Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

jeudi 18 juillet 2013

Biya cache son «oncle» au Sénat

Au fil des audiences à propos de l'affaire Albatros, les témoins ne cessent d'insister sur le fait que c'est l'ancien ministre des finances Meva'a Meboutou qui a viré les fonds de la Snh (Société nationale des hydrocarbures) à la firme américaine Gia International pour l'achat d'un Boeing présidentiel. C'était encore le cas lors de l'audience de la semaine dernière, où l'ancien ministre des Finances a été nommément indexé par Mathieu Bernard Ebah Olinga, le représentant de la Standard Bank, comme étant le donneur d'ordre des paiements à Ansett. 
En réalité, le nom de l'actuel Secrétaire General du tout nouveau Sénat du Cameroun n'a jamais autant été cité à la barre du Tribunal criminel spécial. Cet ancien Ministre des Finances et du Budget qu'on présente comme étant l'acteur majeur dans les transactions financières entre l'Etat du Cameroun et ses partenaires. 
A l'occasion de l'audience du 10 juillet 2013, consacrée à l'audition du représentant de la standard chartered Bank, témoin de lnoni, il est encore clairement apparu que c'est Michel Meva'a Meboutou qui avait demandé, par écrit, à la standard chartered Bank, de payer la somme de 3,342 milliards FCFA représentant une partie de la dette due par la Camair au loueur d'avions Ansett ; somme transférée le 02 juillet 2003. «C'est le signataire de la lettre du 1er juillet 2003 émanée du ministère des Finances et du Budget(Minfib), dévoile le témoin, qui serait le donneur d'ordre. C'est Meva'a M'eboutou, finit-il par cracher, en sa qualité de ministre des Finances et du Budget, qui a demandé à la Standard de consentir une avance de trésorerie à l'Etat». «La standard, martèle le témoin, a bel et bien effectué le paiement des 3,3 milliards FCFA en cause, le donneur d'ordre étant le Minfib, Meva'a M'eboutou, par ailleurs signataire unique du compte intitulé Minfib-Camair et seule personne à même de le mouvementer, ainsi que le confirme l'attestation d'ouverture dudit compte». 
Appelé à s'expliquer sur le remboursement de la somme de 241,3 millions FCFA par Ansett à la standard Bank en date du 24 juillet 2003, le témoin déclare que ladite somme qui correspondait au trop perçu reconnu par le loueur d'avions a été bel et bien retournée au profit du Minfib, ainsi que l'atteste un avis de crédit du compte Minfib-Camair ouvert dans les livres de la Standard chartered Bank. 
Le remboursement des 241,3 millions FCFA, précise-t-il, était assujetti à une autorisation par écrit du Minfib Meva'a Meboutou, comme l'exigeait Ansett. Toujours selon ce témoin, «La Standard Chartered Bank a effectué les paiements sur ordre de l'ordonnateur qui était Michel Meva'a Meboutou. En effet, dans une correspondance adressée à la Standard Chartered Bank le 1er juillet 2003, Michel Meva'a Meboutou écrit «J'ai l'honneur de vous demander d'effectuer le paiement de 5 millions de dollars Us en règlement partiel des factures d'arriérés de location d'avions dus par la Camair Ansett». En tout cas, «le transfert du trop-perçu était assujetti à une autorisation du Ministre des Finances et du Budget, Michel Meva'a Meboutou», fait savoir ce cadre de la Standard Chartered. 
Par ailleurs, apprend-on de Ebah Olinga, c'est Michel Meva'a Meboutou qui, à la suite des négociations qui ont eu cours entre les responsables de la banque et lui, qui a procédé «lui-même» à l'ouverture du compte dans lequel lesdites opérations ont été mouvementées. Et il en était «ordonnateur unique». Tout comme «c'est le montant demandé par le Ministre des Finances, Michel Meva'a Meboutou qui a servi à l'ouverture du compte».
En fin de compte, avec le témoignage de ce responsable de la banque, la Standard Chartered atteste que c'est l'actuel Sg du Sénat qui a ordonné le paiement des arriérés dus par la Camair. Comme quoi, c'est cet ancien ministre des finances qui a viré les fonds de la Snh (Société nationale des hydrocarbures) à la firme américaine Gia International pour l'achat d'un Boeing présidentiel. 
