Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

lundi 27 mai 2013

Un bureau sénatorial pléthorique pour quoi faire?


La proposition de loi portant règlement intérieur du sénat, soumise à l’attention de la commission Thomas Thobbo Eyoum a été adoptée vendredi, 25 mai 2013. C’était au cours d’une séance plénière de la chambre haute au palais des verres de Ngoa-Ekélé. En attendant la promulgation de cette loi par le président de la République, les spéculations vont déjà bon train sur l’ossature du bureau et l’institution des commissions jugées pléthoriques au sein de cette chambre. Le règlement intérieur prévoit en effet, qu’un bureau de 18 membres soit mis sur pied, constitué d’un président, un premier vice-président, quatre vice-présidents, trois questeurs et neuf secrétaires. A ceux-ci, il faut adjoindre les six membres des deux groupes parlementaires à raison de trois (un président, un vice président et un secrétaire) pour chacun des deux partis que sont le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et le Social democratic front (Sdf). 
La même loi institue la mise sur pied de neuf commissions permanentes comprenant chacun un président, un vice-président et un secrétaire. Soit un total de 27 membres. En faisant une petite addition, on se rend aisément compte que 52 sénateurs sur les 100 seront affectés à des postes de responsabilité. Ce qui pour certains observateurs avertis de la scène politique, est une véritable exception dans le monde. « Cela ne respecte même pas la norme internationalement recommandée. On ne peut pas responsabiliser plus de la majorité des membres d’un parlement, parce que cela a un coût. Tout ceci justifie la volonté de monsieur Biya de faire du sénat une maison de retraite pour ses petits copains, sur le dos du contribuable », dénonce un analyste politique qui préfère rester dans l’anonymat. Même au sein de la chambre basse du parlement, cet aspect du règlement intérieur du sénat suscite des grincements de dents. Beaucoup estiment que le sénat qui ne compte de 100 membres ne devrait pas avoir 52 responsables alors que l’Assemblée nationale n’en est qu’à 57 pour 180 députés. Pour Eric Mathias Owona Nguini, cette situation ne doit surprendre que des personnes atteintes de myopie politique. « Cela a été voulu et pensé ainsi pour permettre à monsieur Biya de distribuer des positions et des prestiges à ceux de ses amis qui ont décidé de faire partie du sénat », explique cet enseignant de sciences politiques à l’université de Yaoundé II à Soa. Comme au Sénégal, le sénat camerounais ne porte-t-il pas les germes de sa propre mort?

Les députés en colère réagissent 

Au sein de l’Assemblée nationale, l’adoption de cette loi fait déjà des vagues. Des élus de la chambre basse du parlement comprennent difficilement que le sénat s’encombre tant, dans la seule intention de gaspiller l’argent publique. «C’est incroyable. Cela doit être interprété comme du gaspillage à outrance. Car chacun de ces responsables aura des indemnités que doit supporter le contribuable. Si on prend le cas de l’Assemblée nationale, on comprendra très vite que chacun des présidents et vice-président du bureau, des commissions et des groupes parlementaires aura une indemnité allant de 60 à 35 millions pour l’achat d’un véhicule privé. Il ne faut pas également perdre de vue que les questeurs, président et vice-présidents du bureau auront des hôtels particuliers et un traitement salarial princier même pendant les périodes d’inter session», analyse un député à l’Assemblée nationale du Cameroun qui requiert l’anonymat pour des raisons évidentes. Il soutient mordicus que ces commissions auraient pu se réduire à deux ou trois. Ce d’autant plus que le sénat doit travailler en complémentarité avec l’Assemblée nationale. 
Il n’hésite d’ailleurs pas de faire une comparaison avec la chambre basse pour indiquer qu’elle est constituée globalement de 57 responsables, dont 27 membres du bureau, 28 membres des commissions et 6 membres de groupes parlementaires. « Cela fait 31% environ de députés affectés à des postes de responsabilité pour 180 députés, contre 52% chez les 100 sénateurs », indique t-il. 

vendredi 24 mai 2013

La Police restitue les passeports d’Iya Mohamed

Sodécoton: Iya Mohamed reconduit à la tête de la société malgré le rapport du Controle Superieur de l'Etat

Cameroon-Info.Net :: Sodécoton: Iya Mohamed reconduit à la tête de la société malgré le rapport du Controle Superieur de l'Etat

Sérail: Le silence de Marafa est-il une stratégie ou un épuisement?


L'ange le plus aimé de Dieu Lucifer qui signifie "ange de lumière" voulait à tout prix atteindre rivaliser avec son Créateur. Les missions secrètes et délicates qui lui étaient confiées par Dieu lui donnaient raison de grandir dans un orgueil surnaturel parce que dit-on, son père lui avait tout confié. Ingénieur en pétrochimie, Contrôleur général à la SNH, Inspecteur des services dans la même structure, Conseiller technique du Chef de l'Etat, Ministre chargé des missions à la présidence, Ministre d'Etat Secrétaire Général de la présidence de la République et Ministre d'Etat en charge de l'administration territoriale et de la décentralisation, Marafa Hamidou Yaya avait fleuré le fauteuil présidentiel de la République du Cameroun, pour devenir le 3e Président dans une orientation normale et divine de son destin.

Mais pris dans l'étau des forces du mal, Satan Lucifer lui avait inoculé les germes de sa descendance aux enfers, après la guerre d'Armageddon où ses anges et lui ont été chassés du ciel. L'élégance, la beauté, la splendeur, l'intelligence et le pouvoir de Marafa Hamidou Yaya se faisaient ressentir dans l'estime et la confiance qu'il avait gagnées auprès du prince d'Etoudi. Pour la petite histoire, Marafa aurait des relations profondes avec la famille de Louis Paul Aujoulat le père spirituel de la politique et du pouvoir au Cameroun. C'est peut être à partir de là que l'ancien Président de la République française Nicolas Sarkozy avait nourrit les intentions de faire de lui le successeur de Paul Biya.

En tout vraisemblance, cette intention n'avait jamais causé du tort au Chef de l'Etat Camerounais à partir du moment où, certains secrets d'Etat lui étaient confiés. Mais adulé, puis trompé par le démon, Marafa s'est précipité comme l'oiseau dans un filet pour embrasser la géhenne. Il avait mis en place un gouvernement après Paul Biya qui devait "Rwandinisait" le Cameroun avec Etoundi Ngoa Laurent Serge comme Premier Ministre. Après son arrestation au mois d'Avril 2012, tous les Camerounais sans exception s'attendaient à "I'Ivoirisation" du pays, à une guerre fratricide entre les clans politiques parce que reconnaissons-le, Marafa faisait peur, son arrestation aussi. En bref, l'Etat reste l'Etat, force revient toujours à la loi. L'Etat est un monstre à une puissance inégalable pense le Léviathan de Machiavel.

Le calme et le silence de Marafa sont-ils une stratégie ou un épuisement? Question taraudante lorsqu'il faut considérer le poids politique et spirituel que ce sexagénaire du septentrion faisait lire dans ses attitudes, sa popularité et surtout sa proximité avec le prince, on peut déclarer sans risque de nous tromper que Paul Biya le faisait grandir pour mieux le manger.

EXCLUSIF – VIDEO: Crash de la Camair en 1995: Où est passé l’argent des indemnités ?


Le 3 décembre 1995, l'avion de la Cameroon Airlines (défunte compagnie aérienne camerounaise) baptisé "Dja et Lobo", en provenance de Cotonou (Bénin) se crashe dans la mangrove près de Douala (Cameroun). Le bilan sera lourd : 71 morts, 3 rescapés.

Le 3 décembre 1995, l'avion de la Cameroon Airlines (défunte compagnie aérienne camerounaise) baptisé "Dja et Lobo", en provenance de Cotonou (Bénin) se crashe dans la mangrove près de Douala (Cameroun). Le bilan sera lourd : 71 morts, 3 rescapés. 

Qui est responsable ? Personne ! 


Il faudra attendre une décision de la Cour arbitrale internationale, pour que la partie sud-africaine, Transnet SA, la société sud-africaine qui assurait la maintenance de la flotte camerounaise, accepte d’indemniser les victimes. 
Malheureusement, aucune preuve de cette indemnisation n’a été fournie. 

Et c’est ce que semble confirmer l’une des lettres publiques de l’ex. Ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, en 2012, et qui remet ce sujet à l’ordre du jour : il accuse nommément des personnalités politiques dont le porte-parole actuel du gouvernement actuel, ministre de la communication, Issa Tchiroma, de détournement et corruption. 

Alors, détournement ? Corruption ? C’est par l’affirmative que répondent les auteurs de cette enquête exclusive. 

Cyrille Ekwalla (Njanguipress / Cameroon-Info.Net)

mardi 21 mai 2013

OPÉRATION EPERVIER : MEBARA ET LES DETTES DE LA CAMAIR

Hier au Tribunal, le liquidateur bancaire de l’ex compagnie aérienne a révélé que les comptes de cette société étaient « très mal tenus ».

