Affaire Franck Biya: L'Alliance pour la défense
du bien public écrit à François Hollande
Vous receviez à la fin du mois Monsieur Paul Biya, Président de la
République du Cameroun, à l'occasion de sa première visite officielle en France
durant votre mandat. A cette occasion, le collectif camerounais «Alliance pour
la défense du bien public» a l'honneur de s’adresser librement à vous, afin
d'attirer votre attention sur grave scandale financier impliquant directement
les proches de M. Biya.
En novembre dernier, notre association, composée de Camerounais déterminés à promouvoir la justice et le progrès dans un pays où ces valeurs sont cruellement bafouées, a ainsi saisi le parlement camerounais sur le détournement de 100 milliards de francs CFA (environ 150 millions d'euros) réalisé en 2006 par Franck Biya, fils du Président de la République, au dépens du trésor public camerounais et grâce à la complicité active de nombreux proches du Président Biya. Les pièces annexes jointes à cette lettre établissent la réalité de ces faits avec certitude, comme le confirme l'incapacité des pouvoirs publics et en particulier du Ministère des Finances à démontrer par voie de presse la régularité des opérations en cause. Or, la demande introduite par un député en vue de la constitution d’une mission d'enquête parlementaire est à ce jour restée sans suite.
Si nous vous interpellons aujourd'hui à ce sujet, monsieur le Président, ce n'est évidemment pas pour réclamer l'ingérence de la France dans cette affaire camerounaise. Vous avez à juste titre, depuis votre élection, souligné à plusieurs reprises qu'il était temps de rompre définitivement avec les pratiques post-coloniales de la «Françafrique».
L'intervention militaire au Mali prouve cependant que le sort de notre continent, et évidemment d'abord celui de l'Afrique francophone, ne vous est pas indifférent, et que vous souhaitez aider les Africains à affronter les nombreux périls qui les menacent aujourd'hui.
Voilà pourquoi, M. le Président, nous portons aujourd’hui cette grave dépréciation du bien public camerounais, car elle symbolise les nombreuses dérives d'un pouvoir dont l'impéritie et les mauvaises pratiques mettent en péril le destin de tout un pays.
La France est depuis de nombreuses années, sensible à la question des biens mal acquis, que se sont appropriés en toute illégalité de nombreux Chefs d'Etat africains. Le 24 février dernier, la justice française saisissait ainsi l'hôtel particulier que possède, avenue Foch à Paris, la famille Nguema, qui dirige la Guinée Equatoriale. Sachez, monsieur le Président, que le bien public camerounais fait lui aussi régulièrement l'objet de spoliations considérables par les membres du clan au pouvoir depuis 1982, dont le détournement réalisé en 2006 par Franck Biya ne constitue malheureusement qu'un des nombreux exemples.
Or, si de telles pratiques sont malheureusement courantes dans de nombreux pays voisins du nôtre, comme le Congo, le Gabon, l'Angola, ou, la Guinée Equatoriale, il faut noter que le niveau de vie des populations a connu dans ces Etats des progrès sensibles au cours des dernières décennies, grâce notamment au développement de nombreuses infrastructures; au Cameroun, le niveau de vie moyen a au contraire diminué depuis le début du mandat de monsieur Biya.
Les Camerounais sont donc, encore plus que tous leurs voisins, les premières victimes des mauvaises pratiques du pouvoir en place. A titre d'exemple, la seule somme détournée par Franck Biya est supérieure au coût de réalisation du deuxième pont sur le Wouri que le Cameroun attend depuis 30 ans! Un pont dont la réalisation conditionne le développement économique du pays, et l'amélioration des conditions de vie de plus d'un million de nos compatriotes qui vivent à l'ouest de ce fleuve.
La construction de ce pont devrait enfin commencer cette année. A la suite d'un appel d'offres qui a connu de nombreux rebondissements, c'est finalement une entreprise française, Sogea Satom, plutôt que l'entreprise chinoise longtemps pressentie, qui devrait assurer sa réalisation, grâce notamment à un financement de l'Agence française de développement. Le choix d'une entreprise française, ont révélé plusieurs journaux camerounais, aurait été vivement recommandé au Ministre des Travaux publics par l'entourage de monsieur Paul Biya dans des conditions suspectes, et afin de faciliter à celui-ci l'obtention d'une visite officielle en France.
Dans ces conditions, Monsieur le Président, beaucoup de nos compatriotes ont aujourd'hui l'impression regrettable que la France, ce grand pays vers lequel ils continuent de tourner naturellement leurs regards, privilégie au Cameroun ses intérêts économiques sur le respect de ces valeurs qui vous sont si chères: la démocratie, la justice et la bonne gouvernante. Le moindre signe de votre part visant à dissiper ces soupçons, le moindre témoignage de votre inquiétude quant aux mauvaises pratiques de la parentèle de M. Paul Biya, seraient accueillis comme un signe d'espoir par une population camerounaise au bord du découragement.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de notre très haute considération et de notre profond respect.
