Ce blog est destiné à donner des informations sur l'audience Ministère public contre Marafa Hamidou Yaya à propos de l'affaire BBJ-2.
Marafa
mardi 7 octobre 2014
jeudi 3 juillet 2014
La Santé de MHY.
Selon toute vraisemblance, l’ex-ministre de l’Administration
territoriale et de la décentralisation souffre d’insuffisance rénale. Il est
interné dans ce centre hospitalier sous haute surveillance depuis deux jours.
La
surveillance, difficilement discrète, autour du centre d’hémodialyse du Centre
hospitalier universitaire (Chu) de Yaoundé laisse perplexe. A l’entrée, au
premier niveau du Chu, deux éléments du Groupement polyvalent d’intervention de
la gendarmerie nationale (Gpign), armes aux poings et calés dans leur siège,
veillent discrètement. Dix mètres plus loin, un autre gendarme, pareillement
vêtu de noir que les deux premiers, fait tout pour ne pas attirer l’attention.
«
Qu’est-ce que la police fait dans un hôpital ? » questionne tout bas la visite
d’un malade. « C’est Marafa qui est là » lui répond une dame sur le ton de la
confession. Devant la porte 308 du centre, un autre gendarme, de vert vêtu
celui-là, pianote nerveusement sur son téléphone, essayant de gagner la partie
qu’il vient d’engager pour tromper l’ennui. Le couloir intérieur est vide et
les patients ne reçoivent que très peu de visites, ils sont gentiment
reconduits par l’infirmière qui garde l’autre entrée du centre.
Réanimation
Mais les trois visiteurs qui se
présentent se font insistants, ils veulent voir « l’honorable » qui y est aussi
interné. Derrière eux, deux hommes en tenue se présentent également. « Je suis
le médecin de la prison centrale, je voudrais voir monsieur [il hésite et
baisse le ton] Hamidou Marafa». Vêtu de la tenue de l’administration
pénitenciere, sans plaque patronymique, il est suivi d’un gendarme, attaché
case à la main. Il est déjà 17 heures passés de 23 minutes. L’infirmière qui
filtre les entrées conduira précipitamment le couple en direction de la chambre
308, tout en leur précisant que le malade est encore avec le major. Impossible
de voir à travers les vitres de la chambre recouverts de rideaux blancs
immaculés.
Un médecin contacté par Le Messager est
formel : ne sont admis dans un centre d’hémodialyse que les patients souffrant
d’une insuffisance rénale. Il précise que les visites médicales pour des
malades atteints de ce mal peuvent juste être de routine, car les reins ne
pouvant plus accomplir leur rôle d’évacuation des déchets du corps, il est
question de le faire artificiellement.
Mais qu’il peut également s’agir de cas
plus grave, par exemple lorsque le patient est admis en réanimation. La haute
surveillance de centre et la suspicion de l’équipe médicale ne permettent pas
de dire avec exactitude pourquoi l’ex-Minatd, incarcéré au Sed depuis mi-2012,
a été admis au centre d’hémodialyse du Chu, ni pour combien de temps il y
séjournera.
© Le Messager :
Ludovic AMARA
mercredi 28 mai 2014
Michel Thierry Atangana, «Marafa c'est du lourd aux États-Unis»
Selon l’ancien prisonnier
Franco-Camerounais, la mobilisation en vue de la libération de Marafa
Hamidou Yaya s’intensifie aux États-Unis. La participation de Paul
Biya au sommet États-Unis Afrique pourrait être compromise. Michel
Thierry Atangana en est convaincu: l’administration américaine est toute
entière acquise à la cause de Marafa Hamidou Yaya, incarcéré au Cameroun
pour des détournements de fonds qu’il a toujours niés, et désigné par la
communauté internationale comme un prisonnier politique.
Il en
a fait la révélation samedi 17 mai dans l’après-midi, en marge de la
deuxième manifestation parrainée par la journaliste Valérie Trierweiler
sur l’esplanade du Trocadéro à Paris, en faveur de la libération
des 223 lycéennes enlevées au Nigeria par la secte islamiste Boko
Haram.
«A la
fin de la manifestation, alors que la foule se dispersait, je me suis
retrouvé face à face avec M. Atangana», indique Joël Didier Engo,
Porte-parole du comité de libération des prisonniers politique du
Cameroun (CL2P), qui avait été l’une des cheville ouvrière du
comité français de soutien à l’ex-prisonnier franco-camerounais, mais ne
l’avait pas revu depuis son arrivée en France peu après sa libération en
février dernier.
