Marafa

Marafa
Le prisonnier légendaire du SED.

vendredi 22 mars 2013

POLITIQUES

LE RAPPORT DE MARAFA SUR LES ELECTIONS  PRÉSIDENTIELLES DE 2011


Dans un volumineux document dont Le Messager a pu avoir copie, l’ex-ministre de l’Administration territoriale critiquait vertement Elecam. Il revient également sur la faible participation à ces consultations, les budgets, le report des législatives et municipales, l’appel à la révolte lancé par les opposants.Encore dans sa posture de ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), Marafa Hamidou aujourd’hui déchu et emprisonné depuis le 17 avril 2012 jugeait le 23 novembre 2011, un mois environ après le scrutin, que l’élection présidentielle de cette année-là avait enregistré le taux d’abstention le plus élevé de l’histoire de la démocratie au Cameroun. « A 65,82% [la Présidentielle de 2011] a enregistré le taux de participation le plus faible enregistré à une élection présidentielle et même à toute autre élection», écrivait-il à Paul Biya. Dans ce document de 84 pages comportant 10 annexes, celui qui siégeait encore au gouvernement identifiait Elections Cameroon (Elecam) comme le principal responsable de nombreux couacs qui auront débouché sur une abstention sauvage et un nombre élevé de doublons.Dans le champ de sa critique envers l’organisme en charge de l’organisation des élections au Cameroun, on retrouve le procès de « la non maîtrise de l’opération d’inscription sur les listes électorales ; [de] la mauvaise distribution des cartes d’électeur ; [de]  l’inexpérience de l’organe et ses querelles intestines». Marafa jugeait la méthode utilisée par Elecam «pour les inscriptions sur les listes électorales confuse et ambigüe ». Car pour lui, il s’agissait « ni de révision, ni de la refonte mais les deux à la fois ». Ce qui a induit « l’explosion du fichier électoral et les inscriptions multiples ».En outre, l’ancien patron de la préfectorale estimait qu’Elecam a maille-à-partir avec le respect des délais légaux. Notamment ceux visant la limite entre la distribution des cartes et le jour du vote. De même, il épingle la concentration de la distribution des cartes d’électeur dans les seules antennes communales causant ainsi un engorgement préjudiciable à la distribution optimale desdites cartes. Marafa Hamidou Yaya regrettait également auprès de Paul Biya,
« une application logicielle de gestion des données électorales déficiente ; 
une absence de formation appropriée des agents électoraux ; une pléthore de candidatures ; 
une forte centralisation de la commande du matériel électoral » ;
 l’absence d’isoloirs standards dans de nombreux bureaux de vote etc.
Bicéphalisme à Elecam
Suite à ces griefs, l’ex-Minatd formulait à l’attention du président de la République, quelques recommandations tels que le réajustement institutionnel au sein d’Elecam, à travers notamment « une meilleure clarification des missions dévolues respectivement au Conseil électoral, au directeur général des élections et au président du conseil électoral (président d’Elecam) ». Il recommandait de mettre fin « au bicéphalisme au sein de l’organisme » et revoir les dispositions légales susceptibles de l’entretenir. Mieux, il estimait louable de renforcer les pouvoirs du Conseil électoral lui permettant d’assurer son indépendance vis-à-vis de toutes les forces centrifuges.En sus, Marafa recommandait également « l’adoption urgente d’un Code électoral » (ce qui a été fait en mars 2012); naturellement la modification de la loi créant Elecam. Mais aussi le bulletin unique, les candidatures indépendantes ou encore le financement des commissions mixtes électorales qui font partie des désidérata d’une partie de l’opposition. Dans la même veine, Marafa souhaitait un report des élections couplées municipales-législatives (ce qui a également été fait) mieux, il recommandait vivement que les deux scrutins ne soient plus jumelés.
Rancœur