Affaire Atangana Mebara contre l'état du Cameroun.

samedi 4 mai 2013

MARAFA N’IGNORAIT PAS SES FOSSOYEURS


MARAFA N’IGNORAIT PAS SES FOSSOYEURS
16 Avril 2012- 16 avril 2013. Un an déjà ! Une année au cours de laquelle, un homme, un ex baron du régime RDPC, aura, à lui seul, tenu la dragée haute et donné du tournis à un pouvoir dont il connait parfaitement les méandres. Condamné à vingt cinq ans de prison pour un délit qu’il récuse et pour lequel ni ses accusateurs ni ses juges n’ont su apporter la preuve, du fond de sa prison Marafa Hamidou Yaya se veut serein. a-t-il lancé au Juge Gilbert Schlick qui n’a pu motiver sa sentence autrement que pour fait de « complicité intellectuelle ». 
Il n’empêche ! Marafa aura tenu le public camerounais en haleine tout au long de sa première année de détention, laissant bouche bée un pouvoir en panne d’idées et face à ses propres contradictions et à ses décisions anachroniques. Des mois durant, tous les médias de la République (exception faite bien entendu de la CRTV et de Cameroon Tribune) ont consacré leur Une et leur débat à ‘’Marafa ‘’ dont les lettres écrites de sa cellule auront permis à ses concitoyens de mieux appréhender le niveau de la mal gouvernance qui prévaut au plus haut niveau de l’Etat depuis trois décennies. 
Dans un pays où le débat politique est quasiment placardisé, où les gargotes prennent le relais avec des « tu as entendu ? », « Paul Biya est vraiment fort », où l’opposition ne fait preuve d’existence qu’à l’occasion des joutes électorales, l’affaire ‘’Marafa’’ a eu pour effet de sortir le public de sa torpeur. Elle a étalé au grand jour ce qu’une bonne partie de l’opinion publique subodorait déjà. A savoir la guerre des tranchées qui sévit au sein de la nomenklatura RDPC depuis novembre 2004. Et, contrairement aux autres victimes de l’épervier, plutôt que de se vautrer dans le silence, l’ancien Minatd a choisi de croiser directement le fer avec son ex patron. Lequel, à la lumière des faits exposés par son ex collaborateur, joua le parfait aphone, imité en cela par tous ses ‘’démineurs’’ de service. 
Il fallut attendre un bon moment pour qu’enfin, une voix, celle du secrétaire à la communication, sorte le RDPC de sa léthargie et porte la réplique à ce membre pour le moins indiscipliné du bureau politique. Seulement voilà ! Formulée dans le style ampoulé qu’affectionne le personnage, la rhétorique de M Fame Ndongo fut non seulement hors sujet mais quasiment inaudible. Pour sûr, la ‘’sècheresse ‘’ des ‘’lettres épistolaires’’ et le ‘’plaidoyer pro-domo’’ du camarade Marafa ont déplu au ministre de l’enseignement supérieur. A l’inverse, les Camerounais s’y sont jetés avec avidité au point d’en faire les choux gras des journaux. Faisant Fi de toute considération stylistique si chère à son camarade professeur, l’ex SG-PR s’est contenté d’aller droit au but dans toutes ses productions. 

Avec une narration précise des faits que confirmaient ensuite différentes notes confidentielles publiées en annexe. 
Tout une série de notes qui contiennent des suggestions et des propositions adressées en son temps à qui de droit, et qui laissent transparaître l’audace dont il fit parfois preuve dans sa relation avec le Président de la République. Ce que beaucoup de Camerounais pouvaient à peine imaginer tant la plupart des hauts responsables s’évertuent à ne pas indisposer Paul Biya, assimilé à un véritable demi-dieu. Contrairement donc à toute attente, l’arrestation de Marafa ne produisit pas l’effet escompté. Le pouvoir s’est plutôt retrouvé gros jean comme devant en se donnant une verge pour mieux se faire fouetter. Au fil des jours et de la diffusion des fameuses lettres « l’affaire Marafa » prit la tournure d’un véritable procès public du régime. Pire : par une curieuse succession de maladresses, le pouvoir contribuera lui-même à hisser son adversaire à la stature d’un homme d’Etat auprès d’un public peu suspect, au départ, de sympathie à son endroit. 
Est-ce pour autant que l’ancien ministre d’Etat serait devenu brusquement un saint homme ? Certainement pas. La grande couverture médiatique de son procès ainsi que la large diffusion de ses lettres lui ont été favorables. Elles auront permis à bon nombre de Camerounais d’appréhender autrement le personnage et, sans aucun doute, de mieux comprendre l’instrumentalisation de « l’opération épervier » à des fins politiques. Il n’en demeure pas moins que les mêmes Camerounais ne sauraient du jour au lendemain oublier la part de responsabilité qui est la sienne dans la consolidation d’un système fortement décrié. 
Marafa Hamidou Yaya fut incontestablement l’une des plus éminentes personnalités du régime de Paul Biya. Sans pour cela appartenir dans la même ère géographique ni faire partie des intimes admis à Mvoméka. Il aura occupé dix huit années de suite les fonctions parmi les plus sensibles de la République. Une longue collaboration qui lassait supposer une grande confiance du chef de l’Etat vis-à vis du personnage qualifié jadis de protégé du président. De sorte qu’en référence au vieux mythe de « l’axe Nord-Centre-Sud », plusieurs observateurs voyaient en Marafa, peulh de Garoua comme Amadou Ahidjo, le probable bénéficiaire d’un retour d’ascenseur. Aujourd’hui encore, nombreux sont qui s’interrogent toujours quant aux vrais mobiles qui ont poussé Paul BIYA, à vouloir à tout prix embastiller son ex protégé. Car la seule affaire du BBJ-2 ne tient pas la route eu égard aux insuffisances avérées du dossier d’accusation. D’autant que ladite affaire fut en grande partie résolue en 2004 devant le tribunal arbitral de l’Orégon (USA), grâce au bâtonnier Akéré Muna qui assurait la défense de l’Etat du Cameroun. 
A priori, on serait tenté de croire que le règlement à l’amiable obtenu par le Cameroun n’a pas satisfait le Président de la République. Mais alors pourquoi avoir attendu autant de temps pour ressortir ce dossier ? Pourquoi avoir maintenu Marafa, sept années de plus, comme ministre d’Etat en charge de l’Administration Territoriale ? Cette longue attente était-elle une simple ruse de sioux de la part de Paul Biya ? Très peu vraisemblable. On ne peut mijoter pareille ruse en un temps aussi long en oubliant au passage que la vie ne nous appartient pas. Tout semble plutôt indiquer qu’il se serait probablement produit AUTRE CHOSE -sans doute plusieurs mois avant la dernière présidentielle- ; autre chose que les principaux protagonistes du dossier préfèrent ne pas expliciter. Les fameux câbles diffusés fin 2009 par Wikileaks ayant trait à l’entretien entre l’ambassadeur des USA, Jeannet Garvey, et l’ancien ministre d’Etat Marafa auraient-ils servi de coup d’envoi à une rupture maintes fois annoncée mais souvent classée sans suite ? Cela se pourrait ! Dans cet entretien l’ex SG-PR se dit prêt à y aller en cas de départ de son chef. 

TOUCHE PAS A MON POUVOIR 
Durant son long parcours gouvernemental, en bon peulh qui pratique l’art de l’esquive Marafa H. Yaya a toujours su éviter les pires chausse-trappes qui ont émaillé son chemin. En particulier les entourloupes dont son ex patron est un orfèvre. De la multitude de collaborateurs passés et présents du Président Biya, il est l’un de ceux qui le connaissent le mieux dans l’exercice de ses fonctions présidentielles. Il n
ignorait rien de sa phobie du complot depuis sa brouille avec Ahidjo ni son grand penchant pour l’ivresse du pouvoir. De même, aux dires de ses amis, Marafa leur rappelait-il souvent qu’il se devait, dans ses prises de décision, tenir compte de l’inclination tribale du président même si ce dernier s’emploie à ne pas le manifester. En définitive, pour avoir si bien tenu son gouvernail jusque là, on peut se demander à quel niveau Marafa a trébuché. Aurait-il franchi la ligne rouge de la SUCCESSION comme ce fut le cas avant lui de M. Titus Edzoa ou prétendument celui Atangana Mebara ? Tous deux anciens SG-PR également embastillés ! 
SUCCESSION ? En voilà un bien vilain mot qui sonne négativement dans les allées du pouvoir au Cameroun. On le susurre sans plus. Car nul n’a le droit de le prononcer distinctement. Encore moins de l’envisager publiquement au cas où il ferait partie des affidés. Et, tenter vouloir jouer avec finit fatalement à vous brûler les mains. Il s’agit pourtant là d’une donnée quasi certaine quoiqu’imprécise quant à sa survenance. Mais le sujet restera toujours tabou dès lors qu’à l’unanimité toute l’élite du parti retient comme mot d’ordre : ON NE LORGNE PAS LE FAUTEUIL DE PAUL BIYA. Pour y avoir tout simplement pensé quelques velléitaires se sont ainsi retrouvés face à un écorché vif après qu’ils furent désignés du doigt avec insistance par des « amis qui leur voulaient du bien ». 
D’évidence Paul Biya a atteint l’âge certain de retrait. Il le sait. Il le sait si bien qu’il ne rate aucune occasion pour tester la fidélité de ses lieutenants en leur laissant insidieusement entrevoir tantôt à l’un, tantôt à l’autre qu’il serait la personne idoine pour le remplacer. Et ils y croient tellement qu’ils n’arrêtent pas de se cogner les têtes. Or comme tout homme de son âge qui se veut et se voit en seul et unique propriétaire d’un bien (en l’occurrence le Cameroun), il fait montre d’une susceptibilité et d’une jalousie excessives. A l’instar des chefs d’Etat comme Obiang Nguéma, Robert Mugabé ou Sassou Nguesso, il n’a cure des pressions qui le poussent à la sortie. Il y est. Il y restera tant qu’il le pourra. Sans le claironner Il aurait assurément fait sienne la célèbre phrase de Mobutu : « je ne partirai de là que les pieds devant ». 

