Au cours
d’une conférence de presse donnée hier, 2 septembre 2013 à Yaoundé,
l’ex-bâtonnier du Cameroun et avocat de l’Etat dans une procédure civile
intentée par Yves Michel Fotso aux Etats-Unis, a livré au public, les
conclusions de l’affaire perdue par le plaignant mais est aussi revenu sur
l’affaire Bbjet II.
Maître Akéré Muna a
beau répété que l’objet de la rencontre avec la presse dans les salons du
Hilton Hôtel porte strictement sur le verdict de la justice américaine qui
s’est déclarée incompétente pour juger les autorités camerounaises poursuivies
par Yves Michel Fotso et non pas tous les dossiers qui lient l’homme d’affaire
et l’Etat du Cameroun. Mais la question est revenue sous différentes formules.
Le Cameroun a-t-il au terme d’un procès contre Gia internationale (entreprise
de droit américain ayant servi de facilitateur pour l’achat foireux d’un avion
devant servir aux déplacements du chef de l’Etat), reçu plus de 400 millions
FCfa et un Boeing en guise de dommage ? La réponse obtenue à l’arraché a été
constante. « Oui. Un avion a été rétrocédé. L’avion était là. Je l’ai récupéré.
Je l’ai remis à mon client qu’est l’Etat du Cameroun. Je ne sais pas ce qu’il
en a fait », a répété Me Akéré Muna.
En revanche,
l’avocat du Cameroun dans différentes affaires liées au Bbjet II a expliqué que
les 400 millions versés par Gia International ont servi à régler les honoraires
des avocats tel que le prévoyait un arrangement passé avant le début du
contentieux. Ce qui a fait dire à plusieurs journalistes conviés à l’échange
que l’affirmation du ministre de la Communication faite une semaine avant,
selon laquelle 31 millions de dollars Us avaient été débloqués et qu’au bout du
compte, ni l’argent ni l’avion n’a été fourni, n’est retourné au Cameroun,
n’est pas totalement exact. Puisqu’un avion estimé à 16 millions de dollars a
été rétrocédé à l’avocat du Cameroun. Sur le même dossier, Akéré Muna, est
revenu, malgré lui, sur un autre arrangement passé entre les différentes
parties opposées dans l’affaire de l’achat foireux, lequel accord excluait
toute poursuite au pénal de l’une contre les autres qui a longtemps été brandi
par les avocats d’Yves Michel Fotso pour solliciter l’abandon des procédures
devant un juge criminel. L’avocat du Cameroun qui a rarement pris la parole
publiquement malgré toutes les sollicitations de la presse a estimé que Fotso
n’étant pas employé de l’Etat camerounais ne pouvait pas être concerné par un
accord passé entre l’Etat du Cameroun et ses partenaires.
Incompétence
Mais si une telle
actualité est autant revenue dans les échanges nourris entre les avocats et la
presse, sur une décision de la Justice américaine, c’est qu’elle a été prise
par des juges de l’Orégon. Lieu où s’était déjà noué le premier acte de
l’affaire Bbjet II. Et Maître Akéré Muna accompagné par Mitchell Berger, avocat
américain également constitué par le Cameroun l’ont reconnu en précisant
qu’Yves Michel Fotso conscient de ce que la justice du pays de l’Oncle Sam
allait poser les problèmes de compétence pouvait estimer que d’autres actes ont
déjà été pris en Oregon. Malgré cela, la justice de ce district s’est estimée
incompétente pour connaître de l’affaire « Yves Michel Fotso contre Etat du
Cameroun, Paul Biya, Pascal Magnaguemabe, Justice Soh, Jean Baptiste Bokam,
colonel Amadou et Innocent Mbouem » pour maltraitance et autres violation des
lois et accords réglant la réclamation du Cameroun contre Gia dans le cadre de
la procédure de faillite de cette dernière aux Etats-Unis dans le district de
l’Oregon.
Les avocats du
Cameroun se sont donc faits sources d’informations pour la presse, le temps
d’un échange d’environ une heure, dans le cadre de cette affaire précisent en
indiquant que le tribunal américain a rejeté toutes les réclamations contre
Paul Biya par le biais des décisions datées du 25 janvier et du 22 février 2013.
Que précédemment, le gouvernement américain a notifié au tribunal américain
qu’en sa qualité de président de la République, Paul Biya ne pouvait être
poursuivi aux Etats-Unis. La Justice du district de l’Oregon s’est donc (sur la
foi d’arguments supplémentaires également) déclaré incompétente. Ce qui n’a pas
fait l’objet d’appel par le plaignant. Mieux, a souligné Mitchell Berger, la
Justice américaine a simplement respecté la souveraineté de l’Etat du Cameroun
en refusant de juger ces autorités. Il n’y aura donc pas eu de débat au fond ou
simplement d’instruction sur les faits commis par les autorités étrangères sur
leur sol comme se prépare à le faire la justice française… ou le fait déjà…
dans le cadre de l’affaire Lydienne Eyoum contre les mêmes autorités. La France
suivra-t-elle cette jurisprudence ?
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