A Elecam, on dit ne pas être surpris par la tonalité de ce rapport qui tranche nettement avec celui qu’avait édité l’organisme lui-même en 2012. « Le ministre Marafa n’a jamais voulu qu’on retire au Minatd l’organisation des élections au Cameroun. Il aura eu beaucoup de mal a transférer l’ancien fichier à Elecam ce qui a causé de gros retards dans le calendrier. Il n’était donc pas suffisamment lucide pour faire une appréciation sérieuse de l’organisation puisqu’ayant de la rancœur contre l’organe chargé d’organiser les élections», se défend une source proche du directeur général des élections joint au téléphone, laquelle  affirme par ailleurs qu’il n’y a rien de constructif dans ledit rapport.Au demeurant, le rapport Marafa qui date de plus d’un an renseigne sur le coût de l’organisation des élections au Cameroun. 3. 509.856.000 (trois milliards cinq cent neuf millions huit cent cinquante six mille Fcfa) : c’est l’enveloppe destinée au Minatd en 2011 dans le cadre de « l’accompagnement du processus afférant à l’élection présidentielle». Cette somme aura servi entre autres, à la couverture sécuritaire, l’appui des autorités administratives, l’acheminement du matériel électoral par les autorités administratives et la prise en charge des représentants de l’administration au sein des commissions électorales.A cela on peut ajouter, 690 millions consacrés au financement de la campagne des candidats, lesquels avaient reçu chacun 30 millions versés en deux tranches. Parmi ces candidats, figure bien le nom de Paul Biya qui a reçu sa première tranche de 15 millions le 29 septembre 2011. Le rapport ne revient pas sur la deuxième tranche. Le Minatd seul aura donc mobilisé plus de quatre milliards FCfa pour l’élection présidentielle. Si on ajoute à ce budget, celui d’Elecam qui représente environ le double, les dotations spéciales accordées à la Cour suprême, aux services de sécurité et à la presse, le coût global de la présidentielle peut être chiffrée à environ 18 milliards Fcfa pour un scrutin dont le vainqueur était connu à l’avance, pour paraphraser Marafa Hamidou Yaya dans son rapport.
Focal. Ce que Marafa disait des opposants
Dans le même rapport, celui qui était Minadt à la date de sa rédaction (le 23 novembre  2011) faisait des observations sur les candidats à la dernière présidentielle et quelques autres leaders. Ainsi jugeait-il le score réalisé par Jean Jacques Ekindi « insignifiant, en deçà de 1% en valeur relative. Ne correspondant pas à l’agitation déployée par ce candidat ». L’ex-Minatd jugeait que  Ayah Paul Abine et Kah Walla qui avaient respectivement reçu 0, 71% et 1,26 % des suffrages réalisaient des scores à la limite acceptables pour une première participation. Il confiait dans le même rapport que Garga Haman Adji, troisième après John Fru Ndi, tient son score et devance Adamou Ndam Njoya (4e) qui a vu fondre la moitié des suffrages obtenus en 2004.Quant à John Fru Ndi, Marafa constatait simplement qu’il enregistre « une nouvelle baisse ». L’ex Minatd étiquetait par ailleurs, Jean Michel Nintcheu, Anicet Ekanè, Jean Jacques Ekindi, Kah Walla et Mboua Massok comme «les principaux instigateurs de la déstabilisation postélectorale du régime» de Yaoundé à partir de la ville de Douala et même de toute la région du Littoral identifiées comme principaux foyers d’agitation. On peut donc comprendre pourquoi les manifestations organisées par ces derniers sont vigoureusement réprimées.
Extrait du rapport de l'élection présidentielle fait par Marafa Hamidou
Le 9 octobre 2011, des assaillants non identifiés et fortement armés ont attaqué, au petit matin, quatre (04) éléments de la Gendarmerie nationale à Isangele, dans la péninsule de Bakassi, département du Ndian, région du Sud-ouest, alors que ceux-ci étaient en mission commandée de sécurisation du processus électoral dans cette localité. Cet acte ignoble a conduit à l’assassinat de deux (02) gendarmes, en l’occurrence, l’adjudant-chef Bene Mballa et le gendarme Ayeke. Toutefois, cet incident n’a pas eu de conséquence majeure sur le déroulement du scrutin dans cette localité. Des dispositions ont été prises par les autorités administratives pour rassurer les populations et maintenir le moral du reste des forces.Dans le département du Koung-Khi, à Bandjoun, au cours des opérations de dépouillement du scrutin dans le bureau de vote de l’école publique de Keng, Dame Djemmo Virginie, âgée de 54 ans, a trouvé la mort de suite des coups d’un certain Wafo Nestor. Dans l’arrondissement de Guider, département du Mayo-Louti, région du Nord, quatre (04) membres de la commission locale de vote de la localité d’Ouro-Nyebe ont été agressés par des malfrats après la clôture du scrutin. Les urnes et le matériel électoral ont été récupérés en l’état. Toutefois, les victimes ont été grièvement blessées.