Le DOUBLE BARRAGE ANTI MARAFA 
Tout le monde connaît la passion excessive du chef de l’Etat pour le pouvoir. Marafa H. Yaya en était très conscient. Sa longévité aux côtés de Paul Biya donne la preuve de sa maîtrise de l’évitement, confronté qu’il fut pendant de longues années à des adversaires tenaces et décidés. Nul ne peut perdurer à ce niveau du pouvoir, être perçu en dauphin présomptif, sans subir les affres de l’adversité et sans se créer de solides inimitiés. Marafa aura en effet connu une foule d’adversaires. Les uns aussi prolixes que les autres dans leurs dénonciations dont copies lui étaient souvent envoyées par le chef de l’Etat en personne. Selon ses proches, l’ex SG-PR les avait parfaitement identifiés et rangeait ses fossoyeurs en deux groupes distincts (hormis les francs tireurs). Des hommes aux projections à peine identiques mais qui avaient pour convergence l’exclusion de Marafa des arcanes du pouvoir. 

Le trio des frères musulmans 
Constitué de trois hautes personnalités originaires de l’Extrême Nord, rescapées de l’ère Ahidjo, ce premier groupe a pour porte étendard le vice-premier ministre, Amadou Ali, suivis du président de l’assemblée nationale, Cavaye Yeye , et du ministre chargé de missions, Ahmadou Moustapha. Un trio d’hommes frustres à la vision archaïque des choses, qui, de toute évidence, appréciaient peu la montée en puissance de Marafa H. Yaya au sein de l’appareil d’Etat. Deux raisons à cela. D’abord l’avènement de Marafa était perçu par eux comme le signe annonciateur d’un rajeunissement du personnel politique dans le septentrion par des prétendants nantis de titres universitaires. Ensuite, le départ de Sadou Hayatou a eu l’avantage de faire leur place nette et Il ne fallait surtout pas revenir à la case départ en privilégiant à nouveau la région du Nord et en particulier la ville de Garoua. 
Dés l’accession de Marafa au Secrétariat Général de la Présidence, le nouveau ministre délégué à la défense qu’était devenu M. Amadou Ali n’eut cesse de lancer des « missiles scud à sa sauce habituelle » à l’encontre du jeune frère. Surfant sur la phobie du complot du Président, sentiment qu’il a su exploiter au cours de ses douze ans à la tête de la gendarmerie, il s’en est donné à cœur joie, frustré qu’il fut de son éjection en un temps record du poste de SG-PR. « Ce monsieur, je ne sais pourquoi, m’a toujours jalousé » écrira par la suite Marafa dans sa troisième lettre . Fort de son penchant pour les ragots doublé d’un syndrome « pathologique de la ‘’complotite ‘’ »comme le décrit si bien M. A. Mebara dans sa lettre à lui adressée, il n’y alla pas de main morte. Marafa sera au centre de tout : scandale Camair- Afrique du sud, manipulation financière à la SODECOTON, argent du BBJ-2 en Suisse avec l’envoi du magistrat Salatou à Genève, multiples comptes à l’étranger selon le faux listing de Dooh Collins, incarcération sans preuve du délégué du gouvernement d’Edéa dans le but de fragiliser sa tutelle , la manipulation du dossier BBJ-2 avec interdiction de sortie d’un ministre d’Etat, affirmation de l’acquisition de plusieurs immeubles à Paris, fuite organisée du dossier d’instruction organisée par son protégé le juge Magnagamabé sur l’affaire BBJ2 , et tutti quanti… 
Bien au-delà des seules considérations régionales qui visaient spécifiquement Marafa, tout le jeu que joue Amadou Ali cache en sourdine un positionnement qui n’ose pas dire son nom. Arguant de son manque de titres universitaires pour ne pas prétendre à la magistrature suprême, le Bornois de Kolofata a bien berné l’ensemble de l’establishment politique. Paul Biya en tête. Aussi a-t-il pu se servir outrageusement de l’opération Epervier en toute quiétude ; jetant au préalable en pâture un tel ou un tel, poussant à la condamnation de tel autre, sans qu’il ne soit soupçonné de la moindre ambition présidentielle. Objectif inavoué : écarter tout concurrent potentiel en étant à l’abri du jeu fort prisé de l’envoi des « missiles » par journaux interposés. 
Mais peu s’en faut ! La lecture de deux câbles de Wikileaks (publiés début 2010 et très récemment) relatifs à sa personne auront contribué à la découverte d’un sacré pot aux roses : l’intérêt manifeste du vice-premier pour le fauteuil présidentiel. Sur quelle base ? Premier câble : le pouvoir ne reviendra pas à un Béti encore moins à un Bamiléké, il repartira au Nord. Deuxième câble : Paul Biya lui a promis la place d’où ses larges pouvoirs actuels (dixit son ami et homme de main Francis Dooh Collins aux Américains en 2007). D’ailleurs pourquoi pas ! Si Ahidjo a pu diriger d’une main ferme le Cameroun avec pour tout bagage l’école primaire supérieure, que Paul Biya ait pu lui confier les plus hautes fonctions depuis près de trente ans, Amadou Ali n‘a-t-il pas le droit d’envisager pareille perspective ? En vérité, il faut l’avouer, seul un eunuque doublé d’un poltron oserait ne pas y penser. 

LES IRREDENTISTES DU POUVOIR BIYA 
A la différence du trio des frères musulmans qui s’est adjoint les services de M. Issa Tchiroma après sa réhabilitation en 2009, le groupe des irrédentistes est une véritable nébuleuse. Il est en majorité constitué de personnes dont la survie matérielle est liée à celle du régime et pour lesquelles le départ de Paul Biya sonnerait inévitablement le glas. Des hommes et des femmes, toute ethnie confondue, qui se refusent à voir le Cameroun autrement qu’à travers le prisme du maintien de leur champion au pouvoir. 
Il existe toutefois au sein de cette nébuleuse un rideau défensif fortement ancré sur le repli identitaire. Même si, une fois de plus, ses membres sont inorganisés parce que minés par des contradictions inhérentes à leurs atavismes séculaires. Ceux-ci se recrutent en grande majorité dans la région du Sud et ont une démarche tellement clanique que les alliances qui se nouent entre eux sont souvent circonstancielles et s’apparentent à celles des carpes et des lapins. Les proches de Marafa les distinguent en deux factions. D’un côté le clan familial de Mvomeka avec en pointe le député Nvondo Assam, neveu du Chef de l’Etat, et ses cousins. De l’autre, des personnalités de premier plan comme MM Bélinga Eboutou, Alain Mebe Ngo, accusés par eux de fourberie pour avoir été des hommes en qui Marafa témoignait une confiance parfois aveugle. 
Leur spécialité aura été de présenter systématiquement leur allié d’hier comme un comploteur multiforme ayant pour banquier son ami Yves Michel Fotso en charge de la levée des fonds.. Aux fins de crédibiliser leurs différentes accusations auprès du chef de l’Etat, ils n’eurent cesse de recourir à toute la panoplie des services de renseignement du pays pour rédiger les rapports les plus alarmants. C’est ainsi que tour à tour l’ancien Minatd serait devenu le financier de Boko Haram, aurait des contacts étroits avec Guerandi Barka associé à des généraux dissidents tchadiens et centrafricains pour lever les troupes et déstabiliser le pouvoir. Par ailleurs, tout sera mis en œuvre pour créditer la thèse selon laquelle Marafa entretiendrait de solides relations d’amitié avec Vincent Bolloré, alors que les deux hommes ne sont jamais rencontrés. La mayonnaise a tellement bien pris, pour avoir été maintes fois ressassée dans les journaux, que Marafa devint par ricochet l’homme de la France de Sarkozy (grand ami de Bolloré). 
Tout ce travail de sape aura finalement abouti à l’évènement du 16 avril 2012. Marafa était désormais perçu en comploteur soutenu par la France voire par les Américains pour une prise du pouvoir en octobre 2011. D’où son fameux entretien avec M. Belinga Meboutou, rapporté dans sa lettre, où ce dernier lui demande s’il compte se présenter contre le Président. La religion était donc faite. 
Mais une question demeure toutefois en suspens. Pourquoi Marafa qui savait l’étau se resserrer autour de sa personne n’a-t-il pas profité d’une de ses nombreuses missions pour s’installer à l’étranger ? La réponse fait l’unanimité parmi ses amis : « C’est méconnaître l’individu. Nous aurions même pu l’aider à le faire après sa sortie du gouvernement. La porosité des frontières dans le Nord et les appuis dont il y bénéficie étaient une tâche très aisée. Mais Marafa ne l’aurait guère accepté. Il savait que ses adversaires ne souhaitaient que cela se fasse pour l’achever ainsi politiquement. Aller en prison ne l’effrayait pas outre mesure si telle était la volonté du pouvoir. Il se sait innocent dans cette affaire et voulait un procès ouvert pour que les Camerounais découvrent la vérité ».