Michel
Thierry Atangana lui a alors fait savoir qu’il revenait d’un voyage aux
États-Unis pour remercier les membres de l’administration américaine qui
avaient œuvré pour que le statut de prisonnier politique lui soit
conféré par leur pays. Accompagné de l’activiste des droits de
l’homme Dominique Sopo, qui ne le quitte plus d’une semelle depuis
sa libération, ils s’étaient rendus au Département d’État, l’équivalent
américain du ministère des Affaires étrangères, où ils avaient eu
l’opportunité de rencontrer l’ancien ambassadeur des États-Unis au
Cameroun, Robert Pete Jackson, ami personnel de M. Marafa, et d’autres
personnalités.
C’est
la situation de l’ancien ministre d'État camerounais de l’Administration
territoriale aujourd’hui détenu au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED)
de Yaoundé qui a curieusement dominé les entretiens, à en croire
M. Atangana, très fier du selfie (photo) réalisé avec M. Jackson sur son téléphone portable.
«Marafa aux Etats-Unis c’est du lourd, rien à voir avec ce qui se
passe ici», va-t-il commenter.
«Tout
est en train d’être mis en œuvre pour qu’il devienne du lourd en France
également. Nous travaillons à la coordination de tous les réseaux de
soutien à Monsieur Marafa avec en ligne de mire la conférence
Etats-Unis-Afrique en août», lui a répondu Joël Didier Engo.
Le
voyage de Paul Biya aux Etats-Unis sérieusement compromis?
Peu
avant la manifestation du Trocadéro, accompagné de Jeannette Marafa,
l’épouse de célèbre prisonnier du SED à Yaoundé, Joël Didier Engo avait
en effet rencontré Me Jean-Pierre Mignard l’un des avocats français de Marafa Hamidou Yaya, pour évoquer sa défense.
Ce ténor du barreau parisien, camarade de parti du porte-parole du CL2P n’est pas n’importe qui. Il est à
la fois un ami intime de François Hollande dont il est le parrain de
l’un des fils, et l’avocat du président français, qui le consulte sur tous les sujets importants.
« Nous
avons convenu avec Me Mignard, de concert avec son confrère qui suit l’affaire aux États-Unis, que le lien
sera établi ces jours-ci avec les membres du
Marafa Watch,le comité de soutien américain, afin de mobiliser tous les
réseaux, au Congrès, au Département d’État, à la
Maison Blanche... Dans la seule optique que Paul
Biya ne mette pas les pieds à la conférence États-Unis Afrique,tant
que M. Marafa reste séquestré au SED », laisse entendre M. Engo.
Lors
d’une conférence de presse qui se tiendra dans une quinzaine de jours au cabinet parisien de Me Mignard,
toutes ces démarches seront
expliquées devant la presse française
et internationale.
©
Correspondance de : René Dassié
Paru
le Samedi 24 Mai 2014 18:53:31Lu : 3329 fois
mardi 15 avril 2014
MARAFA HAMIDOU YAYA : UN LION EN CAGE QUI RUGIT HAUT
16 avril 2012-16 avril 2014.
Voilà 2 ans que l’ancien ministre et proche collaborateur de Paul Biya est
reclus au secrétariat d’Etat à la défense pour détournements de deniers
publics. Mais pour Marafa Hamidou Yaya, ce sont ses ambitions politiques qui ont
fini par le perdre. Conséquence, depuis son incarcération, il refuse de se
taire et porte de grands coups de griffe à un sérail camerounais sensible à ses
sorties médiatiques. Chronique de deux années d’une déchéance qui semble n’en
être pas une.
9 décembre 2011.
A la faveur d’un remaniement ministériel,
Marafa Hamidou Yaya est éjecté du gouvernement. Ainsi sonne le glas de 20 ans
de carrière administrative au cours de laquelle le natif de Bibemi, à Garoua
(nord), a servi tour à tour comme secrétaire d’Etat aux Finances, conseiller
spécial à la présidence, secrétaire général à la présidence et ministre de
l’Administration territoriale (Minatd). Alors que se referment les portes de la
gloire, celles de la descente aux enfers ne tarderont pas de s’ouvrir à cet
ingénieur pétrochimiste de 62 ans formé à l’Université de Kansas, aux
USA.
Dès janvier 2012, à Garoua, les fins limiers de la Direction
Générale de la Recherche Extérieure (une branche des services secrets
camerounais rattachée à la présidence de la République) entreprennent de
cuisiner certains hommes politiques du Nord proches de Marafa. Non pas au sujet
de l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel dans laquelle il est
impliqué. Mais à propos de leur réaction et de leur sentiment suite à la sortie
du Gouvernement de l’ex-Minatd (Cf L’Œil du Sahel N°464 du 23 janvier 2012).