Incidents enregistrés après la tenue du scrutin
Après le scrutin, une coalition de sept (07) candidats, en l’occurrence Ni John Fru Ndi (Sdf), Adamou Ndam Njoya (Udc), Bernard Muna (Afp), Walla Edith Kabang (Cpp), Jean de Dieu Momo (Paddec), Albert Dzongang (La Dynamique) et Paul Ayah Abine (Pap), sans attendre l’issue du contentieux électoral porté devant la Cour suprême, se sont réunis le 15 octobre 2011, au siège de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), pour réfuter à travers la déclaration dite de Yaoundé, les résultats du scrutin avant même leur publication par la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel, alléguant de la non-indépendance d’Elections Cameroon et des multiples irrégularités ayant entaché le scrutin qualifié de « mascarade électorale ».Les appels au soulèvement populaire et à l’annulation du scrutin lancés par ladite coalition ont systématiquement été ignorés et même fortement critiqués par l’ensemble des Camerounais. Cette attitude pleine de maturité et de sagesse, dont a fait preuve le peuple camerounais a fortement milité pour le respect des institutions et du maintien de la paix sociale après l’élection présidentielle du 09 octobre 2011.La région du Littoral, et la ville de Douala notamment sont apparues comme étant les principaux foyers d’agitation, fertiles en tractations et autres concertations visant la déstabilisation postélectorale du régime. Les principaux instigateurs provenaient à la fois des leaders politiques (à l’instar de Jean Michel Nintcheu, Anicet Ekane, Ekindi Jean-Jacques, Kah Walla) ou du milieu des activistes (Mboua Massok), voire d’une certaine société civile. Ces manœuvres insidieuses, qui faisaient partie d’une campagne visant à semer la confusion au sein de l’opinion publique, à plonger le public dans un sentiment de psychose, de l’imminence d’une révolution par la rue, n’ont pas prospéré.Face à ces menaces, le dispositif sécuritaire mis en place par les autorités administratives a été maintenu jusqu’après la prestation de serment du président élu.Garga Haman Adji, troisième après Ni John Fru Ndi, tient son score devance M. Adamou Ndam Njoya (4ème), qui a vu fondre la moitié de suffrages obtenus en 2011. Ayah Paul Abine et Dame Walla Edith Kabang, qui, quant à eux, ont reçu respectivement 0,71% et 1,26% des suffrages, réalisent des scores à la limite acceptables pour une première participation. Par contre, le score réalisé par Jean Jacques Ekindi reste insignifiant, en deçà de 1% en valeur relative. Il ne correspond pas à l’agitation déployée par ce candidat.D’une manière générale et succincte, ces difficultés, se présentent comme suit :
Des difficultés rencontrées
La brillante élection du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais ne faisait l’ombre d’aucun doute, avant le scrutin de référence. Elle est incontestable et traduit la volonté du peuple camerounais. L’enjeu de cette élection se trouvait davantage au niveau de son organisation. Hélas, des difficultés de tous ordres, parfois majeures, sont apparues dès l’amorce de la préparation de ce scrutin. Le présent rapport général est abondamment revenu sur certaines de ces difficultés.
Au plan juridique et institutionnel
- L’inexpérience d’Elections Cameroon et ses querelles intestines, ainsi que le refus de la direction générale des élections, de toute collaboration avec l’administration et notamment le Minatd ;
- Les réajustements récents du cadre juridique, plus ou moins maîtrisés, avec en outre l’introduction du vote des Camerounais établis ou résidant à l’étranger.
© Le Messager : Rodrigue N. TONGUE 