Marafa News: MOTION DE CENSURE D’UNE ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA M...

Marafa News: MOTION DE CENSURE D’UNE ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA M...: POINT DE VUE: LE CAMEROUN À PAS DE SÉNATEURS VERS LA RESQUILLE POLITIQUE : MOTION DE CENSURE D’UNE ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA MISÈR...

MOTION DE CENSURE D’UNE ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA MISÈRE


POINT DE VUE:

LE CAMEROUN À PAS DE SÉNATEURS VERS LA RESQUILLE POLITIQUE : MOTION DE CENSURE D’UNE ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA MISÈRE


Le Président de la république a démontré le niveau de destruction de l’espoir démocratique camerounais en se présentant comme un distributeur automatique de billets de banques aux grands électeurs, un distributeur automatique de votes à ses opposants politique en déroute, et un distributeur automatique de prolongations de mandats à des conseillers municipaux qui ne représentent plus personne au Cameroun mais choisissent encore les sénateurs du pays.
Alors que la motion de censure d’une politique et d’un gouvernement doit relever d’un élu du peuple, d’une assemblée nationale ou d’un parti politique dans le but de ramener à l’ordre un régime à la dérive, nous en livrons ici une version inédite parce que citoyenne. Ce qui se passe au sein de l’échiquier politique du triangle national l’exige. Le Cameroun vit sous un ordre de l’extraordinaire devenu ordinaire par accoutumance au concept circulaire et autoréférentiel « le Cameroun c’est le Cameroun ». Concept-marketing qui cautionne et normalise la misère morale, la misère politique, la misère intellectuelle, la misère économique et la misère sociale du peuple. Celui-ci est mis sciemment dans ces conditions de carences Multi
 variées qui tuent son indocilité.
Ainsi, les sénatoriales, fraude politique de grande envergure, font l’actualité politique camerounaise et sont cautionnées par une classe politique nationale installée dans un registre politique où ce sont moins des combats pour des valeurs démocratiques pérennes qu’il faut mener que ceux immédiats pour la conquête des postes et le prestige personnel inhérent. En conséquence, intellectuels organiques, opposants, députés et autres élus aux mandats désormais désuets ont perdu l’usage de leur langue devant l’attrait des juteux postes de sénateurs promis par le Renouveau National. Cela est une preuve supplémentaire, même si nous le savions déjà, que seule la jouissance ici et maintenant des privilèges du pouvoir, seuls les intérêts individuels comptent même s’ils sont satisfaits en clouant la souveraineté populaire au pilori.
Il est donc des moments où le cri d’écœurement d’un citoyen lambda vaut la peine d’être poussé même dans le flegme sidérant d’un champ politique national où le silence assourdissant des politiciens professionnels et des intellectuels organiques s’apparente à celui triste et sans appel des cimetières. Une parole, qu’elle relève du secret des dieux, de la solennité d’un hémicycle ou des artères de la souffrance ambiante d’un bidonville est utile. Elle l’est d’autant plus qu’à pas de sénateurs, notre pays va sûrement, non seulement vers une liturgie politique aux airs d’un requiem de l’idéal démocratique, mais aussi s’installe sans vergogne dans la resquille politique comme paradigme indépassable de sa gouvernance depuis 1960.
Notre pays le Cameroun est-il encore différent d’un cimetière politique une fois que, sans rechigner et d’un pas alerte tels des moutons de panurge, des acteurs politiques d’opposition le traînent vers l’abattoir de l’idéal démocratique en cautionnant le jeu à sommes négatives que Paul Biya met en place depuis 1982 ? Comment expliquer l’atonie et la torpeur du champ sociopolitique camerounais et de ses acteurs à l’annonce d’une élection illégitime de sénateurs, si ce n’est par la conjecture d’une anesthésie généralisée qui frappe le pays tout entier et dont la substance anesthésiante est le Biyaïsme et son clientélisme légendaire ? L’heure est grave car force est de reconnaître que la manipulation politique du Renouveau National a fonctionné depuis 32 ans parce que ce régime a en face de lui une opposition dont les atermoiements et les agissements fortement intéressés et individualistes prouvent qu’elle est le complément à l’unité du Biyaïsme. Elle est l’autre face d’une même pièce de monnaie, l’autre branche d’une même paire de ciseaux qui sectionne veine aorte, veine cave, oreillettes, valves et ventricules transportant le sang qui devrait irriguer le cœur politique d’un pays, son peuple. Le tango démocratique que danse le pays depuis 1982 ne peut être aussi parfait que si cette danse se fait à deux sous une orchestration politique où le pouvoir et ses opposants officiels trouvent leur compte dans un concert sans fausses notes qui seraient une vraie opposition.
Notre pays le Cameroun semble donc, après 32 ans d’un pouvoir sans partage, fatigué de poursuivre la démocratie comme un mirage. Il semble jeter l’éponge via la reddition de ses acteurs politiques, de certains de ses intellectuels et de ses figures de proue d’une opposition tant en syncope d’idées neuves et de stratégies organisationnelles gagnantes, qu’émasculée par le rouleau compresseur du Renouveau National. Face à un Président qui persiste et signe dans la médiocrité en se prenant pour la fin de l’histoire en lieu et place du moyen qu’il devrait être, le Cameroun est-il en train d’agiter le drapeau blanc d’une cessation de feu ? Sommes-nous en train de déposer les armes du combat démocratique en acceptant que le Biyaïsme installe complètement le triangle national dans le registre de la roublardise et de la délinquance politiques ? Nous y répondons par la négative en opposant cette motion de censure citoyenne à la gouvernance du Renouveau National depuis 32 ans.
Nous disons c’est assez et plus qu’assez à une économie politique de la misère. C'est-à-dire à un système politico-économique dont le fourvoiement incarné par le détournement du constitutionnel, de l’économique, du politique, de l’institutionnel, de l’Etat et du social est tout simplement honteux et indigne de la prospérité collective que peut produire le Cameroun pour son développement économique, social et politique. Notre rôle de citoyen est aussi d’interroger l’illégalité politique, éthique et sociologique de ce que le régime présente comme légal par des lois taillées sur mesure pour sa pérennité. Le légal ne se construit pas dans son palais par éviction de la volonté populaire mais via des débats publics débouchant sur des consensus sociétaux sanctionnés par des institutions impartiales.
* Sénatoriales, dernier épisode d’une logique d’ensemble de resquille politique depuis 1982
Ce qui distingue l’homme des hordes sauvages de chimpanzés est qu’il est capable de parole et de conceptualisation en vue d’une imagination institutionnelle, politique et économique au service de l’amélioration cumulative de son bien-être. L’innovation politique, institutionnelle, constitutionnelle et économique est donc un moyen via lequel une société passe de la médiocrité à l’excellence organisationnelle de ses conditions de vie. Sous cet angle, le drame camerounais, et les sénatoriales le confirment, est que l’institutionnel, le politique, le constitutionnel et l’économique sont dans une évolution à rebours des civilités politiques modernes. Ils servent moins à l’amélioration de la vie globale de la société qu’à l’instauration durable des privilèges d’une élite dirigeante qui cadenasse l’agenda politique par la resquille électorale et shunte ainsi la mobilité sociopolitique. Le constat est donc calamiteux car le Cameroun, pays aux multiples ressources humaines et minières est moins dans une voie de civilisation de ses mœurs politiques et civiques que dans une phase de leur ensauvagement durable. Notre Etat et ceux qui l’ont dirigé depuis 1960 n’ont pas domestiqué les pulsions de mort. Ils ont plutôt, en poursuivant leurs utopies personnelles, ouvert les vannes des égoïsmes animaux qui font du Cameroun un pays où la souveraineté du peuple est lynchée publiquement sur l’autel de la libération des pulsions libidinales par une classe politique orientée uniquement vers ce que dit son ventre, celui de sa famille ou de son clan. Dès lors, et les sénatoriales le prouvent bien, l’approche ventriloque du peuple camerounais triomphe. Ce peuple ne parle pas, il ne dit mot car c’est la motion de soutien du ministre, du directeur et de l’intellectuel organique qui parlent pour lui en le poussant à la lisière du champ politique. Il devient la marionnette d’un jeu orchestré par des marionnettistes dont on entend la voix quand leurs mains gantés miment l’ouverture de la bouche du peuple camerounais. Bouche de laquelle aucun son réel et authentique ne sort car c’est un peuple assimilé à un ensemble de « créatures » qui doivent écouter sans broncher le « créateur ».