ALPHONSE MEKOULOU ZE
En novembre dernier, notre association, composée de Camerounais déterminés à promouvoir la justice et le progrès dans un pays où ces valeurs sont cruellement bafouées, a ainsi saisi le parlement camerounais sur le détournement de 100 milliards de francs CFA (environ 150 millions d'euros) réalisé en 2006 par Franck Biya, fils du Président de la République, au dépens du trésor public camerounais et grâce à la complicité active de nombreux proches du Président Biya. Les pièces annexes jointes à cette lettre établissent la réalité de ces faits avec certitude, comme le confirme l'incapacité des pouvoirs publics et en particulier du Ministère des Finances à démontrer par voie de presse la régularité des opérations en cause. Or, la demande introduite par un député en vue de la constitution d’une mission d'enquête parlementaire est à ce jour restée sans suite.
Si nous vous interpellons aujourd'hui à ce sujet, monsieur le Président, ce n'est évidemment pas pour réclamer l'ingérence de la France dans cette affaire camerounaise. Vous avez à juste titre, depuis votre élection, souligné à plusieurs reprises qu'il était temps de rompre définitivement avec les pratiques post-coloniales de la «Françafrique».
L'intervention militaire au Mali prouve cependant que le sort de notre continent, et évidemment d'abord celui de l'Afrique francophone, ne vous est pas indifférent, et que vous souhaitez aider les Africains à affronter les nombreux périls qui les menacent aujourd'hui.
Voilà pourquoi, M. le Président, nous portons aujourd’hui cette grave dépréciation du bien public camerounais, car elle symbolise les nombreuses dérives d'un pouvoir dont l'impéritie et les mauvaises pratiques mettent en péril le destin de tout un pays.
La France est depuis de nombreuses années, sensible à la question des biens mal acquis, que se sont appropriés en toute illégalité de nombreux Chefs d'Etat africains. Le 24 février dernier, la justice française saisissait ainsi l'hôtel particulier que possède, avenue Foch à Paris, la famille Nguema, qui dirige la Guinée Equatoriale. Sachez, monsieur le Président, que le bien public camerounais fait lui aussi régulièrement l'objet de spoliations considérables par les membres du clan au pouvoir depuis 1982, dont le détournement réalisé en 2006 par Franck Biya ne constitue malheureusement qu'un des nombreux exemples.
Or, si de telles pratiques sont malheureusement courantes dans de nombreux pays voisins du nôtre, comme le Congo, le Gabon, l'Angola, ou, la Guinée Equatoriale, il faut noter que le niveau de vie des populations a connu dans ces Etats des progrès sensibles au cours des dernières décennies, grâce notamment au développement de nombreuses infrastructures; au Cameroun, le niveau de vie moyen a au contraire diminué depuis le début du mandat de monsieur Biya.
Les Camerounais sont donc, encore plus que tous leurs voisins, les premières victimes des mauvaises pratiques du pouvoir en place. A titre d'exemple, la seule somme détournée par Franck Biya est supérieure au coût de réalisation du deuxième pont sur le Wouri que le Cameroun attend depuis 30 ans! Un pont dont la réalisation conditionne le développement économique du pays, et l'amélioration des conditions de vie de plus d'un million de nos compatriotes qui vivent à l'ouest de ce fleuve.
La construction de ce pont devrait enfin commencer cette année. A la suite d'un appel d'offres qui a connu de nombreux rebondissements, c'est finalement une entreprise française, Sogea Satom, plutôt que l'entreprise chinoise longtemps pressentie, qui devrait assurer sa réalisation, grâce notamment à un financement de l'Agence française de développement. Le choix d'une entreprise française, ont révélé plusieurs journaux camerounais, aurait été vivement recommandé au Ministre des Travaux publics par l'entourage de monsieur Paul Biya dans des conditions suspectes, et afin de faciliter à celui-ci l'obtention d'une visite officielle en France.
Dans ces conditions, Monsieur le Président, beaucoup de nos compatriotes ont aujourd'hui l'impression regrettable que la France, ce grand pays vers lequel ils continuent de tourner naturellement leurs regards, privilégie au Cameroun ses intérêts économiques sur le respect de ces valeurs qui vous sont si chères: la démocratie, la justice et la bonne gouvernante. Le moindre signe de votre part visant à dissiper ces soupçons, le moindre témoignage de votre inquiétude quant aux mauvaises pratiques de la parentèle de M. Paul Biya, seraient accueillis comme un signe d'espoir par une population camerounaise au bord du découragement.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de notre très haute considération et de notre profond respect.
ALPHONSE MEKOULOU ZE
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