lundi 18 mars 2013

MARAFA HAMIDOU YAYA; L'ENNEMI INTIME DE PAUL BIYA

POLITIQUE
DES PROCÈS POLITIQUES MAQUILLÉS EN INFRACTIONS DE DROIT COMMUN : MARAFA HAMIDOU YAYA; L'ENNEMI INTIME DE PAUL BIYA
Incarcéré depuis le 16 avril 2012, après avoir déconseillé à Paul Biya de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2011, il demande aujourd’hui son départ.Si pour Paul Biya, il n’y a pas de prisonniers politiques au Cameroun, il y en a au moins un qui se considère comme un prisonnier politique: Marafa Hamidou Yaya. Depuis son incarcération à la prison centrale de Kondengui le 16 avril 2012 avant  d’être brutalement transféré à la prison du Secrétariat d’État à la défense, il a publié de nombreuses lettres mettant directement en cause le chef de l’État et son entourage qu’il accuse d’ailleurs d’avoir manœuvré pour accélérer son arrestation. Aujourd’hui, il ne cache plus son ambition présidentielle.Malgré sa condamnation à 25 ans de prison en compagnie de son ami, Yves Michel Fotso, Marafa Hamidou Yaya persiste à nier toute implication dans le détournement des 31 millions de dollars destinés à l’acquisition de l’avion présidentiel. Il s’est agi d’un procès politique. A-t-il décidé de l’acquisition d’un avion présidentiel ? Non, c’est Paul Biya. A-t-il choisi de négocier avec Gia ? Non, ce fut une décision collective, approuvée par l’État major particulier du chef de l’État. A-t-il ordonné le virement de 29 millions de dollars dans les comptes de Gia International sans garantie ? Non, il s’y était opposé.La décision de virer l’argent a été prise par Michel Meva’a m’Eboutou avec l’accord de Paul Biya. L’avion était-il prêt dans les ateliers de Boeing ? Oui, mais l’État du Cameroun a refusé de le réceptionner pour acquérir un 767. Tous ces éléments permettent aujourd’hui de douter de l’implication réelle de Marafa Hamidou Yaya dans le détournement de la somme de 31 millions de dollars destinés à l’acquisition de l’avion présidentiel, s’il y en a eu un. D’ailleurs, il n’a été condamné que comme « co-auteur intellectuel ». Rien de plus !Cet homme né en 1952 et qui a atteint les plus hautes sphères de l’État a aujourd’hui toutes les raisons de penser qu’il est un prisonnier politique. Il raconte d’ailleurs dans sa première lettre les discussions qu’il a eues avec l’actuel directeur du cabinet civil, Belinga Eboutou quelques mois avant l’élection présidentielle, sur son éventuelle candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2011, après qu’il ait clairement déconseillé  Paul Biya de prendre un nouveau mandat après son tripatouillage de la constitution en mars 2008. Son arrestation le 16 avril 2012 semble d’ailleurs avoir été largement préparée par deux personnes : Paul Biya et Amadou Ali.Au mois de février 2009, le juge d’instruction Pascal Magnaguemabé, en charge du dossier relatif à l’acquisition de l’avion présidentiel demande au Délégué général de la sûreté nationale, Emmanuel Edou de lui retirer son passeport. À cette date, il se trouvait à l’Est Cameroun dans le cadre d’une rencontre avec les Centrafricains sur la sécurité de la frontière et devait se rendre en Afrique du Sud pour assister à une conférence des ministres africains de l’Administration territoriale. Il a dû avoir recours à Paul Biya pour se voir restituer son passeport. En février 2010, selon un câble diplomatique publié par le site WikiLeaks, il a fait part de ses inquiétudes à Janet Garve  à Yaoundé en ces termes : « Je peux me retrouver en prison ! »
ArrestationAu gouvernail des manœuvres en vue de son arrestation, un homme : Amadou Ali. À l’époque, il est ministre de la Justice. Les deux hommes ne s’aiment pas. L’un est originaire de l’Extrême – Nord et l’autre du Nord. Ali n’est pas prêt à accepter qu’un ressortissant du Nord puisse à nouveau succéder à Paul Biya. Ahidjo était déjà ressortissant du Nord. D’ailleurs, lui-même aspire. Il utilise dès lors tous les moyens pour barrer la route à son adversaire. Y compris l’appareil judiciaire. Il a longtemps mis à cet effet à contribution son « fis » Pascal Magnaguemabé, qu’il a sorti de Mora où il était affecté  pour le tribunal de grande instance du Mfoundi. Yves Michel Fotso n’échappe pas à cette manœuvre.  Car le ministre de la Justice sait que les deux sont amis de près d’une vingtaine d’années.Pour pousser la bataille jusqu’à la mort, Amadou Ali envoie discrètement le 13 octobre 2008 le magistrat Salatou, inspecteur à la chancellerie d’origine Kanuri. Ce dernier doit rencontrer le juge fédéral suisse Edmond Ottinger, chargé de la procédure suisse pour laquelle Yves Michel Fotso est poursuivi, afin de l’influencer et le corrompre pour citer Marafa Hamidou Yaya dans son rapport. Cette démarche ne prospère pas.Cependant, les luttes et batailles d’Amadou Ali rejoindront également celles d’un homme : Paul Biya, président de la République depuis le 6 novembre 1982. Marafa Hamidou Yaya et lui ont travaillé ensemble pendant 17 ans. L’erreur fatale de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, c’est d’avoir tenté de s’émanciper. Allant jusqu’à s’opposer à un dernier mandat du chef de l’État. Jugeant que c’était « le mandat de trop ». Paul Biya n’aime pas cela et il ne le lui a certainement jamais pardonné. Et Marafa le sait bien.Il affirme clairement être « porteur d’un projet mettant en avant les exigences de paix et de justice permettant de bâtir une société de confiance ». C’est clair, il veut affronter le chef. Malgré sa condamnation à 25 ans de prison accompagnée de huit années de déchéances de droits civils, il ne compte pas lâcher. D’ailleurs, après avoir été reconnu coupable, il a lancé au président de la collégialité Gilbert Schlick, « un peu déçu, mais pas vaincu ». La lutte continue.
© germinalnewspaper.com : Arthur Minsk