enceinte en
matériaux définitifs et aménagé un jardin avec un point d’eau, je m’y suis
rendu chaque fois que j’en ai eu l’occasion avec ma famille et des amis ; j’y
ai réservé un espace où construite une maison pour passer paisiblement une
partie de l’année pendant la retraite.
Voulez-vous
m’indiquer en quoi ces intentions sont fautives ?
Mais, même si
n’étaient pas manifestes l’antériorité considérable de l’opération
d’acquisition sur les arrêtés d’expropriation et l’usage manifestement non
spéculatif de parcelles, il vous aurait suffi de considérer le fait crucial
suivant pour ne pas songer une seconde à me mettre en cause : Je n’ai jamais
été notifié d’une quelconque décision d’expropriation visant mes parcelles et,
logiquement, je n’ai jamais perçu la moindre indemnisation à ce titre, sous
quelque forme que ce soit, espèces, chèque ou virement.
D’ailleurs, il
n’est pas certain que les travaux d’aménagement du port en eau profonde de
Kribi s’étendent jusqu’à ces parcelles. Il va sans dire que si tel était
toutefois le cas, comme semble le suggérer votre rapport, je ferai évidemment
contre mauvaise fortune bon cœur et je me plierai aux exigences d’une
expropriation.
En résumé, mon nom
se retrouve dans ce rapport pour avoir, des années avant une décision
d’expropriation qui ne les vise probablement pas, acquis des parcelles en vue
de ma retraite, et ce, sans avoir perçu la moindre somme.
Je veux croire
qu’il s’agit là du fruit de la confusion et du manque de sérieux. La grossière
erreur de calcul ayant abouti au « Total Marafa Hamidou Yaya » figurant en page
167 est une autre raison de le penser.
Quelle que soit
l’intention sous-jacente, je suis gravement calomnié par ce rapport.
J’exige donc qu’une
correction avec le degré nécessaire de clarté et de publicité y soit apportée
dans les plus brefs délais.
Veuillez agréer,
monsieur le président, l’expression de ma considération distinguée.
Yaoundé, 05 décembre
(é) Marafa Hamidou Yaya
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Faites vos analyses et commentaires en toute liberté.