Les sénatoriales sont de cet acabit politique car les sénateurs nommés par un Président camerounais issu d’un scrutin à la légitimité populaire inférieure à la légitimité institutionnelle, et choisis par des élus camerounais aux mandats obsolètes, le sont, non pour apporter une valeur ajoutée à la vie d’un peuple, mais pour continuer à maîtriser l’agenda politique et son timing en mettant entre parenthèses la voix du pays réel. Sans ambitions historiques au-delà des contours des privilèges personnels, le politique, l’institutionnel, le constitutionnel et l’économique jouent petits bras face aux défis de vie bonne d’un peuple. Le drame camerounais et la misère sociétale qui en découle est que la tripartite des années nonante, la révision constitutionnelle de 1996, la révision constitutionnelle de 2008, Elecam, toutes les élections présidentielles, les municipales, les législatives successives depuis 1982 et maintenant les sénatoriales ne changent rien dans la vie des populations camerounaises mais concourent uniquement à bétonner les fondations du Renouveau National et de sa reproduction sui generis. L’Homme du 6 novembre 1982 a ainsi installé la figure du resquilleur politique comme la figure gagnante de l’homme politique camerounais via un Biyaïsme qui fonctionne à plein régime lorsqu’il fonctionne à vide, c'est-à-dire lorsque le constitutionnel, le politique et l’institutionnel sont de purs instruments de manipulation de l’agenda politique pour mieux en combler le vide de résultats concrets par maîtrise des séquences cruciales de l’évolution future du pays. L’ensauvagement des mœurs où cela place le pays est donc le résultat d’une dynamique politique où le jeu à sommes négatives caractérise le fait que le peuple camerounais perd automatiquement ce que Biya et ses opposants gagnent dans un champ politique privatisé par un ping-pong RDPC/opposition famélique où les Camerounais n’ont rien d’autre à faire que de suivre des yeux la petite balle jaune de gauche à droite.
Considérant ce qui précède, nous pensons qu’il faut très vite sortir le pays de ce fourvoiement civilisationnel. Le problème ici n’est pas la participation des opposants au pouvoir- cela se fait partout dans le monde- il est de retrouver, à l’instar de l’opposition sénégalaise face à Abdoulaye Wade, une stratégie oppositionnelle crédible et consciente, tant de sa responsabilité dans l’avenir du pays, que des enjeux de refondation de l’esprit républicain. La question n’est pas d’éviter la poursuite d’intérêts individuels présents dans toutes stratégies politiques. Elle est de ne pas reléguer au second plan des valeurs communes dès l’instant que le pouvoir brandit le poste alléchant comme appât pour prouver que l’opposition camerounaise n’est qu’alimentaire. A titre d’exemple, la déperdition et la dislocation consommées de l’UPC dont aucun bureau directeur ne peut exister au plan national alors que chaque faction présente des listes aux sénatoriales suite à des divisions identiques à elles-mêmes d’années en années, sont les preuves d’une classe politique camerounaise qui, à défaut d’être maudite par on ne sait quel génie maléfique, prend son pied en se sabordant. A ce rythme, celui qui succédera à Biya à la tête de l’Etat camerounais est aussi parti pour au moins quarante ans de pouvoir car tous les ingrédients sont réunis pour que la dictature s’installe durablement au Cameroun : peuple docile et contemplateur, opposition-épouvantail, armée collaboratrice et élite dirigeante ne cherchant qu’à satisfaire les plaisirs de ses orifices.
* Le Cameroun à l’heure politique du distributeur automatique
La dictature camerounaise est désormais au zénith de sa performance. Celle-ci ne se matérialise plus par le nombre d’années (32) mis au pouvoir et les malversations impunies de ses leaders. Dire 32 ans de pouvoir pour le Renouveau National est devenu anecdotique devant ce que démontrent les sénatoriales comme maturation du penchant dictatorial du régime camerounais. Il semble, si nous prenons l’image d’un distributeur automatique, que notre pays soit désormais au stade suprême de la dictature matérialisé par un Verbe Total qui fait du Président de la république un distributeur automatique d’argent comptant et de votes à tout le monde y compris à ceux qui se présentent comme ses adversaires politiques : des voix en veux-tu ? En voilà ! « Qui veut gagner des voix ? » est le nouveau jeu de la scène politique camerounaise.
La concentration du pouvoir et l’annihilation de tout espoir démocratique par une volonté morbide d’être « le seul et unique caïman du marigot camerounais » a été mise en évidence par les sénatoriales. Le Président de la république a démontré le niveau de destruction de l’espoir démocratique camerounais en se présentant comme un distributeur automatique de billets de banques aux militants et grands électeurs, un distributeur automatique de votes à ses opposants politique en déroute et un distributeur automatique des prolongations de mandats à des conseillers municipaux qui ne représentent plus personne en dehors de Paul Biya mais choisissent encore les sénateurs du pays. La leçon est claire : il faut démontrer aux pseudo-opposants qu’ils ne représentent rien dans leurs supposés fiefs et que seul Paul Biya fait d’eux ce qu’ils sont. Le Prince peut même les ressusciter politiquement de la défaite en les nommant sénateur pour mieux les enterrer politiquement. Cela se concrétise par le fait de demander aux militants du RDPC de voter pour le SDF en confirmant ainsi qu’il est le seul et unique propriétaire de tous les votes des camerounais du RDPC et des partis d’opposition. Dans la mesure où la concentration de tous les pouvoirs fait courir au régime le risque politique de ne plus être capable de profiter des dividendes politiques de l’illusion démocratique dans un Sénat à 100 % RDPC, la dictature est actuellement obligée d’assurer sa survie par redistribution automatique de suffrages à ses opposants politiques. Le mauvais génie construit par la concentration de tous les pouvoirs est ainsi en train d’échapper à son géniteur et créateur en démontrant que continuer à pousser le bouton dictatorial revient à détruire l’illusion de diversité et de pluralité démocratiques au sein des institutions nationales. La problématique qui se présente aux générations futures est celle de chercher comment remettre en route le processus démocratique lorsque le régime en place au Cameroun est devenu un distributeur automatique d’argent, de peines de prisons, de prolongations de mandats et des votes des Camerounais. Il faut imaginer comment réinstaller l’idéal démocratique lorsque les votes des Camerounais qui devraient être secrets, non aliénables et discrétionnaires sont devenus la propriété privée d’un individu qui les vend de gré à gré quand ce n’est pas à la criée via la propagande du parti au pouvoir. Comment reconstruire les bases démocratiques populaires lorsqu’au lieu de donner la parole au peuple, le Prince incarne une Parole qui s’érige en Verbe Total et met le peuple sous éteignoir en lui reprenant ladite parole ? C’est de bonne guerre diront les concepteurs et adeptes du machiavélisme politique. Mais est-ce cela que nous devons construire dans un Cameroun qui se veut émergent en 2035 ? L’émergence du Cameroun en 2035 se décline-t-elle uniquement en un ensemble de ponts, de ports, de routes, d’industries et de premières pierres sans émergence durable des libertés individuelles et collectives ?
Notre peuple est au stade où, en dehors de la motion de soutien comme argument performant de son approche ventriloque, son vote est désormais une pièce du puzzle du jeu à sommes négatives mis en place par le Renouveau National depuis 1982. Non seulement c’est le régime qui décide secrètement de la date des scrutins, mais aussi c’est lui qui distribue les votes des Camerounais à qui il veut afin d’entretenir l’illusion démocratique par l’existence de sénateurs dits de l’opposition. Nous soutenons qu’une telle situation est le signe avancé d’une putréfaction des référents démocratiques dans notre pays. Le pays ne peut en sortir qu’en renouant avec le respect de la citoyenneté politique de son peuple par la garantie du caractère secret, discrétionnaire et non aliénable de ses choix politiques. Cela est urgent car les sénatoriales démontrent que le Cameroun n’a plus d’opposition mais un seul parti, le parti unique au pouvoir dont les partis et leaders d’opposition sont des antennes nationales chargées de faire jouer l’illusion démocratique. Nous devons combattre avec la dernière énergie cette économie politique de la misère morale et de la misère démocratique. Nous devons sortir le pays de l’âge politique d’un mode de gouvernance s’incarnant comme une distribution automatique de votes, de billets de banque, de sanctions pénales, de postes étatiques et de prolongation de mandats désuets. L’échiquier politique camerounais doit sortir de l’image mortifère d’un distributeur automatique au centre d’un cimetière politique national où, zombifiés, peuples et leaders d’opposition rament vers le distributeur automatique duquel sortent tantôt des révisions constitutionnelles, tantôt des tirs à balles réelles sur les manifestants, tantôt des promesses de « grandes réalisations », tantôt des sanctions politiques via l’Opération Épervier  tantôt des votes en faveur de l’opposition et tantôt des billets de banques à destination des ventres affamés qui doivent bien avoir une oreille. Dans pareilles circonstances, c’est un statut de « marionnette » qui échoit au peuple camerounais, il croit se mouvoir mais il est mu par le distributeur automatique.
* Jeunes et « benskineurs » : acteurs performants d’une nouvelle économie politique de la misère