Notons que d’après un câble diplomatique révélé par Wikileaks en 2010,
l’ex-Minatd aurait révélé ses ambitions présidentielles aux diplomates
américains accrédités à Yaoundé. Ce déploiement des services de renseignement
intervient au moment où une descente de Marafa est prévue dans les prochains
jours à Garoua.
Le 9 février 2012,
soit deux mois après sa sortie du
gouvernement, Marafa est accueilli en héros à Garoua. Près de 2 000
personnes pour lui offrir un accueil chaleureux. Une démonstration de force à
ceux qui le croyaient politiquement mort, analyse certains observateurs. Mais
peu importe. Le Prince de Bibemi fait l’objet d’une surveillance policière de
tous les instants. Un journal local proche du pouvoir de Yaoundé (La Météo) va
rapporter qu’après le rendez-vous de Garoua, Marafa a regagné
précipitamment Yaoundé sur ordre de Martin Mbarga Nguele, le Délégué général à
la Sureté Nationale (patron de la police). Mais pour ses proches, il n’en est
rien. Courant mars 2012, Marafa éconduit la douzaine de policiers en
faction à son domicile au quartier Melen, à Yaoundé. Mais l’étau
sécuritaire, lui, se serre, se serre. Dans son édition du 11 au 17 mars 2012, le
magazine panafricain basé à Paris, Jeune Afrique, va, à sa une, présenter
Marafa Hamidou Yaya comme « un dauphin en eaux troubles ».
Arrive donc le 16 avril 2012.
L’ancien secrétaire général à la
présidence est convoqué chez le juge d’instruction près le tribunal de grande
instance de Yaoundé, le très redouté Pascal Magnanguemabe. Quelques heures
d’interrogatoire et Marafa Hamidou Yaya est inculpé de « détournements de
deniers publics ». Il sera immédiatement écroué à la prison centrale de
Yaoundé-Kondengui. Dès l’annonce de son arrestation, c’est le deuil à Garoua.
Le lendemain, 17 avril 2012, les partisans de Marafa au sein du parti au
pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, décident de
boycotter la cérémonie d’installation du nouveau gouverneur du Nord, Otto
Wilson. Un mouvement dénommé Jeunesse arc-en-ciel du Septentrion voit le jour
dans cette localité. Son porte-parole, Mocktar Oumarou, va déclarer dans les
colonnes du journal Le Messager : « Biya s’acharne sur les nordistes. Le combat
commence ». Des propos qui ont le don de mettre les services de sécurité et de
renseignement sur les dents. Ces derniers vont se mettre aux trousses du jeune
leader politique.
Les lettres de Marafa
2 mai 2012.
Quelques semaines après son incarcération, Marafa
Hamidou Yaya décide de rompre le silence. Dans une première lettre qu’il
adresse au chef de l’Etat, on en apprend des tonnes. A titre d’exemple : «
Cette indépendance d’esprit m’avait permis de vous dire, après l’élection
présidentielle de 2004, que ce septennat devrait être le dernier pour vous et
que nous devrions tous nous mobiliser pour le succès des « grandes ambitions »
afin que votre sortie de la scène politique se fasse avec fanfare, que vous
jouissiez d’un repos bien mérité, à l’intérieur de notre pays ». Tiens ! tiens
! « Est-ce donc la raison de la déchéance » ?, se demandent quelques uns. L’on
est tenté de répondre par l’affirmative. La saga épistolaire de Marafa se
poursuit de plus belle avec la 2e lettre à Paul Biya publié le 13 mai
2012.
Ici, ce qui n’était alors que de simples rumeurs et supputations
est révélé au grand jour par le concerné : « je suis porteur d’un projet
mettant en avant les exigences de PAIX et de JUSTICE permettant de bâtir une
société de confiance ».Voilà qui est dit. Et bien dit
Au sein de l’opinion, on blâme les sorties tardives de Marafa :
« Pourquoi en parles t-il seulement maintenant ? Où était-il pendant tout ce
temps ? ». D’autres vont même jusqu’à dire : « il devrait s’expliquer sur ce
qui l’amène en justice, pas sur ses supposées ambitions politiques ». Marafa
semble avoir été sensible aux préoccupations de cette dernière catégorie de
l’opinion. Sa 3e lettre aux Camerounais datée du 24 mai 2012 portera justement
sur l’affaire de l’avion présidentiel. Il choisi naturellement de se dédouaner
: « Je ne sais ni quand ce détournement a eu lieu, ni sur quoi il porte, ni de
quel montant il s'agit, ni qui en est l'auteur principal, ni quels sont les
complices. Je présume qu'il s'agirait de l'affaire relative à l'acquisition
d'un avion pour les déplacements du président de la République, pour laquelle
le juge d'instruction aurait été instruit de m'imputer une indélicatesse et
pour laquelle il avait rendu une ordonnance de disjonction en janvier 2010 et
dont j'ai eu connaissance …s'il s'agit effectivement de cela, je réitère
solennellement mon innocence ».
