Selon toute vraisemblance, l’ex-ministre de l’Administration
territoriale et de la décentralisation souffre d’insuffisance rénale. Il est
interné dans ce centre hospitalier sous haute surveillance depuis deux jours.
La
surveillance, difficilement discrète, autour du centre d’hémodialyse du Centre
hospitalier universitaire (Chu) de Yaoundé laisse perplexe. A l’entrée, au
premier niveau du Chu, deux éléments du Groupement polyvalent d’intervention de
la gendarmerie nationale (Gpign), armes aux poings et calés dans leur siège,
veillent discrètement. Dix mètres plus loin, un autre gendarme, pareillement
vêtu de noir que les deux premiers, fait tout pour ne pas attirer l’attention.
«
Qu’est-ce que la police fait dans un hôpital ? » questionne tout bas la visite
d’un malade. « C’est Marafa qui est là » lui répond une dame sur le ton de la
confession. Devant la porte 308 du centre, un autre gendarme, de vert vêtu
celui-là, pianote nerveusement sur son téléphone, essayant de gagner la partie
qu’il vient d’engager pour tromper l’ennui. Le couloir intérieur est vide et
les patients ne reçoivent que très peu de visites, ils sont gentiment
reconduits par l’infirmière qui garde l’autre entrée du centre.
Réanimation
Mais les trois visiteurs qui se
présentent se font insistants, ils veulent voir « l’honorable » qui y est aussi
interné. Derrière eux, deux hommes en tenue se présentent également. « Je suis
le médecin de la prison centrale, je voudrais voir monsieur [il hésite et
baisse le ton] Hamidou Marafa». Vêtu de la tenue de l’administration
pénitenciere, sans plaque patronymique, il est suivi d’un gendarme, attaché
case à la main. Il est déjà 17 heures passés de 23 minutes. L’infirmière qui
filtre les entrées conduira précipitamment le couple en direction de la chambre
308, tout en leur précisant que le malade est encore avec le major. Impossible
de voir à travers les vitres de la chambre recouverts de rideaux blancs
immaculés.
Un médecin contacté par Le Messager est
formel : ne sont admis dans un centre d’hémodialyse que les patients souffrant
d’une insuffisance rénale. Il précise que les visites médicales pour des
malades atteints de ce mal peuvent juste être de routine, car les reins ne
pouvant plus accomplir leur rôle d’évacuation des déchets du corps, il est
question de le faire artificiellement.
Mais qu’il peut également s’agir de cas
plus grave, par exemple lorsque le patient est admis en réanimation. La haute
surveillance de centre et la suspicion de l’équipe médicale ne permettent pas
de dire avec exactitude pourquoi l’ex-Minatd, incarcéré au Sed depuis mi-2012,
a été admis au centre d’hémodialyse du Chu, ni pour combien de temps il y
séjournera.
© Le Messager :
Ludovic AMARA