La grande balafre qui segmente le peuple camerounais en très riches dont les montagnes d’argent titillent les anges du ciel, et en très pauvres dont les besoins atteignent les profondeurs abyssales, défigure à la fois le visage du pays tout en constituant l’estampille politique d’un régime désormais expert en corrosion des espoirs par flétrissure du rêve d’émancipation des tutelles internes et externes. L’économie politique de la misère dont nous parlons n’a donc pas qu’un versant politique, institutionnel et constitutionnel. Son versant économique et social est de plus en plus prégnant ces derniers temps où le discours de la domination semble redécouvrir le peuple camerounais. Le renforcement du divorce entre le discours et la pratique se poursuit en effet depuis la dernière fête nationale de la jeunesse où la jeunesse camerounaise, le chômeur et les « benskineurs » ont été portés au pinacle par l’homme fort de Yaoundé : ce sont les nouveaux acteurs performants d’une économie politique de la misère. Conscient, à défaut d’une jacquerie paysanne, que la jeunesse, les chômeurs et les « benskineurs » sont sûrement ceux dont le soulèvement peut ébranler le pouvoir de Yaoundé, le discours du Biyaïsme fait semblant de s’occuper de leur sort dans une stratégie d’annihilation de possibles révoltes populaires. Il est ainsi né, via le dernier discours de Paul Biya à la jeunesse camerounaise, une analyse inédite des causes du chômage et de la souffrance sociale y efférente.
Les économistes ont certainement découvert en lisant le discours du Président camerounais à la jeunesse que le nouveau paramètre explicatif du chômage des jeunes au Cameroun a pour nom : « la force des choses ! ».
Selon Paul Biya les jeunes camerounais sont massivement chômage et deviennent majoritairement « benskineurs », non à cause des politiques menées par le Renouveau National depuis 1982, non à cause des crises économiques, mais à cause de « la force des choses ». Dès lors ce n’est pas contre le pouvoir qu’il faut se plaindre lorsqu’on est au chômage mais contre « la force des choses », mystérieuse entité qui prouve que le Biyaïsme ne sert finalement à rien pour les jeunes, étant donné qu’il n’aurait pas existé que « la force des choses » aurait quand même frappé les jeunes camerounais. Cette « force des choses », une fois qu’on jette un regard sur l’âge moyen des différents gouvernements de Biya depuis 32 ans, semble être la préférence gérontocratique de son pouvoir car plusieurs ministres nommés étaient déjà aux affaires alors que plusieurs jeunes camerounais de quarante ans étaient encore à l’école primaire ou au jardin d’enfants. On comprend mieux d’où viennent les choses et leur force.
En outre, alors qu’ils ont été depuis longtemps méprisés et réprimés violemment, les « benskineurs », via un logos qui redécouvre le peuple et ses pratiques pour mieux les domestiquer, tiennent à nouveau le haut du pavé. Ils ne sont plus les forces du désordre à mettre en ordre par les forces de l’ordre. Ils sont désormais de jeunes camerounais dignes et responsables de leurs familles. Dans cette stratégie de récupération et de division, « la force de choses » devient automatiquement celle du pouvoir en place car celui-ci se rend subitement compte qu’il peut exiger des casques aux mototaxis et à leurs passagers, qu’il peut organiser la formation des « benskineurs » au code de la route et autres civilités du trafic. Cela prouve que l’économie politique de la misère ne reconnaît l’utilité sociétale des « benskineurs » que lorsque le pouvoir veut en faire un allié en divisant cette corporation de l’intérieur par la production d’un discours favorable sur eux. Une fois de plus ce n’est pas le pauvre, la jeunesse, le chômeur et le « benskineur » qui parlent de leurs situations. C’est le pouvoir qui en parle, les met en forme politique et les vide de leur authenticité comportementale. Le Cameroun est-il à ce point au taquet pour promouvoir le « benskin» comme statut d’avenir de sa jeunesse ?
Considérant le sacrifice inadmissible de la jeunesse camerounaises et le discours creux et politicien qui l’entérine, nous soulignons la faillite d’un pouvoir qui passe de la jeunesse comme « fer de lance » du pays à la jeunesse camerounaise exaltée dans son activité de « benskineurs » en remettant la responsabilité de l’Etat et de ses dirigeants à « la force des choses », mystérieuse entité non localisée et non désignée concrètement.
Il n’est donc pas surprenant que la dimension économique du divorce entre le discours et la pratique prenne la forme d’un grand écart sémantique entre le libéralisme communautaire et l’émergence économique du Cameroun en 2035. Comment passe-t-on allègrement et sans transition du libéralisme communautaire à l’émergence économique, deux paradigmes de développement qui n’ont aucun lien idéologique, paramétrique et instrumental entre eux si ce n’est pas pure mystification verbale via un discours qui compte profiter des effets d’aubaines que la conjoncture internationale place en l’émergence économique ?
Nous soulignons ici non seulement l’absence de cohérence entre le libéralisme communautaire de départ et l’émergence économique actuelle, mais aussi la mystification de ce passage en l’absence d’explications crédibles du pourquoi et du sous-bassement instrumental mis en place pour réaliser l’émergence économique du Cameroun en 2035 sans avoir réalisé un seul point du libéralisme communautaire depuis 32 ans de pouvoir.
* Des fondamentaux de l’Opération Épervier au-delà de la surface des choses
L’ensauvagement profond et durable dont nous parlons des mœurs et de la pratique politique au Cameroun est aussi la logique générale qui explique l’Opération Épervier et les faits dont elle traite. Pour peu qu’on accepte de sortir de l’anorexie analytique des simples d’esprits, il est évident que le premier détournement dont souffre le Cameroun est le détournement de l’esprit républicain par le Renouveau National. Les Camerounais transforment l’Etat en canal d’accumulation individuel au détriment de l’intérêt général parce que, sans Etat-providence, sans gouvernance exemplaire, c’est l’accumulation individuelle qui joue le rôle d’assurance vie des uns et des autres dans une jungle où c’est celui qui possède qui fait la loi à la place des droits et devoirs du citoyen. Les espèces sonnantes et hallucinantes que le discours carcéral et pénal met sur la scène publique ne sont qu’une écume de surface devant le caractère structurel du problème de l’ensauvagement des mœurs qui détruit les valeurs républicaines de justice, d’équité, de solidarité et d’excellence. C’est le resquilleur économique, le resquilleur politique, le resquilleur institutionnel, le resquilleur administratif et le resquilleur social qui ont pignon sur rue dans un tel système de « feymania d’Etat ». La moralisation des comportements et la rigueur dans la gestion que dit vouloir installer l’Opération Epervier plus d’un quart de siècle après, auraient dû commencer par le respect de la Constitution camerounaise de 1996, de la parole donnée à la tripartite de 1990 et des engagements de départ du Renouveau : comment peut-on prétendre prêcher par l’exemple via l’Opération Epervier sans être soi-même exemplaire dans le respect de la norme fondamentale en vigueur ?
Il en résulte que l’Opération Épervier  nous ne cesserons jamais de le dire, traite des faits qui ne sont que des conséquences du mode de gouvernance mafieux, désinvolte et libidineux instauré par le régime en place depuis 1982. Elle est une façon de recycler ses propres malversations et déchets politiques, humains et institutionnels pour en faire de l’humus nécessaire à sa reconstruction individuel et corporatiste. Et pourtant le respect du principe de causalité exige que la cause des problèmes soit combattue et non uniquement leurs effets et/ou conséquences si on veut en extraire la racine vénéneuse. L’Opération Epervier est la conséquence d’une cause qu’est le style vénal, inconséquent, machiavélique, médiocre et mensonger de la gouvernance du Renouveau National. La preuve en est que les malversations financières continuent de plus belles au Cameroun au point de ne plus émouvoir que ceux qui ne sont pas du sérail. Elles ne peuvent être stoppées par une Opération Epervier qui laisse intacte la cause du problème (le Renouveau National) et ne s’attaque qu’aux conséquences.
Conscient de ce constat, nous considérons qu’en sortir exige de changer drastiquement de cap politique par une remise en place et au centre des valeurs républicaines garanties par des mécanismes de sanctions exemplaires à l’encontre de ceux qui ne les respecteraient pas. Une élection comme le sénatoriales ne devrait plus jamais se faire à une date décidée en catimini par un Président et via des élus aux mandats désuets mais par des textes officiels qui en garantissent les calendriers et officialisent publiquement toutes les modalités organisationnelles. Nous sommes dans un pays où c’est l’homme d’Étoudi qui, pendant 17 ans, juge que le Sénat est sans objet et décide, un beau matin, que ce n’est plus le cas.