Pour le pouvoir de Yaoundé, la plaisanterie de mauvais goût a
assez duré. Il faut sortir l’artillerie lourde pour exploser les révélations
fracassantes de Marafa Hamidou Yaya qui ne cesse de déshabiller
publiquement le système en place. Ce sera fait dans l’Action, le journal de
propagande du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti au
pouvoir. Dans son édition n° 848 du 30 mai 2012, le journal du Rdpc (dont
Marafa est encore membre du bureau politique) mobilise sa rédaction, des
avocats et quelques experts pour rappeler à Marafa qu’il « n’est pas Kafka »,
que sa 3e lettre n’est qu’un « faux fuyant », qu’il est un « homme d’Etat dans
la rue », qu’il « gagnerait à faire profil bas » et qu’il met en péril « le
secret de l’information judiciaire ». « Écrira bien qui écrira le dernier »,
défie le sémillant Christophe Mien Zock, le directeur du journal. Alors que le
sérail est dans tous ses états, Marafa Hamidou Yaya qui, entre temps, à été
transféré dans une cellule du secrétariat d’Etat à la Défense (sièg de la
gendarmerie camerounaise), mijote silencieusement et secrètement les contours
de sa 4e lettre qui s’annonce riche en révélations explosives.
Le 4 juin 2012,
4e lettre au Chef de l’Etat. Cette autre
correspondance de l’ex-Minatd revient sur les transactions maffieuses entre
Transnet, une société sud-africaine et de hauts responsables camerounais. La
société sud-africaine avait, en 1994, reçu pour mission d’assurer la
maintenance des avions de la Cameroon Airlines (Camair). D’après la
correspondance, Transnet aurait versé des pots-de-vin à des autorités
camerounaises et sa négligence a entrainé le crash d’un avion de la Camair en
décembre 1995. Parmi les personnalités citées dans ce scandale, se trouvent le
ministre des Transports de l’époque (aujourd’hui ministre de la Communication)
Issa Tchiroma Bakary et l’actuel conseiller juridique à la présidence et proche
parent de Paul Biya, Jean Foumane Akame. Ce dernier, mis en cause par la lettre
de Marafa, aurait perçu dans son compte à la Société Générale de Paris plus de
30 milliards de F Cfa représentant les indemnisations versées par Transnet à l’Etat
du Cameroun suite à ce crash. Feu à volonté ! Les semaines qui suivront seront
de pure folie. La presse nationale fait large écho de ce scandale. Les
lieutenants du pouvoir en place ne tarissent pas de démentis vis-à-vis de ces
nouvelles révélations sur les chaines de radio et télé locales.
En pleine session parlementaire, l’Assemblée Nationale demande
des comptes. Le ministre Issa Tchiroma multiplie des conférences de presse pour
se dédouaner de ces accusations. La presse à gage (généralement proche du
pouvoir) ne dort pas non plus. Elle s’en ira fouiller dans les supposés
penchants homosexuels de l’ex-ministre d’Etat en publiant des listes des «
hommes-femmes de Marafa », des membres du « club homo de Marafa ». Pendant ce
temps, des tracts appelant à la libération de Marafa circulent à travers le
pays. A la 4e lettre, alors qu’il est déjà fixé sur la date de son
procès, Marafa décide de ranger sa plume. En attendant que la justice le
fixe sur son sort.
Le procès de Marafa
16 juillet 2012.
Le procès de Marafa Hamidou Yaya et Cie s’ouvre
au tribunal de grande instance (Tgi) de Yaoundé. Une foule nombreuse, composée
de curieux et hommes de médias, est massée à l’entrée principale de la salle
d’audience. Les forces de l’ordre (policiers et gendarmes) sont présentes.