Pour revenir à l'histoire, et au regard des débats antérieur au sujet de cette affaire, le premier témoin appelé à la barre par l'accusation (ministère public et Etat du Cameroun) était bel et bien Michel Meva'a m'Eboutou. Ceci pour la simple raison qu'en 2001, à l'époque de la décision par l'Etat du Cameroun d'acquérir un avion présidentiel pour les voyages du chef de l'Etat, c'est lui qui était ministre de l'Economie et des finances, c'est-à-dire l'ordonnateur du virement de la somme de 29 millions de dollars Gia par la société nationale des hydrocarbures (Snh). 
Au cours des débats, cet ancien ministre a pourtant affirmé avoir participé à deux réunions relatives à l'acquisition de l'avion présidentiel. A la première réunion tenue en 2001, convoquée par Marafa Hamidou Yaya, il dit avoir été informé de la volonté d'acquisition d'un avion et s'être opposé à l'option d'un « leasing » (paiement en location »). Car pour lui, « il s'agissait d'un avion du chef de l'Etat ». A la deuxième réunion quelques jours plus tard, il affirme avoir été informé par l'ancien Sgpr que « les solutions à ses problèmes étaient déjà trouvées ». C'est ainsi, poursuit-il que « Yves Michel Fotso a exposé sur Gia ». Il insiste sur le fait qu'on lui a donné 72 heures pour virer l'argent dans les comptes de Boeing à travers Gia. Car, tient-il à ajouter, 2 millions de dollars avaient déjà été virés par la Cbc à Gia pour garantir l'achat de l'avion. De même, il a insisté sur le fait que compte tenu des délais, ce dernier a directement contacté la Snh. 
Des révélations troublantes 
On se souvient que dès l'ouverture du procès au sujet de l'affaire Marafa, l'audience avait eu droit à une séance peu ordinaire avec un Meva'a Meboutou qui s'était dévoilé. A la question de savoir qui a donné le numéro de compte de Gia, il avait répondu avec hésitation : Marafa Hamidou Yaya, en persistant sur la donnée selon laquelle « L'opération devait se dérouler en 72 heures, au-delà duquel on perdait le déposit. Le versement a été fait dans les délais ». 
Lorsque pour sa défense Marafa Hamidou lui demande la personne indiquée qui pouvait engager les dépenses, Meva'a Meboutou répond clairement : « Le ministère de l'Economie et des finances (...) C'est pourquoi je ne trouvais pas opportun la formule ; du Leasing ». Après une succession de questions, l'ancien ministre de l'Administration territoriale avait aussi demandé : « Est-ce que le Sgpr vous a demandé d'engager des dépenses », Meva'a Meboutou avait affirmé que : « C'était une dépense publique ». Dans la même lancée Marafa lui avait demandé : « Est-ce que le Sgpr a qualité de demander au Ministre de l'Economie et des finances d'engager une dépense qui n'est pas inscrite au budget du Sgpr ? ». Michel Meva'a Meboutou, avait lancé : «Je ne réponds pas à cette question». Malgré l'insistance du juge Shlick qui lui avait lancé «Répondez à la question», Méva'a Meboutou avait refusé de dire qui lui a donné l'instruction de transférer l'argent directement à Gia. Dans la même verve l'ex-Sgpr lui avait demandé : Avez-vous reçu d'autres instructions?», et l'ex-ministre des Finances de répondre: «Je ne réponds pas à cette question ». 
A la question de savoir pourquoi il s'est opposé à une lettre de crédit qui servait de garantie à l'Etat du Cameroun, l'ex-ministre des Finances avait répondu : «J'étais opposé à la lettre de crédit qui faisait intervenir les banques parce l'Etat avait les moyens». Par la suite Marafa lui avait demandé : «Comment vous pouvez virer 29 millions de dollars à une société sans garantie ?», Meva'a m'Eboutou avait déclaré que les délais d'achat de l'avion étaient courts (72 heures). « Est-ce que vous pouvez me donner la lettre où je vous transmets le n° de compte ? » avait poursuivi Marafa. A cette question, Michel Meva'a Meboutou avait défrayé la chronique en répondant que « Tout se traitait au téléphone ». 
Finalement, Meva'a a pendant ce feuilleton judiciaire fait des déclarations qui permettent à une certaine opinion de penser que l'oncle maternel de Biya devrait éclairer davantage les débats puisqu'ayant reconnu avoir débloqué la somme querellée. Paradoxalement, le décret de son neveu le fait rebondir le 18 juin 2013. Il est désormais contre toute attente promu Secrétaire général de la haute chambre du parlement. Un abri présidentiel.

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