La restauration de l’esprit républicain est donc ce que doit attaquer en priorité une politique de reconstruction du pays car des calendriers privatisés de la vie politique et des lois instables entrainent que le politique, l’institutionnel et le constitutionnel ne soient que des instruments d’un homme et non des stabilisateurs sociétaux. La sortie d’un champ politique régi par les humeurs et les calculs politiciens d’un individu fût-il « le créateur » est urgentissime. Il est vital pour le Cameroun de passer d’un régime où les problèmes s’expliquent par « la force des choses », le hasard, à un régime qui assume ses responsabilités en devenant le principal comptable des résultats obtenus. Il est urgent d’envoyer aux calendes grecques une opposition politique qui, à la moindre opportunité que présente un scrutin porteur sur le plan individuel, sacrifie les valeurs, les stratégies et les combats collectifs. C’est à se demander si le Biyaïsme n’est pas admiré par l’inconscient camerounais où il fait florès. Sinon comment devient-on « créature » si ce n’est par sa propre caution ? Comment fabrique-t-on un « créateur » parmi ses compatriotes si on ne participe pas soi-même à la production des conditions qui font de nous des « créatures » ? Comment le SDF peut-il brandir tour à tour un carton rouge puis un carton vert aux sénatoriales s’il n’est lui-même animé de la même logique que le pouvoir en place ? Comment des conseillers municipaux aux mandats désuets peuvent accepter de choisir les sénateurs s’ils ne cautionnent pas eux-mêmes la logique du pouvoir qui les maintient à leurs postes et garantit ainsi leurs privilèges ? Ces quelques questions prouvent que c’est moins la ressource humaine qui manque au Cameroun que des hommes d’honneur, des hommes de conviction et des hommes qui pensent le politique au-delà d’eux-mêmes pour le bien de tous : c’est le règne de la médiocrité qui prévaut.
* D’où peut venir l’espoir ?
Avec les sénatoriales le régime de Yaoundé parachève son divorce d’avec la démocratie en devenant acteur et metteur en scène de la vie politique du pays pour lui-même et par lui-même sans se préoccuper du fait que le Sénat, en dehors des informations qu’il pourrait donner sur la succession via le dévoilement de l’identité de son président, n’a aucune valeur ajoutée sur le quotidien de la société camerounaise dans son ensemble. C’est donc ce régime, mieux, son mode de gouvernance, l’ennemi numéro un du peuple camerounais, du Cameroun et de son avenir.
Rebâtir l’espoir afin de reconquérir et de (ré) enchanter l’avenir ne viendra pas d’extra-terrestres mais bien des têtes de Camerounais et de Camerounaises de l’intérieur et de l’extérieur. Il nous semble dès lors que le souci primordial qui devrait guider une telle reconstruction est la réinstauration, via un cap politique vertueux, des valeurs qui tiennent les hommes et les femmes ensemble malgré leurs différences et les mobilisent vers un projet de société ambitieux, participatif et solidaire. Les citoyens camerounais ne peuvent s’impliquer de nouveau en politique autrement que par l’absentéisme aux scrutins et sortir de l’ensauvagement ambiant, que s’ils sont parties prenantes d’un projet et en voient les conséquences positives sur eux à plus ou moins longue période. Nous avons, dans un livre publié en 2011, donné une trentaine de réformes à mettre en place dans tous les domaines. Ci-dessous, succinctement quelques-unes :
* Le travail de mémoire et ses dividendes dans la reconquête du grand destin du Cameroun : devant la douleur viscérale qui caractérise la mémoire politique camerounaise, la diaspora camerounaise engagée fait, via la Fondation Moumié, Citoyen pour la mémoire, le mouvement umnyobiste et d’autres associations et acteurs, un travail de mémoire salutaire et inédit. Elle est en train de combler avec talent et abnégation la dimension mémorielle d’un pan entier d’une vie politique camerounaise peu encline à l’exaltation de ladite mémoire, tellement ses acteurs performants se sont construits depuis toujours sur les décombres de l’utopie collective fondée par Um Nyobè et ses camarades. Cette diaspora camerounaise montre que cette utopie est toujours d’actualité au sens de boussole, d’idéal et de canevas d’actions mobilisatrices pour un mieux être ensemble au sein du triangle national et dans le monde. Il est donc honorable et encourageant pour le Cameroun que sa diaspora politiquement engagée porte ces valeurs et en assure la transmission pour les générations futures qui en ont grandement besoin dans un pays frappé dans tous ses points névralgiques d’une (dé)civilisation des mœurs et d’une criminalisation de l’Etat dont sa classe dirigeante est la locomotive à grande vitesse. Ces valeurs mémorielles peuvent permettre au Cameroun de sortir des modèles du resquilleur politique, du resquilleur économique, du resquilleur électoral et du resquilleur administratif qui font des émules chez les jeunes en se présentant comme des statuts qui gagnent dans l’ensauvagement ambiant du pays. Nous proposons qu’on mette en place une maison camerounaise de la mémoire afin de s’atteler à ce travail de construction permanente de la nation et de son identité historique via un travail de mémoire conçu comme un patrimoine national. L’un des objectifs de la maison camerounaise de la mémoire est de construire un panthéon des héros camerounais et panafricains de la liberté : une fois l’ensauvagement des mœurs profondément installé, c’est l’horizon éthique et moral qu’il faut au préalable reconstruire.
* La Constitution camerounaise. Notre loi fondamentale est la colonne vertébrale à restructurer pour sortir du détournement des valeurs républicaines : une limitation à maximum deux, les mandats successifs à la tête de l’Etat, une élection présidentielle à deux tours quels que soient les résultats du premier tour, une création d’une commission électorale indépendante, l’établissement de la responsabilité pénale du chef de l’Etat, l’éviction des notions d’allochtone et d’autochtone, sont, entre autres aspects, quelques points importants pour restaurer le capital confiance entre les populations et les gestionnaires de l’Etat. Par exemple, la responsabilité pénale du chef de l’Etat protège le Président de la République et les populations camerounaises d’un pouvoir sans limites parce que responsable de rien comme le dit notre actuelle Constitution.
* Remettre les réformes institutionnelles et constitutionnelles au service du bien-être des populations camerounaises. Ce que montre de bout en bout cette motion de censure est que le constitutionnel et l’institutionnel ainsi que leurs réformes depuis 1982 n’ont pas ajouté plus de droits, plus de liberté et plus de bien-être aux Camerounais. Il ont au contraire ajouté plus de droits, plus de bien-être et plus de liberté au Renouveau National et à ses leaders. Rebâtir le Cameroun exige de rétablir le constitutionnel, l’institutionnel et leurs réformes dans leurs fonctions sociétales de coordinations équitables de rapports entre acteurs puis entre acteurs et ressources. Une réforme institutionnelle ou constitutionnelle qui n’améliore pas le sort d’un peuple ou le fonctionnement de l’appareil d’Etat ne sert strictement à rien. Une réforme institutionnelle ou constitutionnelle qui porte atteinte à la séparation des pouvoirs ne sert pas la démocratie et la justice. Une réforme constitutionnelle comme celle de 2008 qui déresponsabilise l’exécutif de ses actes pendant ses mandats et après ceux-ci est une régression sociétale majeure.
* Le droit de savoir des citoyens camerounais. L’Opération Épervier démontre que les centaines de titres qui paraissent chaque matin au Cameroun n’ont aucune capacité de faire un journalisme d’investigation. Les malversations calamiteuses au sommet de l’Etat sont aussi si foisonnantes au Cameroun parce que le système en place est opaque et tient tout le monde en laisse via une curialisation des rapports sociaux, économiques et politiques. En conséquence, les citoyens camerounais ne peuvent avoir accès à l’information que si c’est « le chef suprême » qui parle en accusant ses proches collaborateurs par transformation du discours qui opprime en celui qui sauve le pays des truands en son sein. L’information n’est donc plus le produit d’une communication gouvernementale transparente ou d’un travail d’investigation du quatrième pouvoir. Elle devient le produit préfabriqué, soit par l’avocat de l’accusé, soit par le ministère public, soit par le Président accusateur, soit par ses hauts collaborateurs sur la défensive face à la barre. Le fait que ce soit le discours carcéral et le discours pénal qui informent le pays de la déroute de la gouvernance du Renouveau National après 32 ans de pouvoir, est le signe d’un système où le droit des citoyens camerounais à savoir ce qui se passe effectivement dans leurs pays n’est pas respecté. Conscients du fait que la liberté d’expression et la liberté d’informer sont des caractéristiques centrales d’une démocratie, nous affirmons ici qu’il est plus que vital de favoriser un journalisme d’investigation au Cameroun afin que le citoyen camerounais puisse jouir de son droit de savoir et que le journaliste soit capable de protéger ses sources et de faire son travail en toute liberté. C’est par exemple le journalisme d’investigation qui a entraîné la démission du Président américain Nixon en révélant au grand jour le scandale du Watergate.
* Rétablir la justice républicaine face à sa privatisation par des délinquants en cols blancs. La justice camerounaise ne joue plus sont rôle républicain étant donné qu’elle a perdu son indépendance une fois placée sous les ordres du pouvoir exécutif. La séparation des pouvoirs qui permet à la démocratie de fonctionner et de rendre justice a été foulée aux pieds par un pouvoir qui a fait de l’institution judiciaire un instrument de répression de ses adversaires politiques et serviteurs d’hier tombés en disgrâce aujourd’hui. Reconstruire la confiance entre le peuple camerounais et son institution judiciaire exige la libération de tous les prisonniers politiques innocents, la libération des prisonniers politiques qui ont déjà purgé leur peine ou alors de ceux qui ont été reconnus innocents mais demeurent incarcérés par la seule volonté du Président camerounais. Construire une justice républicaine exemplaire nécessite que le procès politique ne pollue plus notre justice en la transformant en une arène de gladiateurs politiques où règne la loi du plus fort à la place du droit et des lois. La justice camerounaise ne doit plus être l’assureur en dernier ressort des carences du champ politique corrompu et vénal. Et si tel est le cas, elle doit avoir son temps, le temps judiciaire à ne pas calquer sur le temps des règlements de compte politiques que l’exécutif lui impose.