Autour de 11h, un car de la gendarmerie se gare devant la cour. Marafa et ses
co-accusés (l’homme d’affaire Yves Michel Fotso et la banquière Julienne
Kounda) en sortent. Youyous et tonnerre d’applaudissements de la foule qui
scande « Marafa, président ! Marafa, président ! ». Ces ovations vont également
accompagner Marafa à sa sortie du tribunal. Le pouvoir, qui n’aurait sans doute
pas apprécié ce bain de foule offert à l’ex-Minatd, décide de sortir le muscle
sécuritaire. Mais en vain. Puisque le 24 juillet 2012, jour de la deuxième
audience, la foule gagne en immensité. Elle scande « prési (président !, ndlr)
libérez, prési liberez ! ». Pour se dérober de la foule hystérique, l’escorte
de Marafa est obligée de passer en catimini par une issue à l’arrière du Palais
de justice. Le pouvoir se rend compte que Marafa vient de conquérir les cœurs
d’une bonne frange de l’opinion et décide de monter plus haut.
A l’audience du 30 juillet, pas l’ombre d’un chat à l’entrée du
tribunal pour acclamer Marafa. Les services de sécurité ont reçu l’ordre d’y
empêcher tout attroupement. Toutes les entrées du Tgi du Mfoundi sont filtrées
par les forces de l’ordre. Il faut montrer patte blanche pour y accéder.
Curieux déploiement sécuritaire tout de même pour un prisonnier de droit
commun. Le 21 septembre 2012.
Jour du verdict. Le tout Yaoundé sécuritaire se
déporte au tribunal. L’axe qui relie la « Sonel Central » au Musée National en
passant par le Palais de justice est coupé à la circulation par les forces de
l’ordre. Une bonne partie de la presse désireuse de couvrir le procès est
éconduit par les forces de l’ordre (y compris votre humble serviteur qui verra
sa carte d’identité et son block note retenus par des gendarmes). Le 22
septembre 2012, au petit matin, le verdict tombe. 25 ans de prison pour Marafa
: « je suis déçu mais pas vaincu !» crie l’accusé. Autrement dit, « mes
ambitions politiques restent intactes et mon activité épistolaire va se
poursuivre ». Le 8 octobre 2012, dans une autre lettre, Marafa remercie le
peuple camerounais pour le soutien à son endroit et qualifie sa condamnation «
d’inique ».
La reconnaissance internationale
La reconnaissance internationale
Dès le début du mois de janvier 2013, Marafa troque les colonnes
de journaux camerounais contre des tribunes dans la presse internationale.
C’est ainsi que le 12 janvier 2013, l’ex-Minatd va accorder un entretien au non
mois célèbre Assane Diop du site d’information slate.fr et de Radio France
internationale. Dans cette interview, Marafa affirme s’agissant de son procès que
« le tribunal ne m’a trouvé coupable d’aucune malversation …mon procès est
politique » et au sujet de la gouvernance de Paul Biya, il déclare que : « à
chaque fois, au cours de ces 30 ans, que Paul Biya a eu à choisir entre la
modernisation politique et économique de notre pays, avec les risques de
perturbations inhérents à cette démarche, et l'immobilisme garant, selon lui,
de la paix civile, il a choisi l'immobilisme ». Panique à bord ! Marafa vient
une fois encore de donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
La réaction ne va pas tarder. Dans son édition du 15 janvier 2013, Cameroon
Tribune, le quotidien gouvernemental titre (à sa grande Une, s’il vous plaît !)
: « Interview de Marafa : Diversion ». Dans un article, l’éditorialiste Essama
Essomba, écrit ce qui suit : « Cette communication et cette instrumentalisation
visent surtout à distraire. Loin de la préoccupation essentielle du justiciable
de préparer la défense de sa cause devant les tribunaux, notamment en appel, il
se présente comme la victime expiatoire des maux à lui imputés par le régime en
place. De surcroît, il entend détourner l'attention de ceux des Camerounais
attelés à travailler pour gagner le pain quotidien… ».
Mais n’empêche. L’opinion internationale commence à s’intéresser
de très près au cas Marafa Hamidou Yaya. En juin 2013, l’ambassadeur des USA au
Cameroun de l’époque, Robert P. Jackson rend visite à l’ex-Minatd au Sed. Le
mois suivant, le rapport 2012 du département d’Etat américain sur les
droits de l’homme au Cameroun fait de lui un « prisonnier politique ». De quoi
faire grandir sa côte politique et inquiéter ses contempteurs, au point que la
sécurité de ses proches en prend un coup. C’est ainsi qu’en janvier 2014, le
corps de sa secrétaire particulière de longue date, Christine Soppo Mbango, va
être retrouvé sans vie à son domicile au quartier Bastos à Yaoundé. Dans une
lettre publiée récemment, Marafa conclura à un « assassinat politique ».
Comme quoi, le chemin qui mène aux portes d’Etoudi est aussi
long que parsemé d’embûches. Alors, patience, monsieur le ministre
d’Etat!
© Correspondance particulière : Michel Biem Tong
Inscription à :
Articles (Atom)