* L’armée camerounaise doit être une institution spécialisée dans l’offre de la sécurité individuelle et collective comme un bien public. Elle peut aussi être équipée pour les travaux publics, l’agriculture et même la recherche scientifique dans certains domaines liés à la sécurité de l’Etat camerounais. Elle ne doit plus jamais être une armée qui tue les citoyens camerounais qui manifestent pacifiquement leur mécontentement. Elle ne doit plus être un instrument de blocage du processus démocratique en devenant un maillon performant de la dictature et du partage de la rente économique. Nous proposons qu’il soit introduit dans notre le Constitution une disposition selon laquelle tout homme en tenue et armé qui tire à balles réelles sur un Camerounais en train de manifester pacifiquement est radié à vie et écope de 40 ans de prison. En outre, le chef de l’Etat camerounais étant le chef suprême des armées, notre Constitution doit introduire une disposition suivant laquelle tout chef d’Etat camerounais qui ordonne des tirs à balles réelles sur des populations camerounaises en train de manifester pacifiquement voit déclencher en son encontre une procédure d’impeachment (destitution) car cela correspond à une trahison et à un délit majeur contre le droit du peuple camerounais à la vie et à la liberté d’expression.
* L’informatisation des mécanismes de paiement dans les administrations (du moins dans les grandes villes) et les ambassades est urgente pour lutter contre la corruption. Il est incompréhensible que des ministres et autres responsables publics se retrouvent avec des liasses de billets (argent de l’Etat camerounais) dans leurs bureaux alors que des banques, les comptes bancaires et des moyens de paiements électroniques existent. Ces moyens modernes ne sont pas utilisés parce que le resquilleur politique, le resquilleur administratif et le resquilleur économique préfèrent manipuler du cash sans laisser de traces électroniques pouvant prouver sans discussion les transactions frauduleuses et délinquantes. Une façon de lutter contre une grande partie de la « feymania d’Etat » est d’informatiser et de rendre obligatoire (dans toutes les grandes villes) le règlement électronique de toutes factures, paiements et transferts d’Etat afin d’en avoir la traçabilité nécessaire aux audits et évaluations. Cela limite aussi le contact entre les hommes, réalité qui encourage la corruption étant donné qu’il faut toujours être au moins deux dans ces choses-là.
* Des bourses santé et éducation aux familles camerounaises les plus démunies. Notre pays est en pleine croissance sans que les pauvres en voient la couleur. Une politique mise en place par le feu Président Hugo Chavez fut d’accorder des bourses santé et éducation aux familles les plus pauvres du Venezuela avec l’obligation en retour pour ces familles d’envoyer les enfants à l’école et de faire des visites mensuelles chez le médecin. Ainsi, chaque mois, les familles n’ont droit à leurs bourses que sur présentation d’un carnet de présence de l’enfant à l’école et de visite de celui-ci chez le médecin. Cela est très important étant donné qu’on brise ainsi le cycle de pauvreté qui se transmet parfois des parents aux enfants par les mêmes carences d’éducation et de santé. Nous proposons, après avoir ensemble défini statistiquement ce que c’est qu’une famille camerounaise très pauvre (revenu annuel réel via une ligne de pauvreté à préciser), qu’une bourse santé et éducation d’une périodicité mensuelle soit octroyée aux familles camerounaises les plus pauvres afin d’atteindre l’objectif de rupture des cycles de pauvreté intra généalogiques. Ce transfert de revenu se fait par virement bancaire dans un compte ouvert par l’Etat pour les familles démunies qui n’en possèdent pas encore. Cela est un bon relais national à la politique internationale basée sur les objectifs de développement du millénaire. Si la croissance est là ainsi que le disent les indicateurs du FMI et de la BM et que le claironne le Président camerounais à chacune de ses visites hors du pays, alors elle doit bénéficier concrètement aux populations pauvres via de tels transferts. Ce serait cela une véritable grande réalisation montrant le basculement des faveurs d’un pouvoir vers l’amélioration des conditions de vie des hommes, femmes et enfants démunis.
* Restaurer l’intégrité morale et le respect de la fonction présidentielle. La crise civique que connaît le Cameroun depuis 1982 a atteint son point culminant avec l’Opération Epervier. Le Chef de l’Etat en est le principal responsable car de deux choses l’une : soit le Président Biya n’a rien vu pendant toutes ces années des malversations que dénonçaient l’homme de la rue en longueur de journée : il est dans ce cas un Président candide et incompétent et donc dangereux pour un pays qui pense avoir quelqu’un de compétent à sa tête. Soit il savait tout depuis 1982 et a attendu le moment politiquement propice pour lui pour enclencher les hostilités : dans ce cas il est un Président machiavélique, manipulateur et menteur. Ces deux situations constituent un outrage à l’esprit républicain et sont en grande partie à l’origine du discrédit qui frappe actuellement le Président et la fonction présidentielle. Lorsqu’on abuse de la fonction présidentielle par inflation de la révision constitutionnelle, lorsqu’on est soit menteur, soit candide alors qu’on est le Président d’un Etat, le peuple ne respecte plus ni l’homme qu’on est, ni le poste que cet homme occupe, étant donné que l’homme et le poste ont été dévalués par des comportements non exemplaires.
Nous avons donc aussi pour devoir de réhabiliter le poste présidentiel et la fonction de Président de la République camerounaise par la mobilisation créatrice de notre indignation collective par rapport à la défaite morale du Renouveau National. Le peuple camerounais doit apprendre à s’indigner afin que le Biyaïsme ne soit pas par sa durée quelque chose qu’admirerait ce peuple-là dans son inconscient.
* Une commission d’enquête citoyenne sur la gestion de l’Etat depuis que Mr. Biya est au pouvoir. Le politique, la parole politique et la parole d’Etat ont perdu leur crédibilité et leur magistère auprès du peuple camerounais. Le divorce est donc consommé entre les Camerounais, leurs politiques, leur Etat et leur Président. Le Cameroun ne peut continuer à fonctionner comme s’il n’y avait pas eu du Biyaïsme et ses malversations multiples. Le pays doit en tirer les leçons pour l’avenir afin que cela ne se reproduise plus jamais au sommet de l’Etat. Nous proposons que cela se fasse via une commission d’enquête citoyenne dont le rôle serait de mettre en lumière la gestion de l’Etat camerounais sous Paul Biya et d’en tirer des résolutions pour l’avenir du pays. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs, le drame camerounais depuis 1982 doit servir à établir de nouvelles lois et règles assorties de sanctions dynamiques dans le fonctionnement de l’Etat. Nous devons sortir de l’extraordinaire devenu ordinaire par accoutumance à la médiocrité généralisée. Nous ne pouvons sortir de la truanderie généralisée que si nous en tirons des résolutions utiles pour l’avenir du Cameroun suite à une mise en examen citoyenne de tous les détournements multiples sous Biya, de l’affaire Albatros, des délits d’initiés du fils du Président par rapport à la dette camerounaise ainsi que les implications de la première dame dans plusieurs de ces affaires de l’ère Biya.
* Création d’un service national d’évaluation afin de systématiser l’évaluation sur l’échiquier national. L’Opération Épervier n’aurait pas pu exister si le Renouveau National avait, dès 1982, mis en place un service national d’évaluation chargé d’évaluer ex-ante, du monitoring des mandats et des évaluations ex-post de tous les services, de tous mandats étatiques et de tous les patrimoines de l’Etat camerounais ainsi que leur évolution d’une année à une autre. Il est donc primordial de mettre en place un service national d’évaluation afin d’installer au Cameroun une culture d’évaluation systématique afin de promouvoir l’accountability dans tous les domaines. Tout ce qui concerne l’Etat et ses partenariats doit faire l’objet d’un rapport d’évaluation et d’un suivi méticuleux par ce service national d’évaluation dont la structure doit être décentralisée et indépendante des pouvoirs politiques. Des sanctions sévères doivent aussi être prévues pour punir de façon exemplaire et mémorable les contrevenants aux règles de la gestion saine de la chose publique. L’évaluation des politiques publiques n’est pas seulement une pratique qui renforce la transparence et la lutte contre la corruption. Elle est aussi une aide à la décision et un outil de renforcement des performances des politiques publiques nationales et internationales.
NB : Pour prendre connaissance du catalogue complet des 30 réformes que propose l’auteur comme solutions possibles au mal camerounais, lire Le Biyaïsme : Le Cameroun au piège de la médiocrité politique, de la libido accumulative et de la (dé)civilisation des mœurs, l’Harmattan, Paris, 2011.
© Correspondance : Thierry AMOUGOU, Enseignant-chercheur, Université catholique de Louvain